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à notre organisation, réfléchissez bien ; et si vous êtes 
prêt à respecter ce pacte, trinquons ensemble !

– D’accord, vous avez ma parole !
 Pace et salute, Alexandre !

De retour à l’hôtel, Alexandre retrouve le chauffeur que 
lui a envoyé Marco pour le rapatrier à Palerme dans la 
soirée. Dès la matinée du lendemain, il s’enferme dans 
le bureau avec Marco pour un débriefing et pour com-
mencer à rédiger son éditorial intitulé « Cosa Nostra, por-
trait sensible 
» ; sur un petit disque dur acheté la veille, il 
fait une copie intégrale de l’enregistrement de Stefano 
Scarcella. Une fois terminé, il efface tout l’original qui 
se trouve sur la carte-mère du magnéto. Visiblement sa-
tisfait du résultat, il signe le bon à tirer pour l’édition du 
soir. Pour fêter cette grande première, il propose à son 
nouveau rédacteur d’aller déjeuner dans un restaurant 
où les attend la belle Gina.

Heureux d’avoir réussi son baptême du feu, Alexandre 
profite du soleil dans le jardin de la villa lorsqu’il reçoit 
un message de l’attaché de presse de son éditeur parisien, 
qui vient chambouler tout son programme. Il apprend 
que le film tiré de son bouquin sur la Mafia sera diffu-
sé en prime time pendant le week-end prochain sur une 
des grandes chaînes du service public français. À cette 
occasion, il est invité avec le réalisateur du film sur le pla-
teau du journal télévisé. Il serait donc souhaitable qu’il 
vienne à Paris quelques jours pour préparer cette inter-
view (et profiter de cette opportunité pour faire un peu 
de promotion pour relancer les ventes).

– Sans entrer dans le secret du rituel, comment avez-

vous était initié ?

– Je me souviens qu’on m’a conduit dans un lieu isolé, 

on m’a demandé que je me pique le doigt pour faire cou-
ler mon sang sur l’image d’un saint de mon choix, puis 
à l’aide d’une bougie, de brûler l’image que je tiens entre 
les doigts, supportant la brûlure et jurant : que mon corps 
brûle comme cette image si je trahis mon serment.

Cette confidence sera la dernière. D’ailleurs, en se le-
vant, Stefano fait comprendre que c’est fini en s’éloi-
gnant de la table, il vient se planter devant le portrait 
d’une femme qui semble tout droit sorti d’une scène du 
film le guépard :

– C’est ma mère et c’est moi le peintre !
– Vous avez réussi là un bien joli tableau.
– C’est avec ce tableau que j’ai obtenu mon diplôme 

aux beaux-arts de Florence !

Alexandre remarque instantanément les signes de fa-
tigue et de lassitude qui commencent à pointer leur nez 
chez son interlocuteur. Avant de se séparer, Alexandre 
tient à informer Stefano qu’une partie de cet entretien 
servira à rédiger son premier éditorial que lui a confié 
Marco, le rédacteur de la Provincia Giornale, qu’un exem-
plaire sera mis à sa disposition à la rédaction. Stefano 
le remercie et, lui tapant familièrement sur l’épaule, lui 
annonce qu’il est abonné au journal comme l’étaient 
déjà son père et son grand-père !

– Je vous propose de partager le verre de l’amitié, mais 

vous devez me promettre de ne rien divulguer et de ne 
rien publier dans les médias qui puisse porter préjudice 

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