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IV
Combien de temps est-il resté endormi au fond du Van
sur la civière, il n’en a aucune idée. Il se souvient d’abord
de la librairie, des deux types et des coups de feu. Puis
la scène de l’enlèvement refait surface, la voiture, la pi-
qûre, la drogue, le froid qui gagne son corps suivi d’un
sentiment de mort avant la chute vertigineuse dans le
coma, avalé par le trou noir.
Alexandre sort de ce long tunnel, la bouche pâteuse et un
mal de crâne terrible. Il découvre qu’il est allongé tout
habillé sur un lit, dans une pièce sans fenêtre. Une sorte
de clinique. Il dispose d’une petite salle-de-bain et d’un
placard où sont rangées ses affaires. Il vérifie le conte-
nu de ses poches et constate que son téléphone est tou-
jours là, ainsi que ses papiers et ses cartes de crédit. Il
remarque aussi que ses vêtements ont été lavés et repas-
sés. Ne sachant plus quoi penser après plusieurs tenta-
tives pour faire fonctionner son portable, il ouvre le boi-
tier, en s’apercevant que la puce a été retirée. Encore un
peu dans le cirage, marqué par la fatigue il se recouche
et s’endort immédiatement.
Il est réveillé par des bruits de pas et par la voix d’un
homme qui se penche au-dessus de son lit et lui parle
avec un fort accent espagnol :
Devant le programme imposé par sa maison d’édition,
Alexandre décide de répondre favorablement. L’annonce
de son départ fait l’effet d’une douche froide sur Marco
qui voit son nouveau collaborateur se faire la malle.
Dans la soirée, Marco et son chauffeur viennent le
chercher pour le conduire à l’aéroport. Marco fait un
peu la gueule de devoir se séparer de son éditorialiste.
Juste avant qu’il ne prenne l’avion, dans le hall de l’aé-
roport, il demande à Alexandre de s’arrêter devant le
kiosque pour faire une photo. Alexandre tient dans ses
mains le journal fraîchement imprimé avec à la Une son
article sur la Mafia.
Marco ne se doute pas à cet instant qu’il sera le dernier
à avoir vu Alexandre avant son enlèvement à Paris par
les hommes de la Mafia.