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Jean-DiDier

et si c’était DéJà écrit ?

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une force extérieure et pourtant intime. Il était là, assis 
sur le bord du lit, comme suspendu à ses propres paroles, 
et en même temps, il pouvait se voir et se sentir bouillir 
d’une rage aveugle. Il ferma les yeux, et en les ouvrant 
de nouveau, il ne découvrit pas Lydie prostrée dans le lit, 
mais une autre femme, avec un air différent, bravache et 
moqueur. Les draps n’étaient pas les mêmes, la lumière 
non plus. En l’espace d’un flash, de nombreuses images 
défilèrent devant ses yeux : des journaux, ainsi qu’une 
seringue, un bout d’aluminium et une petite cuillère. 
Puis, tout à coup, d’autres images très différentes : un 
logo  ou  un  écusson  représentant  deux  sabres  croisés. 
Jack ferma les yeux de nouveau.

Quand il les rouvrit enfin, Lydie s’était repliée comme 

une enfant et pleurait en silence. Jack se leva doucement 
et quitta la chambre. Il revint avec un médicament puis-
sant contre les maux de tête et un verre d’eau. Lydie prit 
le remède et tourna le dos à Jack. Il ramassa le plateau et 
quitta silencieusement la chambre. Il réchauffa son petit-
déjeuner et en mangea une partie sans appétit. Dehors, le 
vent s’était levé. Les flocons n’étaient pas nombreux, mais 
se déplaçaient à l’horizontale. On ne pouvait distinguer 
les immeubles alentour.

Jack  passa  la  journée  à  ranger  nerveusement  les 

derniers cartons de livres de son bureau. Il regarda une 
vidéo, puis monta lire un roman policier allongé près de 
Lydie, qui se réveillait de temps en temps pour quelques 
dizaines de minutes et racontait ses rêves de façon décou-

gea vers la chambre. Il trouva Lydie toujours endormie et 
essaya de la réveiller pour lui proposer un petit-déjeuner. 
Elle  finit  par  ouvrir  un  œil  et  dit  qu’elle  avait  faim.  Il 
descendit préparer un repas complet, avec des œufs et du 
bacon, des oranges pressées et des toasts rôtis qu’il posa 
dans le petit présentoir anglais qu’ils avaient rapporté de 
Londres.

Une fois encore, il monta les marches trop étroites avec 

un plateau dans les mains, tout doucement, dans la crainte 
de tout renverser. Il le posa délicatement sur le côté du lit 
et caressa l’épaule de Lydie en remontant vers sa joue. Elle 
rouvrit les yeux et le regarda avec un air étonné.

— Le petit-déjeuner est là, ma chérie.
— Euh… en fait… euh… j’ai pas faim…
Jack serra les dents, inspira profondément, abattit 

violemment la main sur le lit et lâcha :

— Putain ! J’en ai marre de faire la cuisine pour rien !
En cinq ans de vie commune, jamais Jack n’avait élevé 

la voix de cette façon. Lydie le regarda comme un étran-
ger.  Jack  fut  alors  saisi  d’effroi  en  lisant  la  peur  dans 
ses yeux. Il leur était bien arrivé de hausser le ton, mais 
jamais ainsi, hors de propos. Jamais Jack n’avait réagi de 
manière aussi brutale. Lydie était malade comme rare-
ment elle l’avait été. Il était tout à fait légitime pour elle 
de ne pas pouvoir manger, de refuser un petit-déjeuner 
après en avoir accepté l’idée machinalement.

Jack  se  sentait  comme  dédoublé,  il  avait  du  mal  à 

considérer cette colère si brutale. Il la ressentait telle 

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