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Au fur et à mesure que les mois passent, le monde tel que nous le connaissons,
s’enfonce inexorablement dans le chaos.
Petit à petit, l’Allemagne, insidieusement, impose au monde sa volonté de vaincre.
Vaincre à tout prix.
11. LE BERGHOF – 10 AOUT 1940 – INTÉRIEUR / JOUR
Le chalet de bois et de pierre a été construit en 1916 par Otto Winter, un industriel
du cuir de Buxtehude, qui l’avait baptisé Haus Wachenfield (maison Wachenfield)
du nom de jeune fille de son épouse.
Lorsqu’il mourût, c’est à sa veuve Margarete, qu’échut cette résidence secondaire.
Membre du parti hitlérien, elle accepta de la louer au Führer qui aimait bien ce
lieu reculé.
La présence de Hitler dans la région montagneuse d’Obersalzberg, près de
Berchtesgaden, remonte à 1922 où il résida à l’hôtel Platterhof.
En 1928 il loue la maison avec sa demi-sœur Angela.
Il s’en porte acquéreur en 1933 grâce aux droits d’auteur de Mein Kampf, dont il
termina l’écriture avec l’aide de son aide de camp Rudolf Hess.
À partir de 1934, un grand nombre de badauds vinrent à l'Obersalzberg pour voir
la maison du nouveau chancelier du Reich, troublant la quiétude du lieu. Les
autorités chargées de la sécurité de Hitler prirent donc des mesures draconiennes
en interdisant l'ensemble de la zone aux personnes qui n'étaient pas dûment
habilitées.
C'est la même année que Hitler commence à réfléchir à une modification profonde
de sa résidence afin qu'elle soit davantage en adéquation avec l'usage qu'il en fait
et avec les nombreuses visites de personnalités politiques et de chefs d'État. Il
charge l'architecte Alois Degano de s'occuper des travaux qui se feront en
plusieurs étapes jusqu'en 1936.
Il monte les trois marches qui séparent la pièce en deux, pour aller s’installer dans
l’angle gauche, à l’opposé de la table de travail ou s’entassent les cartes de l’est de
l’Europe. Il s’agit de son coin préféré : un divan, deux vieux fauteuils et une table
basse au bois usé. Fonctionnalité et sobriété.
Il pose son chapeau orné d’une plume – un symbole bavarois dont il a horreur,
mais il faut bien sacrifier à la couleur locale – et se plonge dans la contemplation
du plafond à caissons. Les poutres s’alignent dans une symétrie parfaite.
Exactement ce qu’il faut pour sa réflexion.