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double file juste devant la librairie. Il est jeté à l’intérieur 
et la porte coulissante se referme d’un coup sec. Avec une 
rapidité incroyable, Alexandre est embarqué. Cela s’est 
passé en deux minutes sous le nez de tous ; un détail que 
remarque Alexandre en entrant dans le véhicule, est la 
présence d’un brancard. Il n’a pas le temps de se poser de 
question, à peine est-il assis que le chauffeur démarre.

Les deux hommes retirent leurs cagoules. En voyant 

leurs sales gueules, Alexandre se dit qu’ils auraient mieux 
fait de les garder. Coincé sur la banquette arrière entre les 
lourdauds aux faciès patibulaires, il peut à peine bouger. 
Profitant d’un arrêt à un feu rouge, malgré les vitres tein-
tées, il repère la silhouette martiale de l’Arc de Triomphe. 
Quelques minutes plus tard, le chauffeur emprunte un 
grand boulevard qui longe le périphérique au niveau du 
bois de Boulogne. Soudain, celui qu’il a identifié comme 
étant le chef du commando tape sur l’épaule du chauffeur 
et lui fait signe de s’arrêter dans une allée un peu isolée. 
En marmonnant quelques mots de français avec ce fort 
accent calabrais, il se tourne vers Alexandre :

– Le patron veut qu’on te conduise à lui en bon état, 

alors pour éviter que tu nous emmerdes pendant le voyage 
qui risque d’être long, nous allons t’injecter un tran-
quillisant.

Alexandre n’apprécie qu’à moitié cette idée et tente 

le tout pour le tout. Il balance son poing dans la figure 
de l’homme qui, plus rapide que lui, esquive le coup et 
l’immobilise. Rendu furieux, il lui brandit son poing 
sous le nez :

– Maintenant, regarde-moi bien, le chauffeur est un 

infirmier, il travaille dans un asile psychiatrique, il a l’ha-
bitude de transférer des cinglés ! Il va te faire roupiller, 

De sa place il ne perçoit que des bribes de conversa-

tion ; c’est au premier cri suivi d’une bousculade et d’un 
long silence qu’il s’inquiéta.

Il hésite un peu, mais il a le sentiment que quelque 

chose ne tourne pas rond, ce silence est pesant. Il se lève 
brusquement, au même moment un lecteur revient vers 
lui apeuré, et manifestement cherchant à prendre la fuite. 
Il réalise que des choses anormales se passent à côté, des 
voix hurlant des ordres se rapprochent, se faisant de plus 
en plus menaçantes. Un homme en particulier semble plus 
agressif, obligeant les gens à lui obéir sans ménagement. 
Soudain, il vient s’asseoir sur la chaise en face de lui :

– C’est toi l’écrivain ?
– Oui.
– Lève-toi et suis-nous !
– Et si je refuse ?
– Ça te regarde, mais ce n’est pas une bonne idée, sauf 

si tu veux signer tes bouquins de ton sang !

– Qui vous envoie ? Qu’est-ce que vous me voulez ?
– Quelqu’un qui ne supporte pas la trahison et les 

mensonges que tu racontes sur sa famille à la télé ! Allez 
debout, on change d’air !

Avec le canon de l’arme automatique enfoncé dans le dos, 
Alexandre est forcé de marcher droit vers la sortie où déjà 
le deuxième type s’est replié. Mécontent, il attrape avec 
rage un des bouquins, le balance en l’air et dans un fracas 
effroyable, tire une rafale qui crible de balles le plafond.

Alexandre craque et se met à les insulter copieuse-

ment. Cela ne plaît pas du tout à son agresseur, qui lui 
balance une gifle. Il est poussé sans ménagement sur le 
trottoir contre un van noir aux vitres teintées, garé en 

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