cœur du Tibet. Deremba les éduqua dans la foi de Son nom. Il
désigna Herba Dhien pour être son premier temshane...
« Un temshane?... »
La question m’était venue spontanément, presque
malgré moi. Sum-pa Jigme me regarda, comme agacé par
cette intervention. Mon visage interrogateur et apparemment
attentif le détendit.
Les temshanes étaient des... comment dire ?... des
intermédiaires entre Deremba et les Hommes. Ces
personnages, hommes ou femmes, constituaient l'ordre
religieux ; ils possédaient des pouvoirs magiques. Avec l'aide
des capacités surnaturelles dont il disposait, Herba Dhien fit
prospérer la communauté des Hommes dont il avait la charge.
La région jouissait à cette époque d'une végétation luxuriante
baignée des rayons d'un généreux soleil. Les Hommes se
multiplièrent, vivant dans l'harmonie de Deremba le Tout-
Puissant. Ce pays originel ne fut bientôt plus assez grand pour
tous ; des disciples d'Herba Dhien emmenèrent des clans vivre
dans d'autres contrées. Puis les descendants de ceux-ci, trop
nombreux, émigrèrent à nouveau. Et ainsi de suite... Après
quelques siècles, la Terre entière fut colonisée par ces
hommes et ces femmes qui vivaient dans le respect et dans la
foi de leur Créateur. Par la magie de leurs temshanes et par
leurs prières, les hommes obtenaient tous les bienfaits dont ils
avaient besoin.
Alors commença la Période Sombre. Les voix des
Hommes commencèrent à ne plus louer le nom de Deremba le
Tout-Puissant, leurs cœurs se détournèrent de Lui. Avec la foi,
les temshanes perdirent progressivement leurs pouvoirs
magiques et les Hommes sombrèrent dans la misère. Plus tard,
ils inventèrent des noms de divinités pour remplacer celui de
Deremba, totalement disparu de leurs mémoires.
La foi subsistait dans une seule partie du monde, celle
où nous nous trouvons aujourd’hui, mon jeune ami. Ici, les
temshanes n'avaient pas perdu leur croyance en Deremba ;
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