Jean-DiDier
et si c’était DéJà écrit ?
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avec Mike. Lorsque j’ai serré sa main, l’autre jour, j’ai
carrément perdu le son et l’image, je n’avais plus de
contact avec l’endroit où je me trouvais. C’était saisissant,
encore plus fort que des souvenirs, je voyais et j’entendais
des milliers d’autres choses à la fois.
— Chéri, tu ne te serais pas mis à prendre des trucs ?
Lydie minauda pour se moquer de Jack. Ce que tu décris
ressemble à une publicité pour une nouvelle drogue…
— Tu sais bien que je ne prends que très peu de médi-
caments. Et puis, j’ai passé en revue tout ce que j’avale
depuis des mois, nous n’avons rien changé dans nos habi-
tudes, rien n’a changé.
— Je sais bien, puisque c’est moi qui fais les courses…
— Ce n’est donc pas ça. Rien dans mon environne-
ment n’a changé, sauf…
— Sauf la maison.
Lydie avait dit ça d’un air enfantin, pour le provoquer.
— Sauf que tout ça a commencé lorsque je suis allé
voir ces types, pas avant, il y aurait comme un gros
retard, non ?
— Je te le redis, c’est peut-être en allant là-bas que tu
as activé ou réveillé quelque chose qui se trouvait déjà
ici. Tu ne peux pas savoir si ce lieu n’est pas responsable
de tout ça.
— Mais enfin, chérie, qu’est-ce que tu veux dire ?!
Tu veux déménager ? Encore ? Et tu ne crois pas que tous
les lofts ont un passé industriel du même acabit ? Tu ne
sais pas ce qui se passait ici ou dans un autre immeuble
Jack resta silencieux. Lydie était clairement plus
sensible que lui à une ou plusieurs explications para-
normales des événements récents. S’il pouvait conce-
voir un impact de ses visites, Jack était lui-même forcé
d’admettre en pure logique celui que pouvait exercer ce
lieu sur eux. Et que ce qui leur était arrivé ici était peut-
être davantage lié au passé de l’immeuble qu’à ce qui se
tramait à l’hôpital.
— Peut-être aussi que c’est parce que tu vis ici, dans
cet endroit chargé de tout ce qui s’y est passé, que tu te
fabriques involontairement toute cette histoire sur ce
Mike et ce Morgan. Si l’on part du fait que ce bâtiment
produit un effet sur les gens qui s’y trouvent, cela pourrait
être un effet de ce genre ! Peut-être que tout ce qui se
déroule à l’hôpital se passe entièrement dans ta tête parce
que tu vis ici, non ?
Lydie disait vrai. En pure logique, rien ne prouvait rien
dans cette affaire. Il était presque content d’entendre dire
que tout cela n’était peut-être que ses délires. Mais les
faits étaient là, et surtout, le comportement étrange de
Morgan, la dernière fois qu’il l’avait vu. Un truc ne tour-
nait pas rond dans ce service psychiatrique, ce n’était pas
seulement dans sa tête.
— Chérie, j’ai des visions, des hallucinations, appelle
ça comme tu veux, d’une précision et d’une intensité…
presque plus forte que mes propres souvenirs. J’ai l’im-
pression de vivre avec ceux d’un autre, et je sens que
certains de ces souvenirs peuvent être en rapport direct