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réellement   les   reconnaître.   Ces   symboles   lui   paraissaient
envoûtants, recelant un pouvoir inimaginable.

Le déclic se fit dans la tête du jeune garçon après une

dizaine   de   jours.   Il   vint   retrouver   Gruphien   Melenhoc   et
déchiffra, presque sans se tromper, une nouvelle phrase que
lui montra le vieillard. Au fur et à mesure des jours, sa lecture
devint plus régulière, pratiquement sans hésitation ; Gruphien
Melenhoc voyait en lui un prodige. Sherba était désappointé
car le texte qu'il déchiffrait n'était que le récit d'une cérémonie
religieuse   sans   grand   intérêt.   La   lecture   lui   donnerait-elle
vraiment le pouvoir de dominer ses adversaires ? Gruphien
Melenhoc assura son élève qu'il possédait maintenant la clé du
succès, ces paroles encourageantes réconfortèrent Sherba.

La nouvelle de son nouveau savoir se répandit dans le

village ; les autres enfants se précipitèrent pour demander au
vieillard   de   leur   apprendre   cette   connaissance.   Le   brave
Gruphien Melenhoc fut littéralement obligé d'improviser une
classe   pour   une   vingtaine   d'élèves   peu   disciplinés.   Il   ne
pouvait rien leur apprendre dans ces conditions, d'autant plus
que les épreuves avaient lieu dans une semaine...

Les   villageois   ne   recevaient   que   très

exceptionnellement la visite d'un temshane. Ce jour-là, ils en
virent quatre à la fois. 

La procession arriva le matin très tôt. Une trentaine

d'hommes   marchaient   dans   les   sentiers   qui   traversaient   les
marais et les rizières. Les paysans distinguèrent les temshanes,
confortablement installés dans des litières, chacune portée par
quatre serviteurs. Une quinzaine de guerriers accompagnaient
ce cortège, l’éclat des rayons du soleil sur leurs armures de
métal impressionnait les villageois. Le messager qui était venu
quelques semaines plus tôt annoncer les épreuves marchait en
tête.   Il   était   simplement   vêtu   d'une   tunique   de   drap   rouge
sombre qui descendait jusqu’aux genoux et couvrait le haut
des   bras.   Les   paysans   admiraient   les   habits   de   soie   des
porteurs, les cheveux sombres de ceux-ci étaient coiffés en
une longue natte qui tombait sur les reins. Les temshanes se

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