Jean-DiDier
et si c’était DéJà écrit ?
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de penser, et toute cette affaire sera terminée une bonne
fois pour toutes.
Il faisait semblant d’être ferme, et Lydie fit semblant
d’être d’accord sur le principe. Ils passèrent la journée
dans la même pièce à lire et à deviser de temps à autre
sur des sujets complètement étrangers à ce qu’ils avaient
réellement à l’esprit. Ils étaient encore complices, rien
n’était perdu.
Jack, qui pensait avoir l’esprit libre et dégagé, passa
une partie de la nuit suivante à réfléchir à sa situation.
Il avait tout évacué ces derniers jours, mais certaines
questions lui revinrent encore un peu plus pressantes.
Maintenant, l’angoisse remontait petit à petit. Le pire
était la façon dont cette histoire s’était insinuée dans leur
vie. Il détestait cela. Leur couple était fondé sur une rela-
tion de confiance réciproque qui était mise à mal par tout
cela. Allongé auprès de Lydie, incapable de trouver le
sommeil, il regardait passer les heures sur le radio-réveil
et se repassait la scène du repas, leurs sourires crispés et
leur accord de façade qui masquait mal leurs doutes. Vers
l’aube, il s’effondra.
Il se réveilla tard, seul dans le lit, qu’il ne quitta qu’à
regret. Il était comme privé d’élan, ses soucis se tradui-
saient par une sorte de fatigue généralisée et démorali-
sante. Lydie avait quitté la maison, il trouva un mot sur la
table du salon. Il y apprit que dans un demi-sommeil, il
avait refusé de se réveiller pour aller au marché exotique
avec elle, qu’il avait l’air d’avoir besoin de rester au lit, et
m’importe, c’est notre tranquillité. Or il ne me laisse pas
tranquille…
— Jack, bien sûr que je suis d’accord avec toi, et je
sens moi aussi que tu dois finir ce que tu as commencé,
mais tout cela me fait horreur. Tout est si loin de nous,
de ce que nous sommes, et pourtant, c’est entré dans
notre vie, ça nous a envahis… Je me sens souillée,
humiliée. Nous étions si bien avant. Je… je n’arrive
plus à créer, je me sens bloquée, observée… Je sais que
ma réaction est disproportionnée, mais je ne parviens
pas à faire autrement.
— Tu es sûre qu’il n’y a pas autre chose ? Je veux dire,
quelque chose que tu ne souhaites pas dire ?
Lydie regarda Jack et soutint son regard. Il se rendit
compte que cela n’était pas arrivé depuis un bon moment.
— Jack, je t’en veux d’être allé là-bas.
En prononçant ces derniers mots, ses yeux s’embuèrent
et elle plongea sa tête dans l’épaule de Jack pour cacher
ses larmes. Jack se sentit englué, incapable de bouger, de
quitter ce canapé. Tout cela lui donna l’envie de faire une
pause. De partir seul. « Pour mieux retrouver Lydie, se
dit-il, j’ai vraiment besoin de calme, de solitude et d’ou-
bli. » Il soupira profondément en passant sa main sur la
nuque de Lydie.
— De toute façon, ce cirque va s’arrêter dans un mois,
et tout cela ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Je te
promets que nous n’en parlerons même plus après. Lydie,
fais-moi confiance, je vais voir ce type, lui dire ma façon