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Jean-DiDier

et si c’était DéJà écrit ?

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pour quoi et pour qui ? Jack se considérait comme un être 
plutôt serviable, il avait toujours aidé ses proches, mais 
aussi des gens qui avaient croisé sa route et qu’il connais-
sait à peine. Il se surprit à penser qu’il comprendrait toute 
cette histoire s’il avait quelque chose sur la conscience, 
mais que, décidément, il n’avait rien à se reprocher. Il fut 
amusé à la fois par le côté enfantin de l’idée que toute 
cette affaire pouvait être causée par une aide refusée à 
quelqu’un dans le passé, et aussi par sa bonne conscience 
naturelle. Il se sentait tout à fait à l’aise avec lui-même. 
Il savait que ce sentiment pouvait paraître un peu préten-
tieux,  et  pourtant,  il  l’habitait,  et  il  n’arrivait  pas  à  se 
départir de l’idée que l’on se trompait de personne en 
lui adressant un tel appel. Il pensa alors que cet appel 
lui  venait  justement  parce  qu’il  y  répondrait,  et  il  rit  à 
nouveau en se disant qu’il faisait un bien piètre « élu ».

Jack se perdit complètement dans le parc. Le ciel 

couvert limitait la visibilité, et il ne reconnaissait rien. 
Il entra dans un bâtiment au hasard et se rendit compte 
qu’il  était  frigorifié.  Il  n’avait  rencontré  personne  en 
dérivant dans le parc, et pour cause : il faisait bien trop 
froid pour que quiconque ait envie de s’y promener. Il 
chercha un moment une cafétéria et finit par la trouver. 
Il  commanda  un  cappuccino  et  tâcha  de  se  réchauffer. 
Il était de l’autre côté de l’hôpital, dans la partie neuve. 
Autour de lui se trouvaient de nombreux médecins, et les 
infirmières portaient des blouses plus élégantes que celles 
qu’il voyait d’habitude. Jack savait que dans l’hôpital lui-

toute cette souffrance devait lui être montrée, qu’il s’agis-
sait d’une mise en scène qui lui était destinée. On voulait 
lui faire voir quelque chose. La situation dans laquelle 
s’était  mis  Mike  le  forçait  à  reconsidérer  sa  place  dans 
l’affaire. Si celui-ci était à l’origine de tout cela, il donnait 
décidément beaucoup de sa propre personne. Et pour 
quoi faire ? Jack était désemparé, il se dit que tout cela 
leur échappait complètement, à lui, à Mike ou à Morgan. 
Il s’agissait de quelque chose de bien plus fort que l’un 
d’entre  eux  et  qui  cherchait  à  parvenir  à  un  but.  Jack 
repensa aux inscriptions sur le mur que Mike avait écrites 
en pleine transe, sans même regarder ce qu’il faisait, en 
tenant un stylo comme on tenait un outil. Jack se demanda 
si Mike était gaucher, puis rit en lui-même de sa curiosité. 
Il ne pouvait s’empêcher de fouiller encore et encore dans 
les moindres détails de la scène qu’il venait de vivre.

« J’AI BESOIN DE VOUS, AU SECOURS. » C’était 

plus ou moins ce que Lydie avait crié dans son sommeil 
quelques semaines auparavant. Jack frémit en connectant 
les  deux  éléments,  puis  il  se  calma.  Puisqu’il  avançait 
dans  l’idée  qu’il  s’agissait  de  faits  paranormaux,  qu’y 
avait-il  de  si  étonnant  à  cela,  après  tout  ?  De  la  même 
façon qu’on avait manipulé l’officier Morris pour qu’il soit 
le messager d’un appel qu’il rejetait, pourquoi n’aurait-
on pas poussé Lydie à lui faire passer ces mots-là ? La 
logique d’ensemble de la volonté à l’œuvre dans tout ceci 
lui demeurait complètement opaque. Il devait se rendre à 
l’évidence, on attendait une aide de sa part, mais une aide 

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