background image

Jean-DiDier

et si c’était DéJà écrit ?

183

182

Jack ne répondit pas à la diatribe de Lydie. Simplement, 

il  serra  sa  main  plus  fort  et  la  porta  à  ses  lèvres.  Elle 
était au bord des larmes et lui non plus ne l’avait presque 
jamais vue ainsi.

— Ma chérie, je te propose de ne pas nous laisser 

gagner par la panique ou le désespoir. Restons maîtres 
du jeu… Euh, tiens, si nous sortions, si nous allions au 
cinéma ?

Jack et Lydie quittaient parfois leur ville de banlieue 

pour se rendre au cœur de la ville tentaculaire qui recou-
vrait la moitié de la région dans le but d’y trouver la vie 
culturelle  qui  leur  plaisait.  Ils  partirent  le  repas  fini,  et 
comme il était impossible de circuler en voiture ou de se 
garer en centre-ville, ils abandonnèrent leur break sur le 
parking de la gare et prirent le premier train après avoir 
acheté un magazine avec un programme complet. Là, ils 
tentèrent de se mettre d’accord sur un film et une exposi-
tion. Ce fut assez compliqué, mais drôle. Ils arrivèrent vite 
à se mettre d’accord. Jack l’emporta pour le film, un clas-
sique qu’ils n’avaient vu ni l’un ni l’autre, et Lydie proposa 
d’aller visiter avant une exposition dans une galerie d’art 
contemporain où elle espérait exposer un jour. Ils passèrent 
la fin du voyage serrés l’un contre l’autre, regardant par la 
fenêtre le fleuve que longeait leur train. L’initiative de Jack 
fut un succès, ils n’étaient plus du tout absorbés par ce qui 
leur occupait l’esprit le matin même.

Ils passèrent une journée délicieuse dans l’immense 

cité qui ne donnait pas l’impression de savoir que l’on était 

qu’elle serait de retour pour le déjeuner. Il était tout juste 
midi, elle ne devait donc plus tarder.

Tout mollasson, Jack prit une douche chaude qu’il 

aurait voulue revigorante, mais qui le laissa aussi peu 
énergique. En rentrant, Lydie le trouva devant un café. Il 
la suivit à l’extérieur pour l’aider à décharger ses paquets, 
et ne fit qu’un aller et retour puis s’écroula dans le canapé 
où  il  lézarda  jusqu’au  repas.  Il  eut  à  peine  la  force  de 
mettre le couvert.

À table, Lydie lui fit remarquer qu’elle ne lui connais-

sait pas vraiment de troubles du sommeil. Jack répondit 
qu’il s’agissait d’un état passager. Il se sentait presque 
mal à l’aise face à elle. Il lui prit subitement la main.

— Mon amour, cette histoire nous aura fait du mal. 

Je te promets de tout faire pour changer d’attitude. Hier 
soir, tu semblais penser que voir ce type une dernière fois 
pouvait résoudre toute cette affaire. Tu es toujours de cet 
avis ? Je ne veux rien faire sans ton accord. C’est notre 
entente qui est en jeu, et ça m’importe plus que tout.

Lydie resta silencieuse, elle ne regardait pas Jack. 

Elle prit une bouchée, la mastiqua longuement, le regard 
toujours dans le vide, puis parla enfin.

— Cette situation m’énerve franchement maintenant. 

Toute notre vie est bousculée, dans ses moindres détails, 
j’en ai assez. Tu comprends ? Assez ! Je voudrais que tu 
nous débarrasses de ce Mike. Je le hais, tu entends ce que 
je dis, je le hais.

92 / 129