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Jean-DiDier

et si c’était DéJà écrit ?

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vérifiait la correspondance entre son badge et lui-même. 
En fait, tout se passait comme si ces sas électroniques 
étaient la garantie parfaite de la sécurité des lieux et du 
maintien en clinique de Mike. Jack se dit qu’il n’était pas 
là  pour  émettre  des  réserves  sur  le  fonctionnement  du 
pavillon et frappa à la porte de Mike.

Il entendit la voix qui lui intima d’entrer un peu comme 

un mauvais élève qui aurait souhaité que son professeur soit 
absent ce matin-là. Il sentit qu’il aurait aimé être bloqué par 
le transfert de Mike, qu’il voudrait en réalité ne plus avoir 
à  subir  ces  visites.  Il  se  reprit  et  entra.  La  lumière  était 
différente. Le store, relevé dans le sens inverse à l’accou-
tumée, faisait tomber une clarté blanche sur la pièce. Mike 
était assis au bord de son lit et se frottait doucement les 
poignets. Il ne leva pas complètement la tête et dit :

— Vous ? Décidément, vous êtes là quand on ne vous 

attend plus. Bonjour.

Et  il  tendit  la  main  à  Jack.  Celle-ci  resta  suspendue 

dans le vide pendant quelques longues secondes. Pour la 
première  fois  de  sa  vie,  Jack  hésitait  à  saisir  une  main 
tendue vers lui, il était terrorisé à l’idée de ressentir de 
nouveau ces visions délirantes. Il finit par se convaincre 
que son imagination de lecteur fou lui jouait des tours, et 
voulait absolument contenir toute cette histoire dans les 
limites du raisonnable, mais sa peur était la plus forte.

Il était clair qu’il craignait maintenant de serrer la main 

de Mike, de peur de ce qui pouvait passer par l’intermé-
diaire de ce contact. Sa raison n’était en cet instant pas 

— Et c’est reparti pour le carnaval, fit Morris. Je dois 

les raccompagner jusqu’à chez eux.

—  Il y a d’autres prisonniers dans le fourgon ? demanda 

Jack.

— Non, mais si seuls les fourgons remplis avaient une 

escorte,  ça  renseignerait  un  peu  trop  ceux  qui  veulent 
sortir des gens de taule. Alors, on les accompagne 
presque tout le temps avec le cirque, les sirènes et tout le 
tintouin… Je me demande vraiment ce qu’un gars comme 
vous est venu foutre dans cette histoire, c’est drôle.

Il le salua de la main, sauta dans sa voiture et lança les 

gyrophares.

— Les sirènes, c’est pour dehors, on nous a dit d’éviter 

ça ici ! Parlez de moi à Mike, il se souvient de mon nom. 
Et puis, on se voit de temps en temps, je suis toujours 
volontaire pour le promener dans la ville. Vous voyez, il 
y a plein de gens qui s’occupent de lui comme vous !

Il remonta sa glace et démarra dans un grand rire. Jack 

lui rendit son au revoir et se retourna vers le pavillon. Le 
sas de la cour accepta son badge et il prit l’ascenseur.

Parvenu  à  l’étage  de  la  chambre  de  Mike,  il  passa  à 

l’accueil, annonça sa visite aux employés qui y prêtèrent 
aussi peu attention que les autres fois et se dirigea vers 
le couloir. Il se dit que, décidément, les mesures de sécu-
rité prises pour transférer Mike vers le bureau du juge 
étaient bien disproportionnées avec la surveillance légère 
de Mike dans son pavillon. Personne n’avait contrôlé son 
identité,  à  part  Morgan,  la  première  fois.  Personne  ne 

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