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Jean-DiDier

et si c’était DéJà écrit ?

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ment ou non ce qu’ils avaient construit avec d’autres, 
leurs histoires d’amour, leurs amitiés, simplement parce 
qu’une force les y poussait.

Jack  se  dit  au  passage  que  certaines  explications 

psychologiques ressemblaient pas mal à des explications 
paranormales… Mais Lydie lui avait indiqué, d’une 
façon simple et réconfortante, que rien dans ce qui avait 
été  leur  vie  jusque-là  ne  permettait  de  comprendre  ce 
qui se passait. Elle avait atomisé toute idée de névrose 
ou de lassitude, elle avait pensé qu’ils étaient heureux, 
et  que  tout  ce  qui  s’opposait  à  ce  bonheur  devait  être 
envisagé  comme  une  force  externe  inconnue,  puisque 
toutes celles connues, ils les avaient maîtrisées. Le 
raisonnement était simpliste, mais tellement rassurant 
que Jack se sentit à nouveau capable d’affronter Mike, 
Morgan et l’hôpital.

Il monta doucement les marches de l’escalier et posa 

Lydie  sur  le  lit.  Ils  se  déshabillèrent  et  firent  l’amour. 
Allongé sur le lit, les yeux fixant le plafond sans le voir, 
Jack se sentait bien. Il était détendu. Une fatigue immense 
s’empara  progressivement  de  ses  membres  et  ses  yeux 
se fermèrent doucement. Il accueillit toutes ces sensa-
tions avec bienveillance : il savait que cette fatigue était 
le signe d’un grand délassement intérieur. Après s’être 
arc-bouté sur des hypothèses qui ne l’avaient mené nulle 
part, il se tournait maintenant vers de nouveaux horizons 
de compréhension. Son rationalisme atavique ne l’avait 

de l’incompréhension à une nouvelle attitude au sujet de 
son existence. Il ne se sentait plus mal à l’aise vis-à-vis de 
faits qu’il ne comprenait pas, il était maintenant certain de 
ne plus pouvoir refuser certaines évidences. Il ne pouvait 
toujours pas les nommer, mais il pouvait les accepter, les 
intégrer dans un schéma mental nouveau. En admettant 
les présupposés paranormaux de Lydie, il pouvait envisa-
ger de travailler autour de ce qui se passait avec Mike. Il 
ne croyait pas encore à l’hypothèse paranormale, mais il 
ne la refusait plus. Il était sorti du carcan psychologique 
de ses hypothèses qui ne le menaient nulle part en accep-
tant de réfléchir sur ce qu’il y avait de surnaturel dans 
l’affaire.

Il serra Lydie encore un peu plus fort. Elle était bien 

plus frêle que lui, mais dynamique. D’un mouvement, elle 
monta littéralement dans ses bras en entourant son bassin 
avec ses jambes. La couverture qu’elle avait posée sur ses 
épaules tomba et elle enfonça un peu plus son visage dans 
le cou de Jack. Jack se sentait démuni face à une tâche 
immense, et en même temps libéré. Il arrêtait de tourner 
en rond dans une auto-analyse sans fin. Certaines phrases 
de Lydie lui couraient dans la tête, alors qu’il n’y avait 
rien à chercher en eux, dans leur couple, parce que tout 
allait bien. Il trouvait ce raisonnement fascinant par son 
optimisme et son refus de tout psychologisme. Après tout, 
il existait bien des gens qui refusaient leur bonheur, qui 
fichaient en l’air leur existence en détruisant consciem-

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