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Jean-DiDier

et si c’était DéJà écrit ?

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lui prit toute la fin de l’après-midi et l’empêcha de penser. 
C’était tout ce qu’il désirait. Le soir venu, il avait complè-
tement recouvert la nouvelle crise et se sentait bien mieux.

Il  prépara  deux  dîners  différents,  une  soupe  et  des 

croûtons au fromage pour Lydie, et une énorme pièce de 
bœuf pour lui, avec des légumes frits qu’il cuisina dans 
les  poêles  chinoises  à  la  mode  qu’ils  avaient  achetées 
pour équiper leur cuisine toute neuve. Ils s’étaient dit, en 
la voyant terminée, qu’elle ressemblait drôlement à une 
publicité. Les premières fois qu’il y avait cuisiné, il s’était 
senti comme étranger à cet univers rutilant. Il remplit les 
deux  plateaux,  monta  les  escaliers  avec  précaution  en 
se disant à chaque passage qu’il faudrait absolument les 
changer.

Il réveilla doucement Lydie qui se plaignait d’une 

horrible migraine. Elle tenta de lui sourire, se redressa 
et commença son repas. Elle ne put finir et regarda Jack 
dévorer son plat de viande avec un dégoût non dissimulé 
qui  la  fit  se  lever  et  aller  vomir  sa  soupe  dans  la  salle 
de bains. Jack, désolé, débarrassa le lit et alla terminer 
son repas dans le salon après avoir recouché Lydie. Il lut 
quelques magazines d’histoire auxquels il était abonné et 
monta se coucher au troisième bâillement.

Après une bonne nuit de sommeil, Jack se réveilla en 

nage auprès de Lydie, dont la température restait anor-
malement élevée. Il se leva pour prendre une douche qu’il 
prolongea, embrumant toute la salle de bains. Il sortit, eut 
du mal à retrouver son peignoir dans la buée et se diri-

sauveur et parce qu’il ne se sentait pas d’aller à la confron-
tation dans l’état de nerfs où il était, il le laissa dévider 
sa bobine de lieux communs sur les transports, la ville, 
les gens, la météo et les satellites. Arrivé devant chez lui, 
Jack paya sa course sans demander son reste.

La trace de son passage quelques heures plus tôt avait 

presque disparu. Il s’engouffra dedans en faisant atten-
tion à ne pas se cogner dans un objet oublié. Il arriva sans 
encombre à sa porte et bénit le système de clé électro-
nique qui lui évitait d’enlever ses gants et de chercher à 
introduire sa clé dans la serrure gelée. Des stalactites se 
formaient un peu partout. Jack se dit que cette tempête 
de neige risquait de devenir encore plus dangereuse avec 
la chute de la température qui se poursuivait. En arri-
vant  chez  lui,  la  télévision  lui  confirma  qu’il  s’agissait 
maintenant d’une tempête de glace, que les déplacements 
n’étaient plus simplement déconseillés, mais interdits : 
plus de sorties en voiture, plus de piétons solitaires, etc.

Lydie n’avait pas ouvert l’œil, elle se tenait exactement 

dans la même position. Il s’allongea un moment près 
d’elle sur les couvertures, mais bientôt, le souvenir de 
cette nouvelle visite s’imposa à son esprit. Pour tenter de 
couper court à la méditation, il descendit dans son espace 
et entreprit de classer des étagères qu’il avait remplies 
de façon disparate lors de l’emménagement. La tâche 
était fastidieuse et longue, demandait à la fois des efforts 
physiques répétitifs et de la concentration pour rétablir 
un semblant d’ordre alphabétique et chronologique. Cela 

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