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– Vous pouvez m’en dire plus ?
– Oui, à une condition … Sur ce chapitre il faut que 

vous me promettiez de rester discret !

– Je m’y engage.
– C’est une lourde responsabilité de s’engager, croyez-

moi, le jeune homme que je ne suis plus se souvient en-
core comment, vers l’âge de 18 ans à l’issue d’un conseil 
de famille, j’ai été désigné d’office, je savais que désor-
mais mon destin était scellé avec celui de mon clan et 
que je n’en sortirais jamais … sinon mort.

– Et si au départ vous aviez refusé d’accepter la charge ?
– Je ne serai pas là pour vous en parler cher monsieur !
– J’aimerais conclure avec l’initiation, sur le rituel si 

c’est possible.

Silence absolu.

Alexandre se demande s’il n’a pas fait une grosse 

boulette en abordant ce sujet sensible qui fait partie du 
fondement même de toutes les sociétés secrètes, les al-
chimistes, les chevaliers du temple, les huguenots, les 
francs-maçons, toutes ont un rituel secret plus ou moins 
connu du grand public. La Mafia n’échappe pas à cette 
règle, Stefano hésite avant de répondre :

– Je ne suis pas sûr que toute cette affaire de famille 

intéresse vos lecteurs.

– Je crois que si, toutes sortes de rumeurs courent 

sur vos activités clandestines.

S’il y a des silences éloquents au théâtre ou en mu-

sique, Alexandre a soudain compris que sur cette ques-
tion, il est en train de perdre son interlocuteur. Craignant 
qu’il ne zappe cette question, il lui fait une autre pro-
position :

Une chose voyez-vous, qui avait échappée à Alexandre 

et à beaucoup d’autres. Comme quoi les idées fausses et 
les préjugés ont la dent dure.

Au fur et à mesure que le temps passe, Alexandre 

découvre un homme à la double personnalité, orgueil-
leux, pétri de certitudes, bourré de contradictions et 
qui essaie de le convaincre qu’en repartant de chez lui, 
il aura une autre opinion de l’Organisation. Il pourra 
gommer auprès du grand public la sulfureuse image de 
la pieuvre : nous faisons le sale boulot, les États, au lieu 
de nous combattre, devraient reconnaître notre rôle so-
cial, grâce à nous les délinquants, les chômeurs, les im-
migrés trouvent du travail.

Alexandre n’a pas assez de ses deux oreilles pour enre-
gistrer toutes ces confidences, il bénit le magnéto numé-
rique posé sur la table, qui tourne en continu.

Rien ne semble pouvoir arrêter Stefano.

Pendant que se déroule l’entretien, Alexandre prévoit 

d’être prudent sur l’exploitation des confidences enre-
gistrées, il imagine les conséquences que cela pourrait 
avoir pour sa propre sécurité et celle de Marco si l’enre-
gistrement était exploité ou détourné de son contexte. 
Il sait parfaitement qu’avec un bon logiciel de montage, 
on peut piéger et faire dire tout et son contraire à une 
personne. Raison de plus pour éviter que quelqu’un ne 
soit tenté de le faire et mettre en sûreté les fichiers au-
dios dès qu’il sera de retour à la rédaction du journal.
– Quels sont les critères pour faire partie du club ?

– Il faut être Sicilien de père et de mère, être catho-

lique et suivre une initiation dans le plus grand secret.

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