background image

71 

 

 

La montée de l’insécurité en ce début de siècle entraînait de véritables levées de 
bouclier aussi bien au sein de la classe politique qu’au sein de la classe ouvrière. 

Un problème survient avec ces jeunes malandrins, c’est qu’après avoir purgé leurs 
peines  ils  récidivent  presque  systématiquement,  au  point  que  les  élites  et  les 
« bonnes gens » se demandent si l’on ne devrait pas, en plus de l’incarcération, 
fouetter cette mauvaise graine pour lui apprendre la civilité. 

Faut-il fouetter les Apaches ? 

Tel est le nom du livre écrit depuis peu par le docteur Lejeune, qui préconise la 
flagellation pénale et dont les conseils sont accueillis avec engouement. 

« Rien n’est moins beau qu’une personne subissant la flagellation. Dévêtu 
ou à peu près, l’Apache expose son anatomie de malingre et de dégénéré ; 
il  se  montre  tel  qu’il  est,  un  être  inférieur  que  seule  notre  excessive 
humanité tolère au sein des grandes villes. Les cheveux, habituellement si 
bien pommadés, s’entremêlent sous les efforts du fustigé, le visage glabre, 
impudent et railleur d’ordinaire, se contourne en grimaces d’enfant battu, 
l’être  cynique  et  moqueur  s’humilie  supplie  lâchement  qu’on  lui  fasse 
grâce […]. Le flagellé redevient instinctivement un esclave, un vaincu, et 
rien  n’est  mieux  que  d’imprimer  cette  sensation  sur  la  peau  et  dans 
l’entendement des Apaches qui se croient tout permis. » 

 

En 1907 le journal 

Le Matin préconise tout bonnement l’usage de la guillotine. 

Voici comment : 

« Elle dort d’un sommeil profond, léthargique, la Veuve […]. Elle attend 
le fiancé de choix promis à ses ardeurs… Femelle de Lazare, éveille-toi ! 
C’est  le  cri  de  tous  les  jurys  de  France,  le  ululement  de  la  chouette 
populaire exaspérée des crimes récents ». 

 

71 / 257