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16.
JOURNAL « L’AURORE » - INTÉRIEUR / JOUR
Dès neuf heures du matin, les rédacteurs de « L’Aurore », avaient commencé,
réunis dans la vaste salle de rédaction, à faire leur copie, et cela au milieu d’allées
et venues continuelles, d’immenses chahuts, de perpétuelles discussions. Un
étranger introduit dans la pièce, familièrement appelée par les habitués de la
maison « la cage aux fauves », aurait tout simplement cru qu’il assistait à la
récréation d’une trentaine d’écoliers et non pas qu’il était en présence des
journalistes les plus notoires, des célébrités de l’information les plus réputés.
En fin de journée, on finissait le journal. Les rédacteurs avaient remis les
derniers feuillets de copie relatant les faits de l’actualité. C’était dans la salle de
rédaction le brouhaha habituel qui accompagne inévitablement ce qu’on appelle,
en termes de métier, le bouclage des formes.
Soudain, une voix s’élève au-dessus des autres.
Vous pouvez faire descendre la Une aux
machines… !
Devant le grand bâtiment c’était également l’effervescence. Les livreurs se
pressaient afin de prendre possession des paquets de journaux qui leur était
attribué et qu’ils allaient devoir crier.
À la Une : un bandit sans vergogne sévissait dans la capitale… un bandit
masqué.
Lui et ses complices avaient entrepris dans la nuit de noël de cambrioler bon
nombre d’hôtels particuliers, de maisons secondaires, de dévaliser des passants,
tout cela au nez et à la barbe de la police. Des bijoux inestimables avaient été
dérobés en une seule nuit.
Le train Bordeaux-Paris avait également été le théâtre d’une « collecte » en
règle. Seules les premières classes avaient été ciblées par les malfaiteurs.
Le bilan était effroyable !