Jean-DiDier
et si c’était DéJà écrit ?
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Vers l’aube, Jack était à bout de nerfs. Il s’empara du
téléphone et appela Lydie. Elle décrocha presque immé-
diatement, sa voix n’était pas du tout ensommeillée.
— Lydie, c’est moi, Jack. Je te réveille, mon amour ?
— Non. J’ai pas pu dormir. J’aurais dû insister pour
pouvoir dormir avec toi.
— Ils ne t’auraient pas laissé faire. Ils me réveillent
toutes les quatre heures.
Jack expliqua ce qu’il savait de sa situation, l’héma-
tome, l’observation et les contrôles de santé mentale
express.
— Tu te sens bien ?
— Oui. Je me suis levé pour aller aux toilettes en
faisant attention, tout s’est bien déroulé. Par contre, je
ne veux pas passer un jour de plus dans cet endroit. Je
ne veux plus mettre les pieds dans cet hôpital. Je ne le
supporte plus.
— Moi non plus, je ne l’aime pas. Tu ne vas plus
retourner voir Mike, hein ?
La phrase de Lydie n’était pas une question, elle
demandait la confirmation de ce qu’elle avait compris à
Jack. Elle ne l’implorait pas, mais attendait visiblement
qu’il lui dise qu’il n’irait plus jamais là-bas une fois qu’il
en serait sorti.
— Non. Tout ça ne nous vaut rien. C’est n’importe
quoi. Je ne sais pas ce qui m’est arrivé, mais maintenant,
je m’en fous, je veux que tout ça s’arrête immédiatement.
Je ne veux plus revoir ce type, ni ce Morgan, ni personne
Une infirmière entra dans sa chambre et lui posa
quelques questions. Il se rendit compte qu’elle procédait
en fait à un rapide test pour déterminer son état mental.
Elle lui demanda une estimation de l’heure, du jour, et s’il
se souvenait de ce qu’il avait mangé un peu plus tôt. Pour
finir, elle l’ausculta brièvement.
— Je vais bien ? questionna Jack avec un air à la fois
inquiet et ironique.
— Oui, on dirait. Je crois qu’on vous laisse sortir
demain. Un hématome sous-dural, ça ne se voit pas tout
de suite. Il faut attendre un peu pour savoir.
Jack prit alors son parti de patienter sans s’énerver
avant de quitter cet endroit malfaisant. Il s’endormit
de nouveau en pensant à Lydie et au loft. Il fut réveillé
encore une fois dans la nuit par d’autres infirmières qui
lui refirent un contrôle verbal à base de questions saugre-
nues sur le temps et ses souvenirs. C’était à la fois rassu-
rant et inquiétant. Il se sentait plutôt bien, mais ces visites
nocturnes étaient bien le signe qu’un événement grave lui
était arrivé.
Il ne retrouva pas le sommeil ensuite. Il alluma le poste
de télévision et passa la nuit à regarder des programmes
plus ou moins intéressants. Jack était stressé, il baissait
parfois le volume au minimum, croyant entendre des
voix dans le couloir. Il se sentait épié, et pour le moins
surveillé. Il percevait tout l’hôpital autour de lui comme
une masse ennemie. C’était le territoire de Mike, même
s’il ne pouvait quitter sa chambre.