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Jean-DiDier

et si c’était DéJà écrit ?

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— C’est ça, oui, mais lui avait pris des médicaments 

et il était seul. Heureusement, vous, vous n’étiez pas seul, 
même si le bonhomme présent avec vous n’était pas d’une 
grande fraîcheur. Enfin, lui, il s’est simplement évanoui. 
Une sorte de malaise vagal assez brutal. Selon la disposi-
tion de vos corps et votre bosse, vous deviez être debout 
quand cela s’est passé. Le pauvre bougre que vous veniez 
voir a été mis hors de cause. Après, quant à savoir s’il 
vous a fait tomber ou pas… En tout cas, je peux certifier 
que son malaise ne peut pas se simuler. Pour le reste, je ne 
sais pas. Par pure curiosité, si cela vous revient, appelez-
moi. Madame, Monsieur, je vous salue. Nous nous rever-
rons avant votre départ.

Le médecin avait débité tout cela d’une traite. La petite 

troupe quitta la pièce comme elle était entrée. Lydie 
sourit à Jack en lui tenant la main. Ils étaient rassurés. 
Lydie vint se coucher contre Jack et entreprit de faire un 
somme. Elle posa sa main sans force sur son front et rit 
avant de s’endormir.

— Quel numéro, ce docteur !
Jack laissa son regard traîner sur des détails de la 

pièce. Il avait menti au médecin. Il se souvenait parfai-
tement de sa vision. Il n’avait aucune idée de ce qui 
l’avait suivie. Cette vision lui était venue quand il avait 
touché la main de Mike, il avait perdu immédiatement 
tout contact avec la réalité, puis plus rien après l’envie de 
vomir. D’après ce qu’il comprenait, ils s’étaient tous les 
deux évanouis, Mike dans son lit, et lui par terre, la tête 

comme un scanner et on le renvoya à sa chambre. Lydie 
s’y trouvait, et une heure plus tard, quatre personnes 
entrèrent. Un homme d’âge mûr, une infirmière et deux 
jeunes types avec des sous-mains qui prenaient tout en 
note. « Des étudiants », déduisit Jack.

— Bonjour, monsieur. Je suis le docteur Rosenblatt, 

ces messieurs sont mes étudiants. Vous avez beaucoup de 
chance. Je dis cela parce que dans les chambres autour 
de vous, nos autres patients ne sont pas du tout des chan-
ceux. Mais eux ont perdu connaissance de façon… plus 
mécanique, dirons-nous. Dans 24 heures, vous mènerez 
une vie normale, comme si rien ne s’était passé. Vous 
n’avez rien, si ce n’est des traces de votre… « accident ». 
Comme nous ignorons tout de ce qui s’est passé, je vous 
pose une fois la question, mais je pense en connaître déjà 
la réponse : qu’est-il arrivé ?

— Je… je ne sais pas.
— Très bien. Ne vous turlupinez pas pour ça, c’est 

complètement normal, il n’y a rien de mal à ça. Si des 
autorités viennent vous poser la question, n’hésitez pas à 
répondre la même chose, même et surtout si des images 
ou  des  souvenirs  vous  reviennent.  Ils  seront  sûrement 
faux, recomposés ou partiels. Encore une fois, tout ceci 
est normal, vu ce qui vous est arrivé. Sachez, monsieur, 
que vous auriez pu mourir, comme ce guitariste fou des 
années soixante, ce Jimi quelque chose.

— Hendrix, fit un des étudiants avec une sorte de fierté 

timide.

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