background image

Jean-DiDier

et si c’était DéJà écrit ?

131

130

tendus. Notre union n’est pas parfaite, mais nous nous 
entendons  suffisamment  bien  pour  traverser  à  peu  près 
n’importe quoi, en tout cas, c’est ainsi que je le ressens. 
Ce qui nous arrive ne vient pas de nous ou de l’un d’entre 
nous, ou alors l’un des deux est fou et l’autre n’avait rien 
vu jusqu’ici. Je refuse cette hypothèse. Je dis que nous 
sommes sous influence. Et je pense que c’est cet endroit 
qui nous influence. Moi, je n’y suis pas avec toi, dans la 
chambre de ce type, mais ce que je sais, c’est que c’est ici, 
dans notre maison, que tu as eu des problèmes, et c’est ici 
que nous devons les résoudre.

— Euh… et comment, Lydie ?
Jack  avait  posé  cette  question  de  façon  tout  à  fait 

gentille, sans arrière-pensée ni ironie. Lydie le regarda 
longuement pour le sonder. Il s’en remettait complètement 
à ses intuitions, elle en était surprise, car jusque-là, Jack 
avait toujours été pour elle un rationaliste, un personnage 
qui  ne  pouvait  considérer  une  explication  irrationnelle 
que  d’un  point  de  vue  esthétique,  extérieur.  Jack,  pour 
Lydie, était incapable d’adhérer à une telle intuition, et 
elle ne comprenait pas bien son comportement passif. Elle 
était presque embarrassée par le fait de ne sentir aucune 
réaction, aucune résistance de sa part. Jack n’était plus 
lui-même. Elle le lui dit, d’un air quasiment triste.

— Ma chérie, considérons les faits simplement. Je 

suis confronté à quelque chose de nouveau, aucune des 
explications rationnelles que je peux avancer ne tient la 
route, je suis complètement perdu au sujet de tout ceci. 

du genre, il y a quelques années, quand tous ces gens se 
piquaient partout où ils pouvaient ?!

Il avait dit cela de façon un peu véhémente et se sentit 

chavirer un instant. Par association d’idées, il se demanda 
brusquement si par hasard, Mike n’avait pas squatté ici 
même. Et il remarqua que Lydie avait, elle aussi, pensé à 
cette éventualité.

— Tu vois que ce type nous manipule, je suis sûr que 

tu as pensé à la même chose que moi à l’instant !

— En effet, je me suis demandé si cet immeuble n’avait 

pas été occupé par ton Mike à l’époque où il a été squatté, 
OK. Mais ça ne prouve pas que ce soit lui qui t’envoie ce 
message, c’est peut-être plutôt la maison qui te fait savoir 
pourquoi tu ressens des choses quand tu es face à ce type.

— Ou alors, c’est nous qui déraillons complètement, 

nous avons vécu un automne difficile…

— Et nous avons besoin de vacances. Jack, considère 

les faits, nous venons justement d’en prendre, nous n’avons 
aucune raison d’être stressés, notre vie est confortable et 
nous  vivons  depuis  peu  dans  des  conditions  tout  à  fait 
idéales. Tout devrait aller parfaitement bien. Or ce n’est 
pas le cas. Il y a autre chose. Nous sommes déterminés 
par  autre  chose,  ou  quelqu’un  d’autre,  ce  que  tu  veux, 
mais nous ne sommes pas dans une situation normale, 
sinon, nous n’aurions pas eu besoin d’avoir cette discus-
sion. Tout ce que nous avons vécu ces derniers mois, nous 
l’avons géré ensemble, sans accroc, nous avons surmonté 
la fatigue, les crises, nous avons su éviter tous les malen-

66 / 129