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L’AURORE
L’APACHE EST LA PLAIE DE PARIS
« Aujourd’hui le moindre fait-divers, pourvu qu’il y ait du sang et de
l’horreur, est grossi démesurément, les colonnes des journaux en sont
remplies et c’est ce qui fait croire aux simples que décidément, nous
courrons à l’abîme. Il faut reconnaître cependant, qu’un fléau assez rare
autrefois prend de jour en jour de l’extension : c’est la criminalité juvénile.
Apache, souteneur, anarchiste, amant trompé qui se venge, mari ou
femme qui sombre dans l’adultère et dans le sang, adolescent abandonné
à lui-même attendant le passage au coin d’une rue, jeunes et vieux qui
souillent l’enfance, fils de famille coureurs de tripots et entreteneurs de
drôlesses, prêts à tout pour échapper à la loi du travail, banquiers véreux,
escrocs et faussaires, volés aussi peu intéressants que voleurs, femmes qui
tantôt par paresse ou besoin de luxe et d’orgie, tantôt par nécessité, glissent
sur la pente du vice et du crime, tels sont les types variés qui défilent sous
les yeux du lecteur bénévole, qui croit que le monde touche à sa fin. »
Extrait de l’article paru le jeudi 25 décembre 1909
Jérôme Fandor