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25. PARIS - 10 JANVIER 1920 

Une voiture pénitentiaire quitte la prison de la Santé. 

Elles sont divisées, dans leur longueur, par un couloir central, sur lequel s’ouvrent 
dix cases : cinq à droite et cinq à gauche. Chacune de ces cases est disposée de telle 
façon que l’on doit s’y tenir assis, et que les cinq prisonniers, outre le fait qu’ils 
ne disposent chacun que d’une place fort étroite, sont séparés les uns des autres 
par des cloisons parallèles. 

Un garde municipal, placé à l’extrémité, surveille le couloir. 

Mais aujourd’hui, une seule case est occupée. 

L’homme que l’on conduit chez le juge d’instruction, n’est autre qu’un ancien 
soldat. Un militaire qui disait peu de choses, en savait encore moins et réussissait 
à avoir l’air encore plus con qu’il ne l’était en réalité. 

Il n’y avait décidément aucune lacune à son ignorance. 

La discipline n’avait pas  été son fort durant sa maigre carrière, et ne l’avait 
jamais été d’ailleurs. 

L’armée l’avait cassé ! 

Le ministère des armées en avait rajouté une couche ! 

Lors d’une interpellation, sa famille avait été tuée… par accident, dit-on ! 

La voiture bringuebalait sur les pavés de la rue de la Santé qu’elle  remontait 
jusqu’au boulevard Port-Royal. Elle n’avait pas parcouru deux cents mètres, que 
surgit  d’une  impasse,  une  automobile  avec  deux  hommes  masqués  à  bord.  Ils 
stoppèrent  devant  la  voiture  pénitentiaire  et  descendirent  en  brandissant  des 
armes. 

Les  gardiens  furent  mis  à  terre  en  quelques  secondes  et  le  prisonnier  emmené 
prestement.  

 

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