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La montée de l’insécurité en ce début de siècle entraînait de véritables levées de
bouclier aussi bien au sein de la classe politique qu’au sein de la classe ouvrière.
Un problème survient avec ces jeunes malandrins, c’est qu’après avoir purgé leurs
peines ils récidivent presque systématiquement, au point que les élites et les
« bonnes gens » se demandent si l’on ne devrait pas, en plus de l’incarcération,
fouetter cette mauvaise graine pour lui apprendre la civilité.
Faut-il fouetter les Apaches ?
Tel est le nom du livre écrit depuis peu par le docteur Lejeune, qui préconise la
flagellation pénale et dont les conseils sont accueillis avec engouement.
« Rien n’est moins beau qu’une personne subissant la flagellation. Dévêtu
ou à peu près, l’Apache expose son anatomie de malingre et de dégénéré ;
il se montre tel qu’il est, un être inférieur que seule notre excessive
humanité tolère au sein des grandes villes. Les cheveux, habituellement si
bien pommadés, s’entremêlent sous les efforts du fustigé, le visage glabre,
impudent et railleur d’ordinaire, se contourne en grimaces d’enfant battu,
l’être cynique et moqueur s’humilie supplie lâchement qu’on lui fasse
grâce […]. Le flagellé redevient instinctivement un esclave, un vaincu, et
rien n’est mieux que d’imprimer cette sensation sur la peau et dans
l’entendement des Apaches qui se croient tout permis. »
En 1907 le journal
Le Matin préconise tout bonnement l’usage de la guillotine.
Voici comment :
« Elle dort d’un sommeil profond, léthargique, la Veuve […]. Elle attend
le fiancé de choix promis à ses ardeurs… Femelle de Lazare, éveille-toi !
C’est le cri de tous les jurys de France, le ululement de la chouette
populaire exaspérée des crimes récents ».