Jean-DiDier
et si c’était DéJà écrit ?
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au tout. Le type qui s’adressait à lui à présent n’était pas
celui qui était venu le trouver.
— Comme vous voudrez. Vous êtes volontaire, après
tout, vous choisissez. Après ce qui s’est passé, de toute
façon, il était hors de question de vous y renvoyer comme
ça, sans réfléchir. Le juge de Mike a été mis au courant
des événements récents, c’est la règle. Et il ne recevra pas
de visite jusqu’à nouvel ordre.
Jack salua Morgan qui prit congé en faisant une sorte
de salut silencieux qui ressemblait à un signe martial.
Jack resta tendu et respirait difficilement. Il avait dompté
sa réaction face à la première phrase de Morgan, mais
maintenant, la surprise et l’incompréhension revenaient.
« Mais que me veulent ces types, bon sang ?! »
Quelques minutes après le départ de Morgan, alors que
la panique le quittait pour laisser place à une immense
lassitude, Jack se mit à pleurer doucement. Il ne compre-
nait plus bien ce qui lui arrivait, ce qu’on lui voulait. Toute
la volonté et toute la résolution de la semaine précédente
avaient disparu. Lydie le trouva prostré et tremblotant
lorsqu’elle arriva quelque temps après. Jack était terrible-
ment triste et fatigué de toute cette histoire, de tous ces
mystères qui allaient s’épaississant. Il en avait assez. Elle
vint se lover contre lui et ils dormirent enfin quelques
dizaines de minutes ensemble, jusqu’à l’arrivée de trois
infirmières qui annoncèrent un déplacement à Jack.
On le transporta vers une autre salle de l’étage. Il passa
entièrement nu dans un énorme appareil qu’il identifia
de cet endroit atroce. Ça suffit. Je vais appeler cet infir-
mier et lui dire que je ne veux plus avoir affaire à eux.
— C’est bien, mon chéri. Cela vaut mieux comme ça.
Jack et Lydie échangèrent encore quelques mots doux
et Jack raccrocha. Aucun bruit ne provenait du couloir.
La lumière du lever du jour était particulièrement faible
ce matin-là. Jack contemplait le ciel blanc sur lequel se
découpait le bâtiment d’en face quand sa porte s’ouvrit.
Morgan apparut dans l’encadrement, à contre-jour, car
il y avait une forte lumière électrique dans le couloir.
Il arborait un sourire narquois. Jack eut instinctivement
peur. Morgan vint se poster près du lit et lui dit avec un
regard ardent, les yeux exorbités :
— Alors, Jack, on joue avec le feu ?
Il le contempla un moment, les mains sur les hanches
et l’air d’être dans un état second. Puis il se dirigea vers
la sortie d’un pas décidé. Jack fournit un effort surhumain
et dit d’une voix blanche :
— Infirmier, je désire mettre un terme à mes visites à
Mike S.
Morgan s’était retourné, son visage avait changé, il
avait son air sévère et impénétrable habituel d’infirmier
militaire. Son sourire, son attitude moqueuse avaient
disparu. Il parla à Jack avec une voix posée et l’appela
par son nom de famille, comme il le faisait auparavant.
Jack eut l’impression que le fait de lui avoir répondu sans
tenir compte de son ton provocateur l’avait changé du tout