Jean-DiDier
et si c’était DéJà écrit ?
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rien d’autre qu’une peur immense qui le clouait au siège.
Il observait Mike avec un air ahuri, détaillait chacun de
ses gestes saccadés et incohérents sans rien comprendre.
Mike était en transe, et lui, paralysé par la peur. Il n’avait
pas prévu un tel renversement de situation. Il était venu
avec la volonté d’affronter Mike, Morgan, l’hôpital tout
entier pour en finir avec cette histoire de fous. Il se retrou-
vait maintenant dans une situation où il devait intervenir
et s’en sentait complètement incapable.
Mike, quant à lui, éprouvait la sensation de s’enfon-
cer dans l’eau boueuse qui se mélangeait à son sang. Il
savait que derrière un de ces murs de terre sale pleine de
branchages et de débris, il y avait quelqu’un, il en était
aussi sûr, sinon plus, que de la présence de Jack dans ce
fauteuil à quelques mètres de lui.
— Qu’y a-t-il, Mike ? Que puis-je faire pour vous ?
Mike n’en pouvait plus d’énervement, il se sentait
abandonné, isolé, abattu, mais aussi physiquement
blessé, son corps ouvert quelque part dans cette mare
infecte. Ses jambes ne répondaient plus, son dos glissait
doucement sur la paroi de boue. Ses bras mous flottaient
à la surface. Il ne distinguait plus ses flashs de la réalité.
Dans un moment de lucidité, il fournit un effort surhu-
main et parvint à bouger le bras gauche. Divers objets
qu’il ne reconnut pas ballottaient devant son regard. Il
attrapa le seul qui lui disait quelque chose : un stylo à
bille. Devant Jack toujours immobile, le bras gauche
de Mike se leva, glissa doucement sur la tablette qui se
en train de se composer une allure comme les autres fois,
mais qu’il était en pleine crise, lorsqu’il le vit incliner la
tête de côté sans raison. Il avait plus l’air d’une cocotte-
minute au bord de l’explosion que du fier-à-bras habituel.
Pour Mike, Jack et la chambre étaient quelque peu
perdus dans un flou artistique. Il les voyait encore, mais
comme à travers une image mille fois plus lumineuse. Un
long sifflement déchira ses tympans et se termina en une
formidable explosion. Puis un flash surgit du plus profond
de lui, projetant devant ses yeux des images venues d’ail-
leurs. Tout d’abord, il ressentit une pluie froide et sale
qui ruisselait sur son visage. Puis, dans le flash suivant,
il se découvrit assis au fond d’un trou. Il y avait de l’eau
partout qui coulait le long de ses cheveux et de ses vête-
ments. En regardant plus attentivement le bouillon infect
dans lequel il baignait, il remarqua autour de lui une
dominante rouge. Il comprit qu’il était salement blessé,
que c’était son sang qui colorait la mare. Il voulut crier et
ne réussit qu’à émettre un son horrible. Il n’arrivait même
pas à ouvrir la bouche.
Jack voyait Mike devenir de plus en plus nerveux, son
tremblement s’était transformé en une agitation désordon-
née. Son buste battait contre le dossier, son regard fixait
Jack avec un air paniqué. Il l’implora et se mit à hurler
sans pouvoir ouvrir la bouche ni desserrer les mâchoires.
Il postillonna à travers ses dents. Jack était complètement
fasciné, terrorisé, totalement incapable d’agir, d’appeler
à l’aide ou de venir au secours de Mike. Il ne ressentait