Jean-DiDier
et si c’était DéJà écrit ?
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un patient ou un service. Pourtant, à la veille de se rendre
dans cette partie fermée de l’hôpital, qu’il s’imaginait
ressembler à une prison, il ne pouvait se cacher à lui-
même son appréhension.
Tout ce qu’il connaissait, en réalité, du service de
psychiatrie, c’était ce que tout un chacun en savait : les
malades ne sortaient pas selon leur bon vouloir, ils étaient
gardés, en fait enfermés. Contrairement au reste de
l’hôpital, qui était un lieu relativement ouvert, du moins
durant les heures de visite, le service de psychiatrie était
une partie fermée, dans laquelle les infirmiers hommes
étaient plus nombreux, parce qu’il fallait de temps en
temps ceinturer un malade en pleine crise. Jack pensa
que si personne ne souhaitait aller à l’hôpital, au moins
chacun se disait que s’il fallait s’y rendre, c’était pour
être sauvé et en repartir guéri. Mais le service psychia-
trique… Qui pourrait bien vouloir y aller, concevoir ce
lieu comme un refuge ? Il ne s’était jamais retrouvé dans
la situation de quelqu’un qui pourrait en avoir besoin,
jamais aucune des épreuves de sa vie ne l’avait conduit
trop loin dans la souffrance. Il estima que, justifiée
ou non, la réputation effrayante de ce genre d’endroits
devait rebuter les candidats de son espèce aux visites.
Morgan devait lui avoir affecté ce patient parce que
personne ne venait le voir et que si personne ne poussait
les visiteurs volontaires vers le service psychiatrique,
aucun n’irait de son propre chef.
— Ça aurait pu être moi.
Un silence. Jack trouva que dire quoi que ce soit à ce
moment-là serait déplacé. Il laissa alors Morgan reprendre
le cours de leur conversation.
— Vous visiterez Mike S.
— Mike S. ?
— Vous n’avez pas à connaître son nom complet. Il a
été placé ici par un juge. De ce fait, il y a obligation de
discrétion. Voici un dossier qui vous aidera à vous en faire
une idée. Ne laissez pas traîner ça. Voici un bordereau qui
mentionne chacune des pièces que contient ce dossier.
Vous signez ici, et vous me le rapporterez complet le 25
à dix heures, dans ce bureau. Nous remplirons quelques
autres paperasses, et nous irons voir cette personne.
Avez-vous une photo d’identité ?
Jack sortit une vieille photo qui traînait dans son porte-
feuille et la lui tendit. Morgan la plaça avec un trombone
sur une feuille qu’il glissa dans un dossier dont la couleur
différait de celui de Mike S. et qu’il referma pour le ranger
dans un tiroir de son bureau.
— Cela vous pose-t-il un problème d’aller visiter
quelqu’un en psychiatrie ?
Morgan avait lâché cette question sans douter que cela
se passe ainsi, sur un ton qui n’appelait aucune réponse.
Jack répondit que non, sur un ton qu’il voulait aussi décidé
que celui de son interlocuteur.
Jack n’avait pas hésité sur l’instant, il aurait trouvé
déplacé de choisir son terrain, ou pire encore, de refuser