Jean-DiDier
et si c’était DéJà écrit ?
133
132
ce n’est sans doute pas lui le problème. Si tu penses que
c’est la maison qui est à l’origine de tout cela, rien ne sera
résolu si j’arrête de visiter Mike.
— Oui, mais si c’est toi qui inventes tout cela sans
le vouloir, continuer d’aller le voir n’arrangera rien, au
contraire…
— Voilà que maintenant, c’est toi qui cherches une
explication psychologique. Il faudrait savoir !
Il avait dit cela d’un ton de reproche et s’en voulut
aussitôt.
— Je ne sais pas. Je veux dire… Je suis un peu désta-
bilisée de te voir aussi perdu, et je me sens bien embêtée
maintenant de t’avoir attiré du côté de mes peurs et de
mes doutes sur la rationalité de tout cela. C’est comme si
c’était plus facile pour moi d’être la seule à penser de cette
manière. Jusque-là, je pouvais me dire que je me trompais
peut-être. Mais maintenant, c’est comme si toutes ces
intuitions prenaient forme, comme si tout s’imbriquait
dans une grande histoire qui me fait peur. Moi non plus,
je ne connais pas ces forces dont nous parlons. Ce n’est
pas parce que j’en ai l’intuition ou que je les entrevois
que je suis plus forte que toi. Je ne me sens pas capable
de t’aider. Je suis là, avec toi, face à tout ça, et j’ai un peu
plus peur qu’avant, voilà.
Lydie se lova davantage dans les bras de Jack, qui se
sentait doucement couler, de plus en plus épuisé. Les
revirements de sa femme n’arrangeaient rien à son abat-
tement. Mais sans peur ni panique, il passait simplement
Il est assez logique que je fasse confiance à quelqu’un
qui arrive à réfléchir là-dessus. Je ne sais pas à quoi j’ai
affaire, je ne connais pas ces forces qui s’attaquent à moi.
Je suis face à l’inconnu, et tu es là, à me donner quelques
éléments de réponse, à m’aider à y voir plus clair. Tu es
ma femme, je t’aime et je te fais confiance. Que puis-je
faire d’autre ?
Il se tenait debout devant elle. Elle se leva et l’embrassa
fougueusement. Elle avait les yeux humides, lui se sentait
immensément fatigué. Il la serra fort contre lui et passa
sa main entre ses cheveux en partant de la nuque.
— En tout cas, je sais que je peux compter sur toi
et que nous arrivons toujours à faire face aux épreuves
ensemble. Je me sens bien mieux qu’avant cette discus-
sion, crois-moi. Je suis sûr que nous saurons trouver une
solution.
— Tu vas continuer à voir ce type ? Je veux dire… rien
ne t’y oblige, tu sais, et si ça te rend nerveux, le mieux
serait peut-être d’arrêter ou de demander à ce Morgan de
te confier la visite de quelqu’un d’autre.
Jack ne répondit pas immédiatement, il continuait à
caresser la nuque de Lydie, pensif.
— Non.
— Tu vas arrêter de le voir ?
— Non. Je veux dire : je refuse d’abandonner la partie.
Je ne vais pas me laisser avoir par quelque chose que je
ne connais pas, je veux savoir de quoi il en retourne, ça
ne peut pas être aussi idiot, et puis tu dis toi-même que