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9. TAVERNE DU « COCHON QUI FUME »
SEPTEMBRE 1909 - INTÉRIEUR / NUIT
Derrière le viaduc du « Point du Jour », immédiatement après la grille de
l’octroi qui va des bords de Seine aux fossés des fortifications, où s’obstinent à
pêcher quelques disciples de la gaule, accoutumés aux perpétuelles bredouilles, les
quais prennent l’aspect tout spécial avec leur enfilade de guinguettes, leurs
établissements de plaisirs bon marché…
C’est à partir de 1902 que le nom d’Apaches est employé pour désigner une bande
de jeunes dont les méfaits faisaient trembler Belleville.
En tout cas, qu’ils en soient ou non les inventeurs, les jeunes se sont reconnus dans
cette image indienne, ils s’en sont revendiqués et l’ont adoptée comme symbole de
leur mobilité frondeuse et de leur esprit bagarreur.
Les Apaches ont cristallisé une peur latente : celle qu’une société vieillissante et
pourtant en pleine mutation éprouve devant ces derniers rebelles à la discipline
industrielle : les jeunes qui ne veulent pas travailler.
Il est né sur le pavé de Paris. Tout gosse, il se traîne dans les ruisseaux des
quartiers de la périphérie ou de la banlieue. Il vagabonde, vit de petits métiers,
ou de petite maraude, nargue la police qui, dans les secteurs populaires, passe le
plus clair de son temps à pourchasser les garnements. Il se forme de petites bandes
de quartiers, bandes mixtes où les filles sont moins nombreuses et d’autant plus
désirées.
L’Apache aime être bien mis sans être bourgeois : casquette à pont, plate, ronde
ou gonflante, veste courte et cintrée, pantalon à pattes d’éléphant, foulard de
couleurs vives, bottines à bout pointu et boutons dorés.
Ils revendiquent très haut le droit à la différence et reprennent à leur compte la
tradition des bas-fonds. Ils dévident « le jarre », l’argot, cette langue des
malfaiteurs à laquelle ils ajoutent chaque jour de nouvelles expressions, parfois