Jean-DiDier
et si c’était DéJà écrit ?
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gardé toute sa tête depuis qu’il avait passé la porte, il était
simplement enfermé dedans. Son corps ne répondait pas,
et en fait, il ne se sentait pas trop mal dans cette situation.
Il n’était pas vraiment là, on ne faisait pas trop attention
à lui, c’était assez confortable. Il regarda les infirmiers
sangler Mike à son lit, le bâillonner. On ne lui deman-
dait rien, et puis soudain, il vit et entendit Morgan qui lui
hurlait dessus :
— Sortez d’ici immédiatement !
Le cri de Morgan déverrouilla Jack, qui sauta sur ses
jambes et quitta la chambre à toute vitesse, manquant de
renverser la vieille infirmière qui passait la porte avec
une énorme seringue dans la main. Le long hurlement
de Mike cessa quelques instants après, alors que Jack
franchissait la porte du couloir d’un pas mécanique.
Trouver la sortie, l’air libre. Jack ne désirait plus qu’une
chose : sortir du pavillon. Cette nouvelle rencontre fut à
nouveau un cauchemar. Cette fois-ci, pas de vision, mais
une crise de Mike, visiblement provoquée par sa venue.
Jack ne comprenait décidément plus rien et s’en voulait
d’être revenu. Il pesta contre cette espèce de curiosité
inquiète qui l’avait ramené ici, maudit l’officier Morris
et finit par se rendre compte qu’il parlait tout seul dans
le parc de l’hôpital.
Jack s’assit sur un banc froid, mais visiblement sec.
Il tenta de calmer sa respiration chaotique et ferma les
yeux. L’image de Mike torturé par sa crise lui revint
immédiatement à l’esprit. Il avait la sensation nette que
trouvait près de lui, faisant tomber la plupart des objets
qui y étaient posés. La télécommande, un programme
télé et un gobelet en plastique chutèrent sur le lit puis
le sol en faisant de petits bruits chacun à leur tour. La
main de Mike se referma sur un stylo à bille. Il le tenait
comme un pic à glace, la pointe dépassant de son poing
fermé à plat. Le bras continua de décrire un arc de cercle
et finit par atteindre le mur sous les yeux médusés de
Jack. Mike hoquetait, de gros filets de bave coulaient de
sa bouche, son front était légèrement incliné, dans une
position qui devait entraver davantage sa respiration. La
pointe du stylo s’écrasa sur le béton peint du mur, sous la
fenêtre, sans se planter dedans. Une grande tache bleuâtre
commença à couler. Le bras de Mike se rétracta, puis
écrivit en énormes capitales « J’AI BESOIN DE VOUS,
AU SECOURS ». Son regard ne quitta pas Jack un seul
instant. Le bras se rétracta à nouveau, puis recommença
à écrire la même suite de mots, sur toute la surface du
mur accessible à Mike.
Le bras de Mike retomba sur le lit, son buste se raidit,
il se pencha franchement en direction de Jack, son visage
se recroquevilla, et il poussa enfin un long râle d’une
puissance ahurissante. Son regard chavira et la porte
s’ouvrit dans un boucan d’enfer. Morgan et deux infir-
miers entrèrent dans le champ de vision de Jack, qui ne
bougea pas d’un pouce. Il assista à la scène sans réagir
le moins du monde. Il était toujours paralysé par la peur.
À aucun moment, il n’avait perdu connaissance, il avait