background image

Jean-DiDier

et si c’était DéJà écrit ?

201

200

des malades autrefois : promiscuité, manque d’hygiène, 
etc. Celles de Mike dans cet hôpital n’avaient rien à voir. 
Comme elles n’avaient rien à voir non plus avec la prison. 
Jack se demanda si, au fond, Mike n’était pas tout simple-
ment si bien dans son service psychiatrique qu’il avait 
décidé de tout faire pour y rester. En rendant fou un visi-
teur ou en simulant la folie furieuse, comme ce jour-là. 
En mettant de côté la faisabilité, car Jack ne voyait pas 
« comment » Mike avait pu lui transmettre tout ceci, il 
tentait d’en deviner l’utilité. En quoi la situation pouvait-
elle  servir  Mike  ?  Quel  genre  de  profit  pouvait-il  tirer 
de tout ceci ? Jack bloquait. Il n’y avait pas de logique 
d’ensemble, ou plutôt si, une seule, celle qui faisait qu’il 
revenait ici continuellement.

Jack s’installa dans le fauteuil et s’y enfonça conforta-

blement. Il ôta son manteau et le posa sur ses jambes, car il 
faisait encore frais dans la pièce. Trop frais, d’ailleurs, et il 
se mit en tête de remonter le chauffage. Il chercha un bon 
moment une commande puis renonça à changer le réglage 
du thermostat qui devait être caché. La température finit 
par monter doucement. Il se rassit et reprit ses conjectures.

Morgan avait en fait l’air aussi perplexe que lui devant 

cette affaire, ou, en tout cas, s’employait à laisser croire 
que tout cela lui échappait. Il voulait garder le pouvoir sur 
son petit monde, mais ce qui était de l’ordre du paranor-
mal lui était complètement étranger. Jack continuait de se 
demander ce qui pouvait le pousser, à certains moments, 
à être aussi provocateur, à utiliser son diminutif comme 

Morgan était devenu franchement cassant. La détesta-

tion réciproque était palpable, désormais. Jack se retrouva 
dans le couloir éclairé par une lumière crue et cligna des 
yeux. Il se dirigea vers la sortie. Il n’y avait pas de lecteur 
de badge, seulement un bouton d’appel. Le visage d’un 
des costauds qui jouaient de la sangle apparut dans le 
judas. Le type dévisagea Jack, qui resta de marbre. Au 
bout de plusieurs longues secondes, il referma le judas 
et fit coulisser la lourde porte métallique. Jack le dépassa 
sans un regard ni même un merci. Il était en guerre contre 
Morgan, son hôpital et ses sbires. Il descendit quatre à 
quatre les marches de l’escalier et se rua vers le couloir 
de la chambre de Mike.

Il n’y avait personne pour l’empêcher d’aller dans 

cette chambre. Il traversa le couloir et entra. La pièce 
était légèrement différente, le store avait été remonté et 
la partie supérieure de la fenêtre était ouverte. Il faisait 
froid. Jack referma les pans de son manteau. Pour autant, 
il  ne  s’était  jamais  senti  aussi  à  l’aise  dans  cette  pièce. 
Sans Mike et baignée de la lumière du jour, il ne s’agissait 
plus que d’une banale chambre d’hôpital. Jack s’assit sur 
le fauteuil et contempla longtemps la pièce. Il laissa son 
esprit divaguer un long moment. Il se leva, fit plusieurs 
fois le tour de la pièce et referma la fenêtre. Puis il se 
rassit sur un petit tabouret qui se trouvait au fond. La 
pièce était assez longue. Il s’agissait visiblement d’une 
chambre destinée à recevoir plusieurs lits à l’origine. Jack 
pensa aux conditions de séjour atroces qui étaient celles 

101 / 129