background image

16

17

– Je ne sais pas. Mon inspiration est en berne en ce 

moment !

– Alors … Bon vent mon amour !

Anna raccroche et le silence retombe dans la pièce.

Partir vite sera le mieux, cette dernière conversation 

le conforte dans cette décision. Au diable la nostalgie.

Alexandre retourne à l’ordinateur pour récupérer un 

fichier envoyé par le Massachusetts Institute of Technology
auquel il est abonné. Cette passion pour les sciences lui 
vient d’Antoine, son grand-père paternel. Un papy éton-
nant et qui était aussi membre de l’association scienti-
fique des amis du Muséum d’histoire naturelle de Paris. 
Chaque mercredi, il y entraînait son petit-fils afin d’as-
sister aux séances d’astronomie du planétarium. Là, dans 
la salle plongée dans le noir, les yeux fixés sur la voûte 
d’une Voie lactée artificielle, le grand-père et l’enfant se 
laissaient emporter par la mécanique céleste soutenue 
par le commentaire d’un savant opérateur astronome. 
Le ciel ressemblait, selon Alexandre, à la carte Michelin 
qu’Antoine avait dans la boîte à gants de son cabriolet 
Torpédo. Impossible pour Alexandre d’oublier les atten-
tions bienveillantes et l’affection de ce grand-père atten-
tif et généreux qui lui a fait découvrir l’univers merveil-
leux des romans de Jules Verne.

Le goût de l’écriture lui est venu avec celui de la lec-

ture, auxquels avec le temps sont venus s’ajouter à l’ado-
lescence la poésie, pour laquelle il regrette vivement qu’il 
n’y ait pas l’équivalent du Goncourt. La passion tardive 
pour le roman policier est arrivée avec le romancier an-
glais Gilbert Keith Chesterton et son curieux prêtre dé-
tective, le père Brown.

– Ah ! Tu as rencontré une femme ?
– Non, pour ça je fais toujours appel à des profes-

sionnelles.

– À force de coucher avec n’importe qui tu vas finir 

par te retrouver sur la paille et ruiner ta santé avec des 
maladies honteuses, ce qui n’est guère flatteur pour ton 
ego et encore moins pour ton image de mâle séducteur !

– Je ne cours pas plus de risques que toi avec tes gi-

golos !

– Essayons de rester dans les strictes limites de nos 

relations amicales si c’est encore possible … Alors comme 
ça, subitement, tu vas partir en voyage ?

– Oui, j’ai décidé de prendre du recul et de voyager, 

il est possible que je rejoigne Arthur sur son voilier …

– Je te conseille de le prévenir assez tôt pour qu’il ait 

le temps de te rencontrer, il est tellement occupé qu’il 
n’a même plus le temps de venir jusqu’à sa webcam pour 
faire un petit coucou à sa mère !

– En mer, rien n’est facile, encore moins sur un pe-

tit voilier ! Pas d’inquiétude, c’est un bon navigateur et 
un bon garçon !

– Je pense plutôt qu’il préfère aller voir sous les jupes 

des filles à la peau brune vanillée !

– Tant mieux si l’érotisme fait partie de sa vie, c’est 

un peu dommage de rater ça, il a l’âge de fabriquer des 
souvenirs pour sa vieillesse !

– Mais revenons à toi ; alors comme ça à ton tour tu 

mets les voiles ? Et c’est pour quand ce grand départ ?

– Demain après-midi pour un ou deux mois, je ne suis 

pas encore fixé, peut-être la Sicile … Ou rejoindre le fis-
ton sur son voilier !

– Et pendant ce voyage tu comptes continuer d’écrire ?

9 / 99