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Au moment de se séparer, Don Basileo ignorant la main 
tendue par Alexandre, l’attrape par le cou et en le regar-
dant fixement dans les yeux lui témoigne son affection 
par une accolade fraternelle.

Confortablement installé à l’arrière du monospace, il 
faut un certain temps à Alexandre pour se remettre de 
l’accolade sicilienne, il n’en revient toujours pas ! Il se 
demande quel sens doit-il donner à ce geste, est-ce un 
geste amical gratuit ? Ou est-ce qu’il a l’intention de 
le recruter comme membre actif de son club à la con ? 
Il préfère tourner la page et se laisser griser par la sen-
sation de liberté qui le tient alors que la voiture file à 
travers la ville. Profitant d’un arrêt à un feu rouge, il a 
juste le temps d’admirer l’architecture imposante de la 
Cathédrale inachevée de la Sagrada Familia. Après être 
passé devant le stade mythique du Barça, Riccardo s’en-
gage sur le grand boulevard qui longe la mer, pour par-
courir les douze kilomètres de voie rapide qui séparent 
la ville de Barcelone de son aéroport.

Il a été convenu avec Don Basileo que la mission de 

Riccardo touchera à sa fin lorsqu’il aura vu Alexandre 
franchir les derniers contrôles de police avec son faux 
passeport. La même consigne est applicable à Alexandre 
qui doit confirmer sa présence dans l’avion par un texto 
au décollage et à l’arrivée à Atlanta.

Une fois seul, il se rend dans la bibliothèque, que faire 
d’autre ? Au moins là, au milieu des livres, il trouve un peu 
de réconfort. En fouinant sur les rayonnages, il tombe sur 
une version en français du Don Quichotte de Cervantès, 
auquel il ne peut pas résister. Avec un plaisir certain il re-
trouve les aventures du vieux chevalier errant partant à 
l’assaut des chimériques moulins, et dont l’histoire n’est 
pas sans lui rappeler la sienne. Un sbire entre et se dirige 
vers lui, appareil photo en main. Il l’entraîne dans un stu-
dio parfaitement équipé à la réalisation de faux papiers.

De retour dans sa chambre, il remarque, posé sur son 

lit, un sac de voyage avec tout le nécessaire de toilette, 
un costume léger et un imperméable. Tout est parfaite-
ment à sa taille.

La nuit s’avance et il ne trouve pas le sommeil. Agité 

et anxieux il ne peut s’empêcher de cogiter .

Au petit matin, Don Basileo a envoyé Riccardo au sous-
sol chercher Alexandre. Quand il entre dans le bureau en 
costume-cravate, il est reçu par un sifflement admiratif 
pour son élégance par le maître des lieux.

– J’ai parlé cet après-midi avec le docteur Massoud, 

tout est en ordre, il vous attendra chez lui à Atlanta. Dans 
cette pochette vous avez son adresse, un billet en business 
sur la Lufthansa le, vol direct au départ de Barcelone. 
Avez-vous des questions ?

– Pas pour le moment !
– Voici votre passeport avec le visa pour les États-

Unis, votre téléphone est rechargé et il fonctionne ; il 
est possible que nous ne nous revoyions jamais, mais 
sait-on jamais ?

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