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01. EXT. ROUTE / VILLE D’ORAN-ALGÉRIE / JUIN 2010 / NUIT

Une superbe BMW fonce dans la route, à vitesse considérable. Le conducteur c’est NAZIM (30 ans) Son visage est éclairé par les compteurs du tableau de bord, c’est un homme bien fait. Blond aux yeux bleu-vert, visage fin. Il accélère et double un véhicule.

02. EXT. QUARTIER LUXUEUX / NUIT

La BMW vire dans une route bordée de villas, puis entre dans le garage d’une belle maison style colonial. La porte se referme.

03. INT. BUREAU DES OPÉRATIONS / BUILDING / PARIS-FRANCE / NUIT

Dos à des baies vitrées donnant sur la ville. Trois hommes en costume, sont installés devant une table rectangulaire face à RAYMOND (58ans). Derrière lui un grand écran est éteint.

HOMME 1(ton consterné)

Personne ne peut faire un truc pareil !

HOMME 2(ingénu, ouvrant un dossier)

Il vient de le faire !

HOMME 1 (consultant un dossier)

Il n’a jamais quitté le sol algérien de sa vie… Et la fille, qui elle est ?

RAYMOND (désorienté)

En gros, cet homme a volé plus d’une centaine de millions d’euros et nous ne savons rien de lui !

04. INT. COULOIRE / BUILDING / ORAN / NUIT

On suit un homme qui marche dans un couloire très mal éclairé. Il tien un dossier à la main.

HOMME (V.O)

Je veux tout savoir sur lui. Sa vie, son entourage, son passé !

05. EXT. QUARTIER EDDERB / JUIN 1998 / MIDI

On est dans un quartier ancien. Les immeubles se ressemblent, délabrés. Deux enfants de six ans, mal habillés et pieds nus courent dans une rue animée. Une foule, des vendeurs de légumes, un BROUHAHA.

NAZIM (18ans), s'arrête devant l'épicier. Il y entre, prend deux baguettes de pain et salue le vendeur. Il marche vers l'entrée d'un immeuble désuet de trois étages. Un fourgon de colporteur d'eau potable passe, en KLAXONNANT et CRIANT : « eau douce ! ». NAZIM disparaît entrant dans l'immeuble. Une femme sort avec un bidon.

06. INT. PALIER DU DEUXIÈME ÉTAGE / IMMEUBLE DÉSUET / MIDI

On entend le sifflement d’une Cocotte. NAZIM arrive au palier du deuxième étage et frappe à une porte. Le verrou claque et la porte s'ouvre sur sa MÈRE, une quarantaine d’années, belle et gracieuse.

07. INT. APPATEMENT NAZIM / MIDI

C'est un modeste petit trois pièces.

NAZIM

Salut maman.

Dans la cuisine, NAZIM pose les baguettes de pain et pique quelques aliments, les met dans sa bouche.

MÈRE(O.S)

T’as bien travaillé ?

NAZIM (sûr de lui)

Bien sûr maman.

NAZIM rejoint sa MÈRE dans la salle de bain. Celle-ci lave le linge avec ses mains. Il la regarde.

MÈRE (rêveuse) (ton étonné)

Si tu réussis tes études, tu pourras m’acheter une machine à laver… Qu’est-ce que t’as fait à ton pantalon ?

NAZIM (souriant)

C’est à la mode, tu sais...

08. INT. GARGOTIER / QUARTIER EDDERB / FIN DE JOURNÉE

NAZIM est attablé avec RÉDA (19ans), brun. Il a fini son sandwich, s’empare d’une bouteille de limonade et remplit son verre.

RÉDA (accablé)

On part en septembre. J’vais m’ennuyer à mort.

NAZIM (mâche un moment) (bref)

On va se revoir t’inquiète. Réda, c’est mieux que ce quartier pourri.

RÉDA (crispé)

Tous les quartiers se ressemblent.

Le volume de la petite télé augmente. C’est l’heure du JT.

JOURNALISTE

… Le chanteur kabyle Matoub Lounes a été assassiné dans une embuscade, près de Tizi Ouzou…

09. EXT. VILLE D’ORAN / CRÉPUSCULE

La ville s’étend à perte de vue. Au crépuscule. On la parcourt de rues en rues, d’immeubles en immeubles.

10. EXT. VILLA JAWAD / QUARTIER RÉSIDENTIEL / FIN DE JOURNÉE

Plan fixe sur une somptueuse villa visible de loin, dans un quartier calme et propre.

11. INT. CHAMBRE JAWAD / FIN DE JOURNÉE

Sur son lit, JAWAD (18 ans), scotché à l’écran télé. NAZIM est par terre, adossé au lit, l’air las. Ils regardent la finale de la coupe du monde 1998.

JAWAD (à RÉDA) (informe)

Hé Réda ! Ce con parle au téléphone…

Les cris du journaliste. Un deuxième but vient d’être réalisé. JAWAD sursaute. NAZIM déploie un sourire mielleux. REDA apparait.

JAWAD (hurle de joie) (à RÉDA, excité)

Ouais !! Tu veux toujours que le brésil gagne ? Vive la France !

JAWAD tend sa main à NAZIM, qui tape dessus en signe d’alliance.

RÉDA

Mais tais-toi ! Pourquoi tu fais le traître ?

JAWAD

Oh ! Pourquoi soutenir le brésil un pays qu’on n’connaît même pas ! Viens danser Nazim !

JAWAD danse, NAZIM n’a aucune réaction, il semble penser à autre chose.

RÉDA

Nazim !

JAWAD (à NAZIM)

Qu’est-ce qui te prend ? C’est quoi cette tête ?

NAZIM

Mon Bac… C’est foutu.

RÉDA

Qu’est ce tu racontes ? Tu dis n'importe quoi Nazim, n’est-ce pas ?

NAZIM (hoche la tête l’air affecté)

Pas tout à fait…

12. FLASH-BACK. INT. CLASSE / LYCÉE / JOUR / QUELQUES JOURS AVANT

NAZIM regarde sa montre, dessine sur une feuille de brouillon. Il est en plein examen.

NAZIM (V.O)

… Ça n’a pas marché.

13. INT. CAFÉ / ORAN / JOUR

Un homme devant un café noir, un paquet de cigarette, une double-feuille et le sujet d’examen. Il sort de son cartable deux stylos et s’attaque au sujet.

14. INT. CLASSE / LYCÉE / JOUR

Les quelques élèves s’activent sur leurs sujets d’examen. NAZIM regarde sa montre puis déclare :

NAZIM

Monsieur, j’peux aller aux toilettes ?

15. INT. COULOIR DU LYCÉE / JOUR

NAZIM marche avec le prof, dans un long couloir vers la cour.

16. INT. CABINE / W.C DU LYCÉE / JOUR

NAZIM entre et ouvre une poche perfectionné sur son jean, dissimulée sur sa jambe arrière, d’une dimension qui enveloppe toute sa jambe. Il lève les bras un moment cherchant quelque chose sur le rebord d’une petite fenêtre, il ne trouve rien.

FIN DU FLASH-BACK

17. INT. CHAMBRE JAWAD

JAWAD et RÉDA ont rejoint NAZIM par terre. NAZIM remue légèrement la tête, négatif.

NAZIM (blême)

J’ai rien écris dans cette maudite feuille ! J’aurai un zéro…

JAWAD

Tu rigoles, n’est ce pas ?

NAZIM (presque à lui-même) (soucieux)

Le résulta c’est dans trois jours comment je vais faire mon père…

JAWAD (lui donne une tape rassurante)

Te fais pas trop de bile tout finira par s’arranger…

NAZIM hausse les épaules sans répondre. RÉDA regarde JAWAD avec une vague curiosité.

JAWAD

Que veux-tu que je lui dise ? Va te jeter d’un immeuble ?

Silence. NAZIM et RÉDA lui jettent un regard idiot.

18. INT. COUR DE L’IMMEUBLE DALILA / QUARTIER SAINT PIERRE / JOUR

Dans un immeuble délabré de deux étages, une jeune fille sort de chez-elle au premier étage, descend les escaliers. DALILA (15ans), jolie les cheveux châtains, les yeux marron, elle tient un couffin.

Au rez-de-chaussée, une chanson raï romantique émane de l’appartement de (MALIKA). Trois bimbos (24 ans) y sortent, belles, habillées chic, portent des bijoux. DALILA passe, les regardant discrètement. L’une d’elle lui fait un geste de salut. DALILA le lui rend timidement, osant à peine relever la tête.

19. EXT. IMMEUBLE DALILA / JOUR

Une petite camionnette, les quatre pneus crevés est stationnée sur le trottoir de l’immeuble. NAZIM, JAWAD et RÉDA arrivent. JAWAD porte de belles baskets neuves.

RÉDA (appel)

Mourad !! Mourad !!

DALILA sort de l’immeuble au même moment. Les trois bimbos sortent. Les garçons les regardent d’un air admiratif. Le regard de NAZIM est scotché sur l’une des filles. Elle le remarque et lui sourit. Les filles s’éloignent. Les garçons leur dévisagent le dos.

JAWAD (emporté)

Elles sont bonnes !

NAZIM (fixant le dos de la fille)

Jolie derrière, hein ?

MOURAD sort enfin. Toute son attention est tournée vers DALILA qui s’éloigne. Il baisse la tête et remarque soudain les belles baskets de JAWAD.

MOURAD (à JAWAD)

Jolies tes baskets ! Tu disais ?!

RÉDA

Parle-lui de ta voisine Mourad. Nazim c’est ton copain, non ?

NAZIM

Qui ça ?

MOURAD (à NAZIM) (Aux autres)

Laissez-moi tranquille ! Il n’y a rien entre moi et cette fille…

JAWAD (pouffant)

Bien sûr qu’il n y a rien entre toi et cette fille, qu’est ce tu crois ? Faudra que Nazim te prête sa gueule…

20. EXT. ROUTE EN CORNICHE / JOUR

Un vieux véhicule commercial roule sur la route. On découvre à bord sur les sièges avant un vieux chauffeur, RÉDA et MOURAD. NAZIM et JAWAD à l’arrière du véhicule.

21. EXT. VILLE D’ORAN / CRÉPUSCULE

Coucher de soleil sur la ville. L’image est accélérée : En quelques secondes, le soleil s’est couché.

22. EXT. LES URGENCES / HÔPITAL CIVILE / SOIR

Une ambulance arrive. Deux personnes en blouses blanches sortent de l'hôpital. Les ambulanciers ouvrent les portes de l'ambulance et font sortir le père de Nazim couché sur un brancard, un masque à oxygène sur la bouche et le nez. Le corps plein de sang.

23. EXT. ABRIBUS / ROUTE / SOIR

NAZIM, JAWAD et MOURAD sont assis attendent sous un abribus en ruine.

JAWAD (Hargneux)

Qu'est ce qu'il fout Réda ?

MOURAD (agacé) (en colère)

Qu'est ce que tu veux que j'en sache ? Ferme-là ! Tout ça c’est de ta faute !!

JAWAD (calme et drôle)

Je sais, merci c’est gentil m’le rappeler…

NAZIM (fatigué)

Il est sensé nous ramener un clandestin.

NAZIM lève les yeux vers le ciel. Un véhicule s’arrête à leur hauteur, RÉDA et à côté du chauffeur.

RÉDA (accablé)

Nazim, j’ai un truc à te dire…

24. INT. PIÈCE / HÔPITAL CIVILE / SOIR

Un groupe de stagiaires en blouses blanches entourent le lit où gît son père inerte.

25. INT. HALL DES URGENCES / SOIR

NAZIM et RÉDA entrent et portent aussitôt leurs attentions sur la MÈRE assise sur un banc. Ils arrivent devant elle. Un MÉDECIN apparaît, avec une blouse tachée de sang, barbu et avec des lunettes. Il fait signe à une infirmière de venir.

MÈRE (triste) (pleure)

J’ai essayé d’appeler ton oncle, personne ne répond… Ils disent qu’il est tombé, ses collègues n’ont pas pu joindre les secours…

26. INT. COUR / HÔPITAL CIVILE / NUIT

NAZIM et RÉDA courent vers le pavillon de l'allotissement. NAZIM trébuche, manque de tomber, mais RÉDA le rattrape.

27. INT. RECEPTION / LABORATOIRE D’ANALYSES / NUIT

NAZIM et RÉDA arrivent devant l’accueil. Deux hommes y sont. NAZIM leur tend un certificat.

NAZIM (essoufflé)

Excusez-moi, on a besoin de deux poches de sang !

Le téléphone SONNE et l’HOMME 2 repend, il écoute un petit moment puis raccroche.

HOMME 1 (lisant le certificat)

Nous n’avons plus, désolé…

RÉDA

Nous voulons donner du son à son père ! C’est quoi cette hôpital.

HOMME 1

Ecoutez ! Faut trouver des donneurs.

RÉDA

Je suis A négatif !

HOMME 2 (tousse pour s’éclaircir la voix)

C’est possible demain matin, il faut attendre, car le personnel est en congé. Ce n'est pas notre job, le personnel sera là demain matin. Sinon emmenez-le dans une clinique privée.

NAZIM (suppliant)

Pour l’amour de dieu ! Mon père va mourir…

28. INT. MORGUE / NUIT

NAZIM entre et va pleurer sur le cadavre de son père, couvert par un drap. RÉDA choqué, s’accroupit en gémissant. Il est soutenu par MOURAD.

29. INT. CIMETIÈRE / APRÉS-MIDI

L’enterrement du père a eu lieu. Tous ceux qui étaient présents s’éloignent vers la sortie en silence. NAZIM est assis devant la tombe, ébahi et en sanglot. RÉDA et MOURAD le soutient, son oncle est debout à leurs côtés.

30. EXT. IMMEUBLE DALILA / FÉVRIER 1999 / SOIR

Un taxi s’arrête et une femme en descend, c’est la tante de DALILA qui arrive de France. Son arrivée constitue un spectacle pour les jeunes du quartier, rassemblés en silence. Le chauffeur, aidé par MOURAD, sort les bagages du coffre.

31. INT. APPATEMENT DALILA / SOIR

Dans un appartement, deux pièces. Nous découvrons la famille, réunie dans une minuscule salle à manger qui sert aussi de chambre. DALILA est assise à côté de sa grand-mère (76ans). Sa TANTE enlace LEÏLA (2ans). Sa petite sœur MERIEM (7ans) boude dans un coin. DALILA écarte les bras, MERIEM s’approche. La GRAND-MÈRE est heureuse.

32. INT. BALCON / APPARTEMENT DALILA / CRÉPUSCULE

DALILA est debout dans le petit balcon. Derrière dans la pièce en arrière plan, sa TANTE regarde la télé, allongée avec ces nièces.

Un véhicule s’arrêter devant l’immeuble. La portière du côté passager s’ouvre et MALIKA (24ans, Brune, belle, bien coiffée et aisément vêtue d’une Djellaba) sort prenant la direction de l’immeuble. Elle a en main un sac plastique et un sac à main.

TANTE (O.S) (agacée)

Dalila !?

33. INT. APPARTEMENT NAZIM / NUIT

On frappe à la porte. NAZIM (19 ans) ouvre, il est surpris de voir JAWAD (19 ans), les yeux en larmes.

JAWAD (d’une voix triste)

Mon père m’a encore frappé. Un jour je vais prendre son pistolet et lui tirer dessus cette salope. Tu reste un peu avec moi dehors ?

NAZIM

Qu’est ce qui s’est passé ?

JAWAD

Mon père et sa femme… J’ai pété les plombs.

NAZIM

Allez entre, il gel en plus on va dîner… On a un invité maman !

34. INT. CHAMBRE NAZIM / NUIT

Un lit et un matelas, encombrent l’espace. NAZIM occupe le matelas, posé à même le sol. JAWAD grimpe sur le lit et se glisse sous la couverture. Ils regardent la télé. Sur l'écran : la pub, succède le générique de l’émission « Culture Pub ».

JAWAD (cocasse)

J’comprends pourquoi t‘as pas voulu sortir.

NAZIM (décidé) (ton amical, plaisantin)

T’as vraiment un esprit tordu. J’t’emmerde. Tais-toi sinon j’vais te demander de quitter ma place.

JAWAD (plaisant)

Je vais l’dire à Soreya.

NAZIM (sérieux)

Depuis quand ils sont ensemble Soreya et ce type, avec la Renault Mégane bleue ? Celui qui te connaît et tout…

JAWAD écarquille les yeux et reste sans voix.

NAZIM (suite)

Quoi, t’as perdu la parole ?

JAWAD

C’est son cousin, c’est rien…

NAZIM (perplexe)

Ah, d’accord son cousin, je suis bête. Et ils se rencontrent dans des salons de thé, ils vont à la plage en plein hiver…

JAWAD

Ok ! Je te l’ai déjà dit et c’est arrivé. Même si elle est amoureuse, elle n’a pas le choix, le fric appelle le fric… Cette fille est blindée.

NAZIM (rompt)

C’est quoi cette mentalité tordue ?!

JAWAD

C'est être algérien mon ami ! Tu le sais... C'est un émigré et pas comme toutes les autres, il vit en Espagne et ses parents sont bourrés de fric.

Silence.

NAZIM (conteste)

Pourquoi ne pas me l’avoir dis ! J’aurai peut-être évité d’être con.

JAWAD

J’pouvais rien te dire ! Et c’n'est pas le problème. Tout est palpable, C’est plus le lycée ! T’as rien à lui offrir et elle ça l’aide pas… Tu as joué trop sérieux et ce n’est pas bien surtout quand t’es fauché…

NAZIM

C’est exact, j’sais, elle me plaisait bien.

JAWAD (change de sujet)

Je sais, c’est pourquoi on parle d’elle. On sort en boite jeudi ?

35. EXT. QUARTIER EDDERB / APRÉS-MIDI

NAZIM sort de l’immeuble, il voit un véhicule garé et son ONCLE à l’intérieur. NAZIM avance vers le véhicule, il y monte.

36. INT. VÉHICULE / APRÉS-MIDI

L’ONCLE balance son mégot et déclare. NAZIM est un peu contrarié.

ONCLE (flegmatique)

Nazim, mon jugement est dans deux mois Je pars lundi… Et je n’pourrai plus veiller sur toi…

NAZIM (coupe)

Tu vas fuir ?

ONCLE (baisse les yeux) (insiste)

Ecoute… Tu dois continuer, passe ton examen peut-être que t’auras la chance de trouver un boulot.

NAZIM

Tu sais très bien que c’est impossible.

L’ONCLE fait sourit nostalgique sortant une liasse de billets de sa poche.

ONCLE (suite)

Le ramadan c’est pour bientôt… Ouvre l’œil petit, cette ville peut faire de toi ce qu’elle veut.

37. EXT. LES RUES D’ORAN / MARS 2002 / CRÉPUSCULE

C'est le mois de ramadan. Les rues sont quasi désertes, plus une seule voiture ne circule. Les derniers passants se pressent à rentrer chez eux.

38. INT. APPARTEMENT MALIKA / CRÉPUSCULE

Une légère lumière d'ambiance donnée par le soleil couchant. Dans la salle à manger, une table, est dressée, bien garnie. DALILA (18 ans), sort de la cousine et passe devant les deux femmes, suivie de MALIKA (27 ans), portant une assiette contenant de la nourriture.

MALIKA

Tu veux déjeuner avec moi et les filles ?

DALILA (aimable)

Un autre jour peut être. Merci Malika.

On entend le Muezzin et son appel à la prière et à la rupture du jeûne.

39. EXT. VILLA JAWAD / APRÉS-MIDI

Le ciel est bleu et le soleil est éclatant. JAWAD (22 ans) franchit le seuil de la porte. Déverrouille les portières de sa MERCEDES. Il monte et fait tourner le moteur, un petit moment, puis il démarre lentement. Il passe devant une vieille voiture très amochée et mal garée. Il l’examine, puis arrive à hauteur d’un type.

JAWAD (bref)

Rachid ! Ça va… ? C’est quoi cette voiture piégée !

TYPE (tire sur sa cigarette)

J’sais pas… peut-être que son propriétaire en a eu marre.

40. EXT. AVENUE / APRÉS-MIDI

DALILA flâne dans une avenue passante, s'arrête devant un magasin de vêtements et regarde les articles exposés dans la vitrine. Puis marche et s'arrête soudainement, le visage figé. De l'autre côté de la rue, un jeune garçon sort d'une pizzeria tenant une jeune femme par la main. Ils se mettent en marche lancés dans une conversation animée. DALILA fait demi-tour et entre dans la boutique.

41. EXT. MAGASIN DE TELEPHONE MOBILE RÉDA / AVENUE / APRÉS-MIDI

A une cinquantaine de mètres RÉDA (23 ans) surgit d’un un magasin. JAWAD dans sa MERCEDES passe à vive allure, il KLAXONNE. Une jeune femme vêtue d’un pantalon jeans, chemise et foulard (hijab), passe.

RÉDA (charmeur)

Tu m’donne ton numéro ? J’ai rêvé de toi hier…

La jeune femme lui adresse un regard sombre.

RÉDA (suite, détaché) (moqueur)

Pourquoi t’es venimeuse… ? Le hidjab et le pantalon serré, bravo !

Son regarde se pose sur une jeune fille blonde. Elle sourit et lui lance un regard de connivence.

42. EXT. AVENUE / APRÉS-MIDI

On suit DALILA qui traverse la route. Elle attend plusieurs minutes à l'angle. Des voitures passent et aucun taxi. La MERCEDES arrive. Une chanson Pop, défile à un volume élevé à l’intérieur. JAWAD ralentit devant elle, baisse le son. DALILA ne branche pas.

JAWAD (galant, roule à côté d’elle)

Salut, où tu vas ?

JAWAD la regarde un bref moment, toujours rien.

JAWAD (suite, redémarre)

Pauv’conne va !

La MERCEDES débouche d’une ruelle en direction du centre-ville.

43. EXT. QUARTIER EDDERB / APRÉS-MIDI

On voit passer la MERCEDES et on y entend une chanson Rap. Elle passe devant un groupe de jeunes désœuvrés postés dans un coin. L’un d’eux lui lance en HURLANT : Baisse le son enculé !

JAWAD s’arrête devant un JEUNE GARÇON, qui tient une petite échoppe de cigarettes.

JAWAD (baisse le volume)

Qu’est ce qu’il a, il est jaloux ?

JEUNE GARÇON (ingénu)

C’est un criminel, alors ferme ta gueule ! Mon ami.

JAWAD (regarde la fenêtre de NAZIM)

J’connais… Alors ça va, où est Nazim ? T’as pas vu Dino ?

JEUNE GARÇON

Tu veux du Diazépam ? Attends l’Aïd ! Respecte ta religion !

JAWAD (drôle) (prend un air sérieux)

J’veux ta sœur. Je viens exprès pour elle, elle a grandi hein ?

JEUNE GARÇON

Vas te faire foutre Jawad ! Dino, les flics l’ont choppé hier.

JAWAD sort un billet de 200 dinars le tend au JEUNE GARÇON.

JAWAD

Merde… ! Tu vois je viens jusqu’ici pour m’acheter les clopes et tu penses toujours que je suis mauvais… l’USMA ils ont fini combien ?

Le JEUNE GARÇON lui sert un paquet machinalement et lui rend la monnaie tout en continuant à parler avec lui.

JEUNE GARÇON (bref)

Un, zéro…

JAWAD (redémarre)

Le Mouloudia ne tombera jamais !

44. INT. SALLE DE SÉJOUR / MAISON RÉDA / CRÉPUSCULE

RÉDA est assis sur le canapé. Les yeux plongés dans l'écran télé, il regarde un match de foot. Devant lui sur la table basse un soda. Sa SŒUR, (19 ans), en tee-shirt et pantalon jeans. Descend les escaliers et vient s'asseoir près de lui.

SŒUR (regardant l’écran)

Qui mène le jeu ?

RÉDA (la scrute discrètement)

À ton avis… Tu supportes qui ?

SŒUR (gloussant)

Le Real… Qui n’aime pas Zidane…

RÉDA secoue la tête un peu déçu. Elle pose son dos sur le divan, regarde RÉDA qui essaye de se concentrer sur le match. Il la regarde.

RÉDA

T’as rien à faire ? Laisse-moi regarder mon match.

Le portable de RÉDA vibre sur la table. Il le colle à son oreille.

VOIX JAWAD (bref)

Ouais ! On se soûle la gueule ?

RÉDA regarde sa sœur et se lève.

RÉDA (à sa sœur, plaisant) (sérieux)

Absorbe-la ta télé… Hé ! J’veux pas voir MTV !

VOIX JAWAD

Combien t’as sur toi ?

RÉDA

Et Nazim ?

VOIX JAWAD

Je vais le psychanalyser on va dire.

RÉDA (à sa sœur)

Nos parents entre quand ?

45. INT. ESCALIERS / IMMEUBLE DÉSUET / NUIT

NAZIM (22ans), en tenue de soirée, descend les escaliers doucement. Arrive devant un petit garçon qui pleure à tue-tête.

NAZIM (d’une voix fatiguée)

Arrêtes de gueuler Pipo…

NAZIM sort de l’immeuble et s’arrête sur le seuil. LA MERCEDES s’arrête devant lui.

46. INT. MERCEDES / NUIT

JAWAD est au volent, RÉDA sur le siège passager parle au téléphone avec une fille.

JAWAD

Dis, tu n’vas pas parler au téléphone toute la soirée ? Parce que si c’est le cas moi j’rentre chez-moi !

RÉDA ne branche pas. NAZIM apparaît devant la fenêtre de JAWAD.

JAWAD (suite, à NAZIM)

Tu veux conduire ? J’veux rouler un joint.

NAZIM

Tu m’as appelé juste pour conduire à ta place ?

JAWAD (ouvrant sa portière)

J’t’emmerde. Tu ne va rien foutre de toute façon…

JAWAD prend place à l’arrière et NAZIM s’installe au volant.

RÉDA (au téléphone) (à NAZIM)

Attends ma chérie… Nazim ! Ça va mon ami ?

JAWAD (à RÉDA, taquin)

Elle se fait des films parce que son petit copain se fait des films.

RÉDA

Ta gueule !

Ils rient. La MERCEDES s’éloigne et disparait au coin de rue.

47. INT. CHAMBRE DALILA / NUIT

Une petite lampe de chevet l'éclaire doucement la pièce. Des livres, des photos dans des cadres, posées sur un meuble. Sur une des photos : DALILA à l'âge de six ans, avec ses parents. Ils sont heureux, derrière eux le monument d'Alger. DALILA est installée devant une petite table de travail, devant ses cahiers. Elle parle au téléphone avec une amie.

DALILA (affligée, prête à pleurer)

Il était là devant ma fenêtre… Je ne peux pas l'abandonner…

VOIX FILLE

Une seconde, mon frère croit que je parle avec un mec…

DALILA se lève et sort de la pièce. Toujours au téléphone, elle traverse le couloir plongé dans une semi-obscurité et pénètre dans la cuisine.

DALILA

C’est complètement naïf mais…

VOIX FILLE

Faut que tu changes Dalila ! Il est en train de t’abandonner !

DALILA ouvre le frigo, inspecte son contenu, rien à bouffer, elle le referme, l’air blasé.

48. INT. DISCOTHÈQUE / NUIT

La salle est sombre, on voit la fumée des cigarettes, comme un brouillard épais au-dessous des spots qui éclairent le bar. Les gens, excités, dansent sur une chanson Raï satirique. JAWAD attablée avec NAZIM, finit de remplir son verre. NAZIM le regarde.

JAWAD (saoul)

J'me sens pas bien moi… C’est chiant…

NAZIM

T'as qu’à arrêter !

RÉDA s’assoit.

RÉDA (pointe la piste de danse)

Hé ! Vous avez vu la fille qui danse avec ce gros débile.

RÉDA ingurgite d’une traite son verre et s’éloigne, s’enfonçant dans la foule. NAZIM le suit des yeux. Il regarde d'une façon à la fois dégoûté et ébahit ce monde de débauche, quand une fille se penche vers lui, elle est belle et porte une robe courte.

FILLE

Hé ! Mon beau.

NAZIM la reconnait, lui sourit. La fille s’éloigne.

JAWAD

C’est qui ?

NAZIM (se lève)

Tu connais pas… J’vais aller pisser !

49. INT. W.C / NUIT

NAZIM entre et trouve deux HOMMES ivres. L’HOMME 1 tient la veste de son ami qui vomit penché contre la cuvette. L’HOMME 1 considère NAZIM un court instant. Lui tend la veste. NAZIM l’attrape. L’HOMME 1 lui sourit gentiment et entre dans une cabine. NAZIM attend un moment, hésite une seconde, puis met sa main dans la poche de la veste et en sort une liasse de billets. L’HOMME 1 sort de la cabine, regarde autour de lui. NAZIM n’est plus là. Son ami s’écroule soudain.

50. EXT. ROUTE / MERCEDES / NUIT

La MERCEDES est garée au bord d’une route, NAZIM est assis sur le capot fumant une cigarette. À l'intérieur du véhicule, le silence est dominant. JAWAD à l'avant, RÉDA est avachi sur la banquette arrière. Ils semblent assez saouls. JAWAD descend. Il ne tient presque pas debout.

RÉDA (insiste) (râleur)

On est descendu à la corniche, forcément tu devais prendre tes clés !

JAWAD

J’ai oublié bordel ! J’ai plus ma tête moi… T’as qu’à louer une chambre !

RÉDA (râleur)

M’appelle plus jamais d’accord ! Tous des cons ces fils à papa…

JAWAD (accrocheur)

T’as un problème avec ça… ? Tu veux qu’on règle ? Allez sors !

NAZIM balance son mégot et descend du capot.

RÉDA (en ouvrant sa portière)

Bien sûr qu’on va régler ça ! vite fais en plus !

NAZIM l’empêche de sortir en lui refermant la portière brutalement.

RÉDA

Dégage, il me cherche depuis un long moment !

NAZIM (en rogne)

Vous êtes ivres et vous faites chier !!

RÉDA

A cause de lui on raté des salopes ! Et toi, j’comprends pas pourquoi tu voulais quitte cette endroit aussi précipitamment ?

NAZIM hésite à répondre. JAWAD titube et s’écroule sur ses genoux en pleurant, sous les yeux étonnés de ses deux amis.

JAWAD (larmoyant)

Nawal. Ma petite amie… Je suis allé à Bousfer avec elle… Il me faut… Il me faut du fric…

NAZIM (souriant)

J’ai compris… il la fait…

RÉDA (hilare)

C’est tout !? C’est à cause de ça que tu t’es mis dans cet état ?

Un fou-rire s’empare de RÉDA et NAZIM.

JAWAD (complètement largué)

Mais pourquoi vous vous foutez de ma gueule ?

51. EXT. CLINIQUE / SALLE D’ATTENTE / SOIR

Une infirmière quitte une chambre et passe devant NAZIM qui attend d’un air fébrile. Le docteur arrive devant lui NAZIM se lève, le regard inquiet.

LE DOCTEUR (explicatif)

Elle doit rester ici ce soir ! C’est son taux de diabète, elle ira beaucoup mieux demain, Inch’Allah…

52. INT. COUR DE L’IMMEUBLE DALILA / NOVEMBRE 2004 / JOUR

DALILA (21ans) pénètre dans le hall, elle fredonne, une chanson kabyle. Passant devant MALIKA (29 ans), qui vient de sortir de chez elle. Elle est absorbée par la voix.

53. EXT. IMMEUBLE DÉSUET / JOUR

NAZIM (24ans), sort de l’immeuble, blouson en cuir et pantalon jeans. Il croise des gens du quartier de tout âge. NAZIM les salue presque tous. Un jeune garçon l’accoste.

JEUNE (sort une montre de luxe)

C’est une Bulgarie une vraie !

NAZIM (plaisante, la prend et l’examine rapidement)

Sang blague ? Tu la ramènes d’où, d’Italie… ?

JEUNE

C’est un type qui arrive de Marseille pour toi c’est cinq milles.

NAZIM la lui tend, s’prêtant à partir.

JEUNE (suit, le retient)

Ecoute ! Garde-la trouveras forcément un acheteur…

Plus loin un véhicule l’attend. Deux hommes, qu’on ne voit pas, sont installés à l’avant du véhicule.

54. INT. VOITURE / JOUR

NAZIM ouvre la portière glisse à l’arrière. L’HOMME 1 lui tend une carte d’identité Française.

HOMME 1

Tiens, beaux-gosse !

NAZIM

Nasro, ça va ? Chahro comment il va ?

HOMME 1

Il va bien merci.

HOMME 2 (ton amical)

Nazim… !

NAZIM

La prochaine fois appelle-moi sur mon portable ne klaxonne pas devant chez-moi, s’il te plaît.

HOMME 2 (bref)

J’avais pas de crédit. Tu m’offre un café ?

L’HOMME 2 démarre. NAZIM examine la carte d’identité. C’est une fausse avec sa photo.

NAZIM (ton taquin)

Qui a choisi le nom ?

HOMME 2 (badin)

Mon épouse.

55. INT. CHAMBRE MALIKA / JOUR

MALIKA est assise sur le lit, un sèche-cheveu à la main, en train de sécher les longs cheveux de DALILA, assise à même le sol.

DALILA

Qu’est ce qui te plaît ?

MALIKA

Ce qui me plaît pas c’est l’ennuie. Et toi ça va, t’as un petit ami ?

DALILA

Oui et non, en tout cas il croit que je suis sa petite amie.

MALIKA (enjouée)

Toi t’es vraiment une fille du quartier.

Elles rient.

MALIKA (suite)

Je t’entends chanter des fois, t’as une jolie voix tu sais ? C’est vrai ! j’ai jamais entendu d’aussi beau…

DALILA

Ah oui… ? J’ai entendu du bruit chez toi hier… ?

MALIKA

Oui cette conne, je l’ai foutue dehors. Vous avait tous entendu ?

DALILA

Oui ! Sauf Mama, elle n’saisit plus rien.

MALIKA

J’suis entrée chez-vous hier matin… ta tante ne vient plus ?

DALILA

Ouais ! Elle va venir cet été, peut être… En fin j’sais pas trop…

MALIKA (l’interrompt)

J’ai une jolie robe tu veux l’essayer ?

56. INT. IMMEUBLE DÉSUET / APRÉS-MIDI

La MERCEDES s’arrête devant l’immeuble et JAWAD KLAXONNE. Il est avec une fille, complètement tassée dans son siège, totalement penché en arrière, comme pour ne pas qu’on la voit.

FILLE (étonnée)

Nazim habite ici ?

JAWAD (Pétard au bec)

Pourquoi ça te dérange ?

JAWAD allume son joint et redémarre.

57. INT. BAR / NUIT

Quelques clients. NAZIM est installé devant le comptoir sirotant un Coca, à côté d’un HOMME (50ans), allure d’homme d'affaires un peu trapu. Devant son verre de Whisky, cigarette éteinte entre les lèvres, cherchant dans ses poches. NAZIM tend un briquet. L’HOMME l’examine discrètement, puis ses yeux se posent sur le verre de Coca.

HOMME (sourit gentiment)

Comment vous faites pour boire du Coca dans un bar plein d’ivrogne ?

NAZIM (sourit acolyte)

Je n’veux pas boire ce soir.

NAZIM sort une carte bancaire étrangère et fait semblant de s'être trompé, puis sort un billet de dix euros, le tend au barman.

NAZIM (avec un français impeccable)

Vous acceptez l’euro ?

BARMAN

Bien sûr qu’on accepte mon garçon…

NAZIM (à L’HOMME) (au barman)

Je viens de faire trois fois l’aller-retour en un mois, un record. Offrez à mon ami un autre verre !

HOMME

Vous n’êtes pas Algérien ?

NAZIM (sourire amical)

Non, j’m’appelle Gérard Basso et je viens vendre la maison de mes grands parents.

HOMME (lui serrant la main)

Djamel ben-Rabah.

NAZIM

J’vais être franc, j’ai besoin d’un petit service, je ne connais personne ici et je n’ai pas encore trouvé d’acquéreur.

HOMME

La maison se trouve où ?

NAZIM

A Saint Eugène un petit pavillon.

HOMME

Et, est-ce que la ville vous plaît ?

NAZIM

Oui, ça va, si on évite de s’enfoncer…

L’HOMME hoche la tête de haut en bas en fixant le fond de son verre d’un œil sérieux.

58. EXT. IMMEUBLE DALILA / APRÉS-MIDI

Un TYPE en compagnie de MALIKA, gare sa voiture au moment où DALILA sort de L’immeuble. Il hausse soudain les sourcils quand il voit DALILA.

TYPE (les yeux sur DALILA)

C’est qui, ta voisine ?

MALIKA contrariée, lui jette un regard maussade.

59. INT. BUREAU DU NOTAIRE / JOUR

NAZIM et l’HOMME, rencontré au Restaurant sont assis sur les deux fauteuils visiteur face à un Notaire, qui fait le tour de son bureau et s'enfonce dans son fauteuil. Il ouvre un dossier. Une secrétaire entre dans le bureau. Le dialogue de JAWAD défile.

JAWAD (V.O)

Les enfoirés ! Ces crétins encaissent du fric avec ta gueule et toi t’es là, bouche-bée !

60. EXT. QUARTIER EDDERB / MERCEDES / NUIT

La rue est déserte. Des sacs-poubelles sont étalées près de chaque entrée d’immeubles. Un léger fond musical est présent c’est la RADIO de La MERCEDES garée le long du trottoir. NAZIM est assis sur un banc face à JAWAD (24 ans), assis sur le marchepied de sa voiture. Il a déjà roulé son joint et commence à siroter sa bière. Ils discutent.

NAZIM (suite, bref)

Qu’est ce que ça peut te foutre du moment où je survis…

JAWAD (tire sur son joint)

Y a rien à faire c’est vrai, rien n’a changé, c’est ça l’bled… Dieu merci, moi je vais bientôt partir… T’as vu ce que les américains ont fait aux irakiens ?

NAZIM (ton espiègle)

Tu fais cent fois les allers-retours sans aucun intérêt depuis des années, pourquoi ne pas aller les combattre ?

JAWAD, est complètement stone. Il passe le joint à NAZIM.

JAWAD (informe)

Putain ! Demain, je pars à Alger ramener mon visa… Heureusement que dans quelque temps ils vont ouvrir un Consulat à Oran…

Soudain un scooter qui ronronne bruyamment, s’approche d’eux. C’est MOURAD (24ans). Le bruit augment de plus, en plus. MOURAD s’arrête, coupe le contacte et tout redevient calme. Il stationne et avec ses pieds il touche quelques canettes vides.

MOURAD (à JAWAD) (agacé)

Pourquoi ne pas salir à côté de chez toi ? Ce peuple ne veut pas s’éduquer…

JAWAD

C’est bon, lâche-moi ! Et toi avec ton bruit !

MOURAD (à NAZIM) (à JAWAD)

Tu traines toujours avec ce cinglé ? Donne-moi une cigarette !

NAZIM (ludique, tire sur son joint)

Qu’est ce que tu veux… C’est la vie.

JAWAD tend son paquet de cigarettes à MOURAD pour qu’il s’en serve.

MOURAD (raconte à NAZIM)

On a prit un Taxi ensemble, il y avait une fille avec nous. Jawad s’est assis à côté d’elle…

MOURAD allume sa cigarette. JAWAD veut dire quelque chose.

MOURAD (à JAWAD) (à NAZIM)

Attends, laisse-moi raconter ! Il devait partir à Place des Victoires, il est allé avec moi à Gambetta…

NAZIM rit de plus belle.

MOURAD (rit)

J’l’oublie une seconde et j’le trouve en train de Tchatcher, il-lui parlait de philosophie… Et la meilleure, il devait aller en urgence récupérer la voiture de son père…

Les jeunes rient de plus belle.

JAWAD (ironisant) (consulte sa montre)

Réda va devenir flic, j’n’arrive pas y croire… Faut que je rentre.

JAWAD glisse sur son siège, fait tourner le moteur. Ferme sa portière et engage la vitesse, desserre le frein à main se préparant à démarrer.

JAWAD (suite)

Bonne nuit les filles !

JAWAD démarre en trombe, sous les regards désabusés de ses amis.

MOURAD

Il va rester gamin toute sa vie. Ce gars est un vrai fouteur de merde. Moi si j’étais comme lui…

NAZIM (casse)

Occupe-toi Mourad ! Tu n’vas plus au souk ?

MOURAD

Ils m’ont encore saisi. Je vais ouvrir un tabac-journaux avec mon frère, mais je n’sais pas ce qui trafique, un dossier pour l’emploi de jeune je crois…

NAZIM

Bien. J’connais quelqu'un… C’est le cousin de Hamza, tu connais Hamza ? Il est en Allemagne maintenant.

MOURAD (ingénu) (amusant)

Ouais… Tous ceux qu’on connaît ont quitté le pays. Cet été J’vais me concentrer sur une « Imigria ». Je vais faire de la musculation, tu vas voir…

NAZIM rit.

MOURAD (suite, s’étire contemplant le ciel)

La plage est superbe cette nuit…

61. INT. CIMETIÈRE / AVRIL 2006 / APRÉS-MIDI

NAZIM (26 ans), est devant la tombe de son père. Tout est désert. Une PEUGEOT 307 vient de s’arrêter à quelques mètres plus loin. JAWAD (26 ans) apparait. L'instant d'après, il s'arrête près de lui.

JAWAD (drôle, faisant un sourire errant)

Tu sais ce qui est drôle… On n’saura jamais qui sera le suivant…

NAZIM (d’une voix fatiguée)

Qui t’a dit que j’étais là ?

JAWAD (ingénu) (pause)

Tu n’repends pas au téléphone. Tu fous quoi ?

NAZIM

Je suis venu voir la tombe de mon père.

JAWAD (regarde autour de lui)

Mais encore ? On n’est pas dans un film… Tu viens avec moi ? J’veux voir la tombe de maman. Ensuit on va s’éloigner de ville.

62. INT. PEUGEOT 307 JAWAD / ROUTE EN CORNICHE / FIN D’APRÉS-MIDI

NAZIM conduit, JAWAD est au siège passager, il confection un joint.

JAWAD

T’as regardé le match d’hier ?

NAZIM fait non de la tête.

JAWAD (casse) (excité)

Barcelone ! T’as raté le spectacle de ta vie ! Hier c’était du foot, vive le Barça !

NAZIM (ironisant)

T’es pas sorti avec le drapeau Espagnol toi aussi j’espère ?

JAWAD (plaisantant) (tire sur son joint)

T’as vu ce qu’ils ont fait ? Les cons… Mourad comment il va ?

NAZIM

Il va bien… Il à une 205 et travaille comme clandestin de nuit.

Une SONNERIE de téléphone portable retentit.

63. EXT. PEUGEOT 307/ FIN D’APRÉS-MIDI

La voiture arrive au virage et passe sous le surplomb d’une montagne. NAZIM le téléphone collé à l’oreille, zigzaguant lentement au gré des virages.

NAZIM (au téléphone)

Penser à moi, c’est peut être pas un truc bien… ouais bonne nuit.

Il raccroche.

JAWAD

Tu gagnes ta tranquillité ?

NAZIM (lui adresse un rictus)

C’est pas les femmes qui manquent, c’est l’argent.

JAWAD

Evite d’utiliser la même oreille quand tu réponds au téléphone, utiliser les deux côtés… ça t’évitera le Cancer…

NAZIM rit.

JAWAD (suite)

J’ai vu ça dans une émission…

NAZIM (instantanément)

T’as pas encore dit pourquoi t’es revenu du Canada ?

JAWAD

Écoute ! On est algérien, non… Vive l’Algérie… ! Et comment elle va ma tantine ?

NAZIM reste silencieux un court moment.

NAZIM (Il double un véhicule) (se lâche)

Les analyses sont trop coûteux et vu les résultats j’ai peur qu’elle passe à la Dialyse. Chaque médecins à son idée ça m’rend fou…

JAWAD (amusé) (sérieux)

Nos médecins font deux ou trois interventions et vont claquer leurs thune en Espagne, c’est légitime… J’ai une affaire !

NAZIM (lucide)

Ouais Jawad, je connais tes affaires...

JAWAD

Je suis sérieux tu veux rester les bras croisés et la regarder souffrir. J’ai perdu ma mère à cause de ce genre de conneries…

NAZIM (fatigué)

Raconte-moi ton affaire et arrête de m’faire chier.

64. EXT. PEUGEOT 307 JAWAD / ROUTE / FIN D’APRÉS-MIDI

La PEUGEOT 307 traverse une campagne paisible. Le pneu de la voiture se heurte à un trou, elle oscille brutalement.

JAWAD (protestent, drôle)

C’est ça, continue à viser les trous !

NAZIM n’y prête aucune attention, habitué aux critiques de son ami.

NAZIM

Le type ne va jamais croire ça… !

JAWAD

Tu te souviens quand on était à l’hôtel, tout le monde a cru que t’étais français, tais-toi ! Tu bosses au consulat et tu peux lui assurer le visa comme si c’était à ton père tout ça…

NAZIM (rompe)

Ça sent la galère ton truc…

Une fois encore le véhicule oscille brutalement. JAWAD soupire nerveusement. NAZIM accélère légèrement.

NAZIM (suite, proteste)

Des routes saturées de trous, c’est quoi ce bled !

JAWAD (fatigué)

Ils ont construit le Sheraton et pas les routes. T’es parti en boite ?

NAZIM fait non de la tête.

JAWAD (suite)

J’ai passé quelques soirée-là. J’te jure qu’ici, trop de fric circule.

NAZIM

Ouais, mais on ne sait pas où il circule. Parle-moi du gars ?

JAWAD

C’est un jeune débile qui veut quitter le bled, il est prêt à virer son fric, il rêve. C’est une vraie victime. Son père travaille au parlement, mais lui il est du genre canaille. Une vraie terreur…

65. INT. APPARTEMENT NAZIM / SOIR

Un bruitage de moutons provient de l’extérieur. La mère de NAZIM est assise regardant la télé. Sur la table basse, des médicaments et des restes de nourriture. Elle est restée toujours belle malgré sa fatigue et sa maladie. NAZIM apparaît en tenue de soirée.

NAZIM

Maman, tu sais où est ma montre ?

Sa mère masse une légère douleur dans la nuque.

NAZIM (suite, soucieux)

Ça va, maman ?

MÈRE

Oui, ça va… Tu disais ?

NAZIM s’assied à côté d’elle.

NAZIM (la voix empressée)

Est-ce que tout va bien ?

Sa MÈRE lui caresse le dos. NAZIM lui prend la main.

MÈRE

Qu’est ce que tu fais de des journées ? T’as une copine ? Et tes amis, c’est des gens honnêtes ?

NAZIM (en cœur)

Je t’aime maman.

MÈRE

On n’a pas fait le sacrifice de l’Aïd depuis que ton père est parti. Combien… ?

NAZIM

J’ai voulu te faire plaisir à toi et aux enfants de la voisine. Fatima, sa fille m’a raconté qu’ils n’ont jamais fait le sacrifice.

MÈRE

Tu n’devais pas sortir ?

NAZIM la regarde avec un sourire tendre. Sa MÈRE le lui rend avec affection.

66. INT. PEUGEOT 307 JAWAD / SOIR

JAWAD au volent de sa voiture garée, le portable collé à l’oreille.

VOIX NAZIM

Je vais louer un film et dormir.

JAWAD

D’accord, comme tu veux… Bonne nuit mon ami.

JAWAD raccroche et avale d’un trait ce qui reste de sa bière.

67. INT. DISCOTHÈQUE ATMOSPHÈRE / HÔTEL SHERATON / NUIT

La salle est bondée. Un climat musical « House ». NAZIM est debout dos au bar, habillé très chic. A sa gauche il remarque une fille de son âge. C'est (ANNA), une française. Debout sur la piste, le regarde, elle sourit et danse formidablement. Il la regarde avec admiration. ANNA termine et arrive devant lui. Elle fait signe au barman et regarde NAZIM du coin de l'œil, un rictus aux lèvres.

68. INT. SALON / APPARTEMENT ANNA / NUIT

Le salon est grand, style occidental bien décoré. Trois verres de whisky posés sur la table basse, une lame de rasoir et de la poudre blanche.

Un jeune garçon à allure efféminé, tend un verre à ANNA puis à NAZIM, qui ne réagit pas, enfoncé dans son fauteuil, le regard brouillé et le nez saupoudré. Le garçon éclate de rire. NAZIM vide son verre, le pose et s’éloigne vers la salle de bain, suivi par ANNA. Il se passe de l'eau sur le visage.

On frappe à la porte et ANNA attrape NAZIM par la chemise et l’attire dans la chambre. Elle claque la porte derrière eux.

69. INT. CUISINE / MATIN

ANNA est seule dans la cuisine. Elle prépare le café. NAZIM pénètre.

ANNA

Donne-moi ton téléphone !

NAZIM lui tend son portable. Elle compose son numéro.

ANNA (suite)

Alors, tu t‘appelles Nazim. Nazim fait quoi dans la vie ?

NAZIM (charmant)

Je suis magicien.

ANNA (sourit) (sérieuse) (plaisante)

Ça gagne pas beaucoup les magiciens… Je travaille au consulat de France. Si jamais t’as envie de quitter ce pays.

Ils sourient. La main d’ANNA rejoint celle de NAZIM. Elle se serre contre lui.

70. INT. STADE DE FOOT / COMPLEXE SPORTIF / FIN DE JOURNÉE

NAZIM est en sueur, vêtu d’une tenue de sport. Assis dans les gradins en compagnie de JAWAD, fumant une clope. Devant eux des joueurs de foot. Dans un coin un groupe de jeunes dansent la Capoeira. JAWAD les regarde avec un sourire narquois.

JAWAD (drôle)

Les jeunes de ton quartier me font de la peine…

NAZIM

Pourquoi ne pas faire un peu d’exercice et arrêter de faire le comique ?

JAWAD (ironisant) (sérieux)

Tu veux que mon cœur s’arrête… ? Tu sais qui était ce con ? Capello tu sais qui c’est ?

NAZIM

L’entraîneur du real, je crois…

JAWAD

Je n’parle pas de lui ! Je parle… Ecoute… On a fait une connerie.

71. INT. VOITURE / RUELLE / NUIT

Gros plan sur TAYEB (55ans), côté passager, en très mauvaise humeur. Au volant HOUARI (21ans). Sur la banquette arrière se tiennent NAZIM et BRAHIM, un homme de couleur (37ans), grand et bedonnant.

BRAHIIM (scrutant NAZIM) (à NAZIM)

On ne dirait pas que c’est un bandit… Tu te crois malin ? Il a l’air de quelqu’un de bien…

TAYEB (aigrement) (à Houari)

Ils finissent en prison tes malins ! T’as éteint les lumières ?

HOUARI

Ouais !

BRAHIM jette un regard moqueur sur NAZIM qui baisse la tête.

TAYEB (à BRAHIM, en colère)

Ce qu’on voit dans la vie c’n’est pas toujours la vérité, n’est ce pas. Il a volé le fils de ma sœur ! Tu veux que je lui fasse quoi!

BRAHIM (tente de s'excuser en marmonnant)

C’est un enfant du quartier…

TAYEB (à NAZIM) (abject) (cri)

Tu vis avec ta mère, tu te trouve un job et tu découvres que c’est pas du tout lucratif alors tu te lances dans l’escroquerie comme nous tous, soudain tu es tout seul… Si toi et ton copain vous ne me remboursez pas je vais être obligé de vous envoyer en prison. Et je n’en ai rien à faire de ta maman !

72. INT. PEUGEOT 307 JAWAD / CENTRE VILLE / APRÉS-MIDI

La voiture roule dans un boulevard. L’AUTORADIO diffuse de la musique. NAZIM regarde dehors. JAWAD conduit en tapant le rythme sur son volant.

JAWAD (pointant un immeuble)

J’sors avec une fille, elle fait de la guitare et tout, Nirvana… Elle habite juste là.

NAZIM voit un petit groupe de ressortissants français (des pieds noirs, en pèlerinage). JAWAD ralentit à leurs hauteurs.

NAZIM (étonné)

Tu veux faire quoi ?

JAWAD (crie) (rit, redémarre)

Nique la France !!

73. EXT. PEUGEOT 307 JAWAD / FALAISE / FIN DE JOURNÉE

La voiture est garée dans une falaise qui surplombe la mer. L’endroit est calme. NAZIM contemple la mer, appuyé sur le capot. JAWAD, roule un joint, vautré dans son siège.

JAWAD (descend de sa voiture)

On fait quoi pour trouver ce fric ? T’es sûr qu’il a dit mon nom ?

NAZIM

Quoi, tu veux me laisser tomber ?

JAWAD (allume son joint)

Non ! J’vais pas me dégonfler… Tu as combien ?

NAZIM (soupire)

Heu … Un million.

JAWAD (agacé)

Merde ! T’es sérieux ? Foutu problème !

Silence. NAZIM regarde l’horizon. JAWAD lui tend le joint. NAZIM fait non de la tête.

JAWAD (informe)

J’ai la clef de la Mercedes, je l’ai gardé comme ça, souvenir… Oublie c’est le meilleur ami de mon père et un voisin en plus.

Il y a un court silence. JAWAD balance sa tête, complètement stone.

NAZIM

T’es défoncé…

JAWAD (déprimé)(explicatif)(hésite, sourit)

J’voulais installer un 4 lire 4 dans la Benz… ! Et puis ça n’va pas le tuer… On la prend ?

NAZIM

On réfléchit encore, non ?

74. INT. MERCEDES / ROUTE / APRÉS-MIDI

NAZIM conduit l’air inquiet. Son portable SONNE il sursaute, puis décroche.

MONTAGE ALTERNE ENTRE LA MERCEDES ET LA CHAMBRE DE JAWAD.

JAWAD (anxieux)

Alors, ça va ?

NAZIM

Qu’est ce qu’il y a ?

JAWAD

Rien, je suis en train de stresser c’est tout.

NAZIM

Ça va, j’ai même serré une voiture de flics sans faire attention.

75. EXT. BANLIEUE INDUSTRIELLE / QUELQUES MINUTES PLUS TARD

On est au cœur d’une banlieue industrielle poussiéreuse. Un conglomérat de béton construit à la va-vite, des hangars, des entrepôts ainsi que des carcasses de voitures, des anciennes machines industrielles. Des épaves métalliques à perte de vue.

76. INT. MERCEDES/ HANGAR BRAHIM / APRÉS-MIDI

Sur une enseigne on peut y lire : « réparations pare-chocs chez Brahim ». NAZIM s'arrête devant un hangar, il KLAXONNE pour dire qu'il est là. Tout est désert. Rien ne se passe. Il descend et avance vers le hangar. Il y entre et disparaît un petit moment, puis apparaît effrayé revenant vers la voiture en courant. Une meute de chiens courent après lui en aboyant de plus belle. Il glisse à l'intérieur. Un véhicule s'arrête.

77. INT. HANGAR BRAHIM / QUELQUES MINUTES PLUS TARD

Nous sommes dans un vaste hangar, où se trouve une douzaine de voitures de haute gamme, des ouvriers démontent les pièces. Le bureau est au fond.

78. INT. BUREAU / APRÉS-MIDI

C’est une pièce vitrée luxueusement décoré et meublé d’antiquités. NAZIM est maintenant assis face à BRAHIM, devant son gigantesque bureau. Il fixe NAZIM avec malveillance, visiblement en mauvaise humeur. Derrière lui se trouve le portrait de l’ancien président « El-houari Boumediene ».

BRAHIM (d’une voix sourde)

Dis-moi petit, t’es malade ?

NAZIM

Je sais…

BRAHIM (consterné)

Non ! Tu ne sais rien !

NAZIM se fait petit. BRAHIM demeure un moment silencieux. Ouvre le tiroir de son bureau, sort des liasses de billets sortis tout droit d’une banque.

BRAHIM (suite)

Prends se fric et oublie cet endroit !

NAZIM

Pourquoi cet argent ?

BRAHIM

Tu veux cet argent ou pas ?

NAZIM prend les billets et commence à compter.

BRAHIM (suite)

Explique-moi, qu’est-ce qui t’a pris de venir directement ici ?

79. EXT. DISCOTHÈQUE / NUIT

MOURAD est adossé sur le capot de sa voiture, une PEUGEOT 205 de couleur bleue. Il n’a presque pas changé, sauf sa nouvelle coupe de cheveux gominés, il arbore une barbe de six jours. Une chanson Raï satirique, émane de la discothèque.

80. INT. DISCOTHÈQUE / NUIT

MOURAD pénètre et traverse la foule présente qui se déchaîne en rythme. Franchit la piste de danse et arrive devant le bar. Soudain il manque de renverser un verre, en voyant DALILA (23 ans) et MALIKA 31 ans), en compagnie de deux types. MOURAD reste figé la fixant avec consternation.

81. INT. VOITURE TAYEB / BORD DE ROUTE / APRÉS-MIDI

La voiture est stationnée sous un soleil brûlant. L'atmosphère est chaude. Dans la voiture, se trouvent TAYEB, le cellulaire collé à l’oreille. HOUARI et deux hommes d’affaire chinois.

TAYEB (au téléphone)

Dis-moi. Tu connais pas quelqu’un qui peut parler à ces chinois ?

VOIX BRAHIM

Non, pas que je sache… Vois avec Dib son fils ramène de la marchandise de chine !

TAYEB

J’ai pensé à ce que tu m’as dit à propos de ce garçon… Hazim, j’sais pas… J’veux que tu l’embauche. Embauche-le ! Tu saisis ?

82. INT. CHAMBRE MALADE / FIN D’APRÉS-MIDI

Sur le lit, sa mère gît, allongée immobile et inconsciente. Le corps recouvert d’un drap. NAZIM, rapproche une chaise près d’elle il s’assoit dessus.

MOURAD (V.O)

J’ai rien pour le moment. T’as besoin de ça quand ?

L’instant d’après NAZIM est devant la fenêtre, le portable collé à l’oreille. Il parle avec MOURAD.

NAZIM

Maintenant… J’vais voir avec Réda.

VOIX MOURAD

Il est à Mascara, son oncle est mort…

83. INT. RESTAURENT / NUIT

ANNA est attablée avec une bande de jeunes. Deux filles et trois garçons, ils sont très distingués. Quelques personnes mangent à des tables voisines. NAZIM se place debout devant eux, il serre la main aux garçons, fait la bise aux filles et s’assoit à côté d’ANNA, lui chuchote un truc à l’oreille. Celle-ci rigole en secouant la tête.

QUELQUES MINUTES PLUS TARD

NAZIM et ANNA dînent en tête-à-tête. NAZIM offre un peu l’espace à un homme, juste derrière lui, qui pose sa veste sur le dossier de la chaise. Sourire aimable entre les deux hommes.

ANNA se lève et s’éloigne. NAZIM s’appuie sur le dossier de la chaise, scrute les alentours et glisse sa main dans la poche de la veste de son voisin, sort un portefeuille, le plus discrètement possible et le glisse dans sa poche. Soudain il remarque quelque chose.

Travelling vers un homme MOUSTACHU, les cheveux gris. Un visage brut et interrogateur. Assis seul face à lui, le fixant avec un regard dur. Le visage de NAZIM éclaire une gêne. En même temps le serveur pose l’addition devant lui et feinte de s’éloigner puis revient.

SERVEUR

Excusez-moi... Nazim, c’est ça ?

NAZIM (étonné)

Pardon ? On se connaît ?

SERVEUR

Sahouane, on était en CEM ensemble…

Soulagement, le Moustachu détourne le regard.

NAZIM (réfléchi un petit moment)

Ouais ! J’me souviens... Comment tu va ?

SERVEUR

Ça va, j’ai fini mes études et maintenant je suis-là…

ANNA revient s’installer face à NAZIM et le SERVEUR s’éloigne. NAZIM entame une discussion avec elle. Un instant d’après le couple se lève, s’apprêtant à quitté l’établissement.

84. INT. APPARTEMENT DALILA / JOUR

MERIEM (14 ans) se précipite vers la cuisine, ouvre la porte du frigo et écarquille les yeux. Il déborde de produits divers. Des fromages, du yaourt.

La lumière transperce la fenêtre et éclaircit la chevelure de LEÏLA (9 ans) et DALILA, qui jouent à la poupée. La GRAND-MÈRE (84 ans) entre, elle tient un sac à main.

GRAND-MÈRE (soucieuse)

Dalila, d’où tu sors toutes ces choses ?

85. INT. APPARTEMENT NAZIM / NUIT

NAZIM est allongé sur le sofa. Sa mère fait le va-et-vient entre la cuisine et la salle de bain.

NAZIM

J’peux savoir ce que tu fais maman ?

MÈRE

Les gens disent qu’il va y avoir une pénurie d’eau…

Soudain coupure d’électricité. Pénombre. NAZIM fait un peu d’éclairage avec son portable. Il se lève allant vers la cuisine, le briquet s’allume et NAZIM revient avec une bougie allumée.

MÈRE

Qu’Allah t’apporte sa lumière mon fils.

NAZIM

Amène, Maman.

NAZIM pose la chandelle et revient reprendre sa position. Sa mère vient s’asseoir à côté de lui. S’ensuit une discussion, dont on ne distingue pas le dialogue.

86. INT. RESTAURENT / NOVEMBRE 2007 / SOIR

Un établissement confortable à la lumière tamisée. La clientèle, disparate. Un type l’air bucolique, en compagnie de deux jolies filles, prennent place au fond de la pièce. NAZIM (27 ans), apparaît. L’une d’elle le reconnaît et fait signe à sa copine.

FILLE 2 (d’un ton admiratif)

Toujours aussi classe.

TYPE

C’est qui lui ?

FILLE 1

Amine l’Algérois, il est dans l’importation…

FILLE 2 (les yeux sur NAZIM)

En plus il est admirable…

NAZIM les regarde enfin, il avance vers eux.

FILLE 1

Amine ! Salut…

NAZIM

Salut, chérie… !

NAZIM et les filles se font la bise. La fille 1 fait la présentation.

FILLE 2

Ça va ?… Tu sais j’ai pensé à toi…

NAZIM (étonné)

Ah !… oui

FILLE 1

Assieds-toi un peu avec nous !

NAZIM hésite. L’homme les regarde bêtement.

QUELQUES MINUTES PLUS TARD

NAZIM est avec eux, ambiance amicale. Ils ont fini de manger. Le type n’a les yeux que pour la FILLE 2 et son opulente poitrine. En dessous de la table, on voit la main d’une fille avec la clé d’une voiture qui passe à celle de NAZIM.

87. EXT. RESTAURENT / NUIT

NAZIM sort du restaurant et déverrouille automatiquement et à l’aveuglette une voiture haute gamme. Des gouttes de pluie commencent à tomber. Il glisse dans la voiture. Inserts sur : le levier de vitesse, son regard reflète dans le rétro, le tableau de bord électronique. Le gardien du parking s’approche pour le guider à sortir. NAZIM cherche la monnaie dans le vide poche de la voiture et lui tend des pièces de monnaie. La voiture quitte le parking et s’élance brusquement sur la route.

88. EXT. VOITURE DE LUXE / ROUTE / NUIT

Sous une pluie abondante, la voiture haute gamme roule lentement dans Mers El-Kébir et prend de la vitesse en direction de la ville d’Oran. Elle s’éloigne peu à peu et disparait au détour d’un virage.

89. INT. GARAGE / QUELQUES MINUTES PLUS TARD

Dehors il pleut toujours. La voiture haute gamme arrive et s’arrête à hauteur de BRAHIM, ravi jouant aux dominos avec ses trois ouvriers. NAZIM sort.

BRAHIM (se lève, aux anges)

Dans mes bras !

NAZIM n’a pas l’air d’apprécier, il sort lui jetant la clé. BRAHIM la récupère à la volée et la donne à un ouvrier qui se lève machinalement. NAZIM se retourne pour partir.

NAZIM

J’arrête, cette fois c'est bon ! Bonne nuit…

BRAHIM (taquin) (sérieux)

Tu dis ça parce que ta mère va gueuler, j’en suis certain ! Tu bosses plus avec moi !

NAZIM (sans se retourner)

Quoi ? C’est quoi le problème ?

BRAHIM (continue sa partie de domino)

Tayeb veut te voir demain, il t’expliquera !

NAZIM arrive dehors. La PEUGEOT 205 s’arrête devant lui.

90. INT. PEUGEOT 205 / NUIT

NAZIM glisse à côté de MOURAD, qui démarre aussitôt.

MOURAD (Agacé)

Quel sale temps, quand tu vas arrêter tout ça ?!

NAZIM

C’est tout sauf un sale temps. Roule !

91. INT. APPARTEMENT NAZIM / UNE DEMIE HEURE PLUS TARD

NAZIM entre en douce, leur gros chat noir aussi. L’appartement n’a presque pas changé. Sauf le carrelage du salon et des chambres, ont été rénovés.

MÈRE (O.S)

Nazim ! Le chat est entré avec toi ?

NAZIM

Oui ! T’as besoin de quelque chose ?

MÈRE (O.S)

Non, mon fils.

NAZIM allume la télé et se laisse choir sur le sofa, le chat vient se frotter sur ses pieds.

VOIX JOURNALISTE

Les deux attentats, visant le siège du gouvernement à Alger…

92. INT. UNIVERSITÉ / JOUR

Une grande université fait face à un grand jardin dans lequel des étudiants se promènent.

93. INT. AMPHI / UNIVERSITÉ / JOUR

Une trentaine d’élèves écoutent leur prof de sciences économiques.

PROF

… Mais aussi sur le plan structurel grâce à une politique économique rigoureuse, déclinée par des réformes mises en place récemment… Donc notre pays est en pleine émergence…

Au milieu des étudiants. DALILA sommeille les coudes sur la table.

94. EXT. RUES D’ORAN / DE NOS JOURS / CRÉPUSCULE

On parcourt les rues d’Oran. SUPERIMPOSE : De nos jours.

Les murs sont envahis par des photos du président. Les rues du centre-ville sont pleines de vie. Les jeunes habillés tendance. Deux jeunes filles avec leur style Gotique, passent. Pour finalement pénétrer dans un BOLIDE, nouvelle génération. Le conducteur c'est NAZIM (30 ans). Son téléphone portable SONNE. Il décroche.

95. INT. BUREAN BRAHIM / HANGAR / CRÉPUSCULE

Devant le bureau, un ordinateur est en service. BRAHIM est au téléphone avec NAZIM. Il n’arrive pas à trouver comment envoyer un fichier par courrier électronique.

BRAHIM (ironisant)

T’es où, je m’inquiète pour toi ?

MONTAGE ALTERNE ENTRE LE BOLIDE ET LE BUREAU DE BRAHIM.

NAZIM (d'un ton bref)

Tu veux quoi ?

BRAHIM (au téléphone)

Dis tu sais comment envoyer un fichier ?

NAZIM (crispé)

Lâche-moi, Brahim !

BRAHIM raccroche. Derrière-lui HOUARI, l’air amusé.

BRAHIM (À ses ouvriers)

Quelqu’un sait comment envoyer un fichier ?

96. EXT. VILLE D’ALGER / VUE AÉRIENNE / JOUR

La ville est visible presque au complet.

VOIX JOURNALISTE

... aux nouvelles technologies en matière d’exploitation des gisements de gaz non conventionnels. Cette réunion officielle prévue à Oran, fait suite à celle tenue à Alger…

97. INT. PALAIS DU GOUVERNEMENT / ALGER / JOUR

Un homme descend les escaliers du Palais, costume gris, cartable à la main et allure d’avocat brillant. Il croise un passant qui lui murmure : On y travaille.

98. EXT. BOULEVARD ERNESTO CHE GUEVARA / JOUR

L’AVOCAT est maintenant assis dans un banc il vient de finir un sandwich. À côté d’un homme avec un physique de commerçant. C’est un LIEUTENANT de l’armée.

AVOCAT (informant à voix basse)

Un fourgon plein d’explosifs, t’es le premier à le savoir.

Silence. Le LIEUTENANT regarde les passants.

AVOCAT (suite)

Ouais, j’ai oublié, un fourgon de la police… Ils ont dépêché leurs agents, vous ne les verrai pas, vu le nombre de ressortissants…

LIEUTENANT

Depuis combien de temps ils sont là ?

Pas de réponse.

LIEUTENANT (suite)

Quoi, ils sont trop malins ?

AVOCAT

Non, ils sont trop protégés. Ils sont intégrés et ce n’est ni nos frères du maquis ni nos amis français… Toutes les délégations du monde vont débarquer. Nous devons Infiltrez tout le monde ! J’ai la liste des personnes qui ont fait des prouesses dans les logiciels de la banque extérieure ces cinq dernières années…

L’AVOCAT sort une feuille pliée en deux. Le COMMANDANT la prend.

99. INT. RECEPTION D’HÔTEL / ORAN / JOUR

NAZIM élégant avec un costume noir, se dirige vers l’ascenseur. Une fille le voit et l’interpelle.

FILLE

Monsieur Nicolas !

L’ascenseur se referme trop tard.

100. INT. CHAMBRE / HÔTEL / JOUR

NAZIM pénètre dans une chambre. Il est accueilli par un HOMME d’origine espagnol.

HOMME (accueillant)

Nico !

NAZIM

Mon ami, ça va ?

HOMME (avançant vers un petit bar)

Alors, tu pars demain ? Plus de soleil, hein ? Tu veux un verre ?

NAZIM

Non ! Merci quand même…

L’HOMME se sert un verre. Les yeux de NAZIM parcourent la pièce, cherchant quelque chose. Il voit la clé d’une voiture, sur un meuble.

HOMME

Et ton Bisness ça va ?

NAZIM (sort dans le balcon)

Super on va dire.

101. INT. EXT. VOITURE DE LUXE / CENTRE VILLE / JOUR

NAZIM conduit à une vitesse moyenne. Arrivant devant un feu rouge. Il croise le regard d’une fille dans sa voiture. Il lui adresse un sourire, celle-ci lui répond. Le feu passe au vert. NAZIM redémarre.

102. EXT. IMMEUBLE DÉSUET / CRÉPUSCULE

NAZIM sort sachets à la main, de chez l’épicier qui a changé entièrement. Le magasin est plus grand, avec un accès à doubles portes vitrées. Le grand chat noir est devant l’entrée de l’immeuble. NAZIM se penche, lui caresse l’échine. Il est content de retrouver son chat. Ils entrent.

103. INT. APPARTEMENT NAZIM / CRÉPUSCULE

L’appartement est transformé. (On remarque des éléments qui changent le décor ; Un écran plasma, une cuisinière neuve et un lave-vaisselle). La MÈRE est assise, concentrée, lisant à voix basse le Coran. NAZIM entre le sourire aux lèvres. Il embrasse affectueusement sur le front, puis se dirige vers la cuisine. Sa mère finit sa lecture. NAZIM pose les sachets sur la table et revient avec un morceau de gâteau.

MÈRE

Alors, tout vas bien ?

NAZIM (s'assied près d’elle)

Quand toi tu vas bien, tout va bien.

Sa mère le regarde un moment, ses lèvres s’ouvrent comme si elle allait parler.

NAZIM (suite, se lève)

Fatima elle est venue ?

MÈRE

Elle dit qu’elle va venir. Pourquoi cette question ?

NAZIM

Je sors ce soir.

MÈRE (soucieuse) (Agréable)

Tu m’avais promis de ne plus sortir ? Et puis quand mon garçon va se trouver une femme… ? Il va pleuvoir ce soir tu le sais ?

NAZIM disparaît de sa vue sans répondre. Sa mère tourmentée par son attitude, se met à prier silencieusement.

104. INT. DISCOTHÈQUE / NUIT

Une ambiance enivrante. La musique inonde la salle. Les hommes et femmes déambulent en rythme. NAZIM est assis au comptoir. Il ne boit rien. Il réfléchit. Croquant des pistaches. Le barman lui retire l’assiette de pistache discrètement.

BARMAN

Alors, ça va ?

NAZIM

Moustapha n’est pas là ?

BARMAN (finit de servir un client)

Pas encore aperçu, mais il est toujours dans les parages.

NAZIM se retourne vers l’orchestre. Il est subjugué par la beauté et la désinvolture de la chanteuse. C’est DALILA radieuse tout en blanc. Sur l’estrade face au public, elle vient de commencer à chanter une vieille chanson Raï. Une minute de chant. La chanson finie, tout le monde applaudit. Un HOMME tapote l’épaule de NAZIM.

HOMME (amusant)

Elle est belle, t’as vu ? Tu sais, à chaque fois qu’elle est là, je regrette ma jeunesse…

NAZIM se tourne, un peu surpris. Les deux hommes se serrent la main.

NAZIM (amusé)

Tu veux dire ton mariage.

Les deux hommes, émoustillés par la beauté de DALILA, s’éloignent vers la sortie.

HOMME

C’était une serveuse et maintenant elle chante…

105. INT. APPARTEMENT DALILA / AUBE

DALILA pénètre refermant délicatement la porte. Pose ses clefs sur un meuble, où il y a une facture d’électricité, elle la prend regarde le montant l’air découragé.

106. INT. CHAMBRE DALILA / QUELQUES MINUTES PLUS TARD

La lumière du soleil envahit la chambre. DALILA est allongée sur son lit, rêveuse. Un léger bruit à la porte. Elle se retourne voit sa petite sœur LEÏLA (13 ans).

DALILA (tendre)

Qu’est ce que t’as ? Viens-là, mon amour.

LEÏLA

J’ai fais un mauvais rêve…

Les deux sœurs restent allongées.

107. INT. VOITURE TAYEB / QUARTIER HLM / JOUR

La voiture est garée devant une cité. NAZIM est assis sur la banquette arrière. A l’avant, TAYEB et HOUARI, au volent dégustant un café.

TAYEB (à NAZIM)

C’est le dernier service que j’te demande !

NAZIM (s’incline vers l’avant)

Houari passe-moi le qahwa, s’il te plaît.

HOUARI lui passe le café. NAZIM boit une gorgée, la savoure.

TAYEB (précise)

20 plaques maintenant.

NAZIM (vacillant)

J’ai du mal à te croire, Tayeb…

TAYEB (assure)

Maintenant ! Je sais que t’as besoin de thune Nazim !

NAZIM (perplexe) (rassurant)

Alors tu devrais me prêter… Tu l'auras ta BM…

TAYEB (sarcastique)

Moi aussi j’vais changer d’activité, je veux être militant pour l’environnement. C’est tendance en Europe. Ici s’a deviendra tendance dans un siècle, hein ? T’as des projets ou c’est en rapport avec ce qui se passe, toutes ces cameras partout… ?

NAZIM n’a pas l’air d’apprécier la plaisanterie de son ami, il regarde dehors.

TAYEB (suite, sérieux)

Tu sais qui sont mes amis, Nazim ?

NAZIM fait oui de la tête.

108. EXT. PARKING / QUARTIER EDDERB / JOUR

NAZIM se prépare à partir, il marche vers une voiture. Son cellulaire SONNE, il décroche, ouvrant la portière.

VOIX BRAHIM

Ma voiture ?

NAZIM (fait tourner le moteur)

J’peux la garder encore deux heures… ?

Il démarre. Surprise, un véhicule de police lui barre le chemin. La portière côté passager s’ouvre et RÉDA (31 ans), apparaît avec un grand sourire aux lèvres.

109. INT. APPARTEMENT DALILA / JOUR

MERIEM (18 ans) est assise à la table de la salle à manger, elle est en larmes. Ses longs cheveux lui cachent un peu le visage. DALILA pose le bulletin sur la table. L’air très fâché.

DALILA (fâché)

Dis-moi, qu’est ce que tu comptes faire ?

Pas de réponse.

DALILA (suite)

Alors commence à t’poser la question !

MERIEM (insolente)

Toi d’abord…

DALILA (surprise)

Quoi ?

110. INT. HANGAR BRAHIM / D’APRÉS-MIDI

Un jeune garçon est à genoux devant BRAHIM, qui n’a pas l’air très satisfait. Sous le regard souriant de TAYEB les bras croisés, ainsi que HOUARI et quelques ouvriers.

JEUNE GARÇON (assure)

Ils m'ont relâché vite fait ! Je te jure que c’est la vérité !

BRAHIM (excité) (à ses hommes)

On ne relâche pas un petit merdeux comme toi, c’est quoi cette histoire ! Un marteau !

Derrière la vitre, un des ouvriers lève une grosse clé à molette.

BRAHIM (suite en hurlant)

J’ai dit un marteau !

Un ouvrier lui apporte un marteau.

JEUNE GARÇON (effrayé)

J’te jure que c’est vrai !!

BRAHIM (s’apprêtant à le frapper)

Tu mens ! T’es un mytho ! Jure-le !!

Le jeune garçon l’implore des yeux. BRAHIM reprend son calme.

TAYEB (à ses hommes)

Faites disparaître les voitures, maintenant !

Les hommes s'exécutent. HOUARI a pris place sur le bureau il a l’air de réfléchir, TAYEB le remarque et fait signe à BRAHIM avec un sourire moqueur.

TAYEB (à HOUARI)

Tu fais quoi, toi ?

HOUARI (ailleurs)

Je pense…

TAYEB

J’te paye uniquement pour ne pas penser ! Alors trouve toi un truc et arrêtes de me coller !

HOUARI sort en murmurant des mots incompressibles. TAYEB et BRAHIM se regardent

TAYEB (sérieux)

Ils sont débarqués chez moi.

BRAHIM

Et qu’est ce qu’ils veulent ?

TAYEB

Un service.

111. INT. VOITURE / QUARTIER EL-HAMRI / D’APRÉS-MIDI

La voiture est garée dans d’un quartier paumé. RÉDA a les yeux fixés sur le tableau de bord, il pose sa tête sur le repose-tête, faisant un long soupire. Quelques secondes passent. NAZIM revient se glisser.

RÉDA (ironise)

T’as fais quoi ? On dirait que t’as acheté des armes.

NAZIM

J’ai réglé l’opération de ma mère.

RÉDA

Non ? C’est vrai, t’as trouvé un donneur ?

NAZIM

Ouais et elle va être opérée par un grand professeur, c’est rare… Inch’Allah.

RÉDA

Tu veux un conseil mon ami, t’es allé trop loin, faut que t’arrête !

Tu te tape le sale boulot !

NAZIM (ironise) (sérieux)

Toi aussi… C’est mon dernier mois… J’ai assai d’argent pour me retirer.

112. INT. CHAMBRE MALIKA / FIN DE JOURNÉE

On s’approche lentement d’un miroir qui reflète DALILA aidant MALIKA (35 ans), à enfilé une tenue traditionnelle. Elles discutent.

DALILA (ton triste)

T’es magnifique ma chérie.

MALIKA

Qu’est ce qu’il y a ? C’est quoi cette tête ?

DALILA hésite à répondre regardant dans le miroir.

DALILA (peinée et démoralisée) (affligée)

Si j’étais seule, je partirais sans la moindre idée de revenir dans mon triste pays. Tu trouves ça normal ? Je commence à en avoir assez. Je suis un mauvais exemple pour mes sœurs…

DALILA ferme les yeux, très bouleversée et pousse un sanglot.

MALIKA (ton consolant) (ton plaisantin)

Seigneur tout puissant… T’es la fille la plus débrouillarde que j’connais, Des filles comme toi n’existent pas ! Et moi j’dis quoi alors, ce mariage me coûte l’équivalent d’une jolie petite voiture, la plage…

DALILA sourit.

MALIKA (suite)

Tu veux qu’on sorte en ville ? Larbi ben-Mhidi ?

DALILA

Non, j’y vais demain, en plus j’ai les exams…

113. INT. BUS / AVANUE / JOUR

DALILA monte dans le bus. Le bus est bondé. Il n’y a plus de places assises. DALILA s’installe près de l’entrée et s’accroche comme elle peut. Le bus repart. Au même moment et à quelques mètres, un taxi s’arrête devant NAZIM, il a déjà une cliente à l’arrière.

NAZIM (se baisse s’adressant au chauffeur)

Rue Larbi ben-Mhidi !

Le chauffeur fait signe qu’il peut monter.

114. EXT. IMMEUBLE ANCIENNEMENT DE LUXE / CENTRE VILLE / JOUR

NAZIM se dirige vers l’entrée d’un immeuble ancien, de 4 étages. Une femme un peu âgée, passe le balai devant la porte d’entrée.

115. EXT. CONSULAT DE FRANCE / JOUR

Devant le consulat il y a une longue file d'attente. DALILA est debout dans la file. Les personnes qui la précèdent sont de toutes les catégories. A côté d’elle, un type lui fait un clin d'œil. Avec un air de dégoût DALILA met ses écouteurs sur ses oreilles.

116. INT. APPARTEMENT ANNA / IMMEUBLE ANCIENNEMENT DE LUXE / JOUR

NAZIM entre dans la chambre et s'assied à côté d’ANNA, plongée dans un profond sommeil. Il lui caresse le visage. Elle est complètement réveillée. NAZIM lui sourit.

ANNA

T’as fais du café ?

117. EXT. ROUTE DE COMPAGNE / APRÉS-MIDI

Un 4×4 file à toute allure sur une petite route de campagne qui longe la mer. Au loin, une ferme est déjà visible et les grilles sont ouvertes.

118. INT. FERME / APRÉS-MIDI

Un agriculteur évalue sa récolte de vigne. C’est un GÉNÉRAL de l’armée. (66ans), en parfaite forme physique. Derrière lui deux hommes en faction, fusil en bandoulière. Le 4×4 arrive au loin, s'arrête et un homme vêtu d’un treillis y sort, c'est un COLONEL (57ans), maigre. Les cheveux noirs, coiffés en brosse, lunettes noires à monture métallique.

COLONEL (souriant)

Quand je viens prendre mes poires ?

GÉNÉRAL (sérieux)

Information est fiable ?

COLONEL

Ce qui serrai fiable c’est qu’on le découvre.

Le GÉNÉRAL se contente de le regarder l’air un peu soucieux.

119. INT. CHAMBRE ANNA / FIN D’APRÉS-MIDI

NAZIM est debout dans le balcon. ANNA est assise sur son lit, habillée en peignoir.

ANNA (informe)

Je pars demain.

Silence. NAZIM entre.

ANNA (suite, découragé)

Pourquoi tu m’dis pas de rester ?

NAZIM (soupire, lui caressant les cheveux)

Parce que c’est l’Algérie…

120. INT. BUREAU DES OPÉRATIONS / BUILDING / FRANCE / NUIT

Un homme rentre dans la grande salle où une vingtaine de personnes sont assises sur des chaises tournées vers RAYMOND. Derrière lui un grand écran sur lequel on voit une carte géographique du territoire Algérien avec une sélection de zones stratégiques, des infrastructures gazières et gazoduc.

121. EXT. SAHARA ALGERIEN / VUE AÉRIENNE / JOUR

La région est inondée d'un soleil ardent. Travelling porté sur un Pick-up, roulant dans des dunes à grande vitesse laissant derrière lui un nuage de poussière. Il s’arrête devant une immense dune. Un CAPITAINE (30 ans), sort. Lunettes de soleil, les cheveux rasés, un visage agréable. Il sort un fusil à lunette et le met en bandoulière puis décroche son téléphone-satellite.

VOIX HOMME

Hicham, t’es au chômage depuis combien de temps ?

CAPITAINE

Deux mois et en plus j’ai pas chassé depuis trois jours. Il n’y a pas de marchands de sable ici !

VOIX HOMME

Quelque chose se prépare à Oran, tu prends un avion aujourd’hui.

CAPITAINE

Je prends ma voiture…

VOIX HOMME

Sois là-bas demain !

Le CAPITAINE raccroche et regarde autour de lui.

122. INT. CUISINE / APPARTEMENT DALILA / JOUR

La GRAND-MÈRE (88 ans), fait le déjeuner. DALILA arrive habillée "tendance", tee-shirt et un pantalon jeans. Elle pose son sac, s’assied et baillée à la corneille. Elle a les yeux rouges et cernés.

DALILA (s'étirant)

Bonjour Mama…

GRAND-MÈRE

Bonjour ma fille.

DALILA se sert un café.

GRAND-MÈRE (suite)

Tu vas à tes études ?

DALILA

Faut aussi que j’aille réclamer pour la facture…

GRAND-MÈRE (d’une voix implorante)

Seigneur protège ma fille…

123. INT. HALL DE L’IMMEUBLE DALILA / JOUR

Un jeune couple entre dans l’immeuble, ils se parlent et s’embrassent, puis sortent rapidement. DALILA arrive descendant les escaliers, enfile ses lunettes de soleil.

124. EXT. INT. COUR L’UNIVERSITÉ / JOUR

DALILA est avec quelques étudiants, devant les affiches des résultats des examens à parcourir les listes. Une bande de filles et de garçons branchées s’avancent vers elle.

125. EXT. UNIVERSITÉ / JOUR

DALILA marche jusqu'à un abribus et se mettant à lire sur la façade d’un panneau publicitaire avec la photo de deux hommes : FRANÇOIS (50ans), un homme charismatique aux yeux bleus. Serrant la main à un PDG d’une compagnie énergétique local.

126. EXT. CLINIQUE / SOIR

NAZIM attend sur la chaussée. une PEUGEOT 2O7 s’arrête. Il glisse à l’arrière.

127. INT. PEUGEOT 2O7 / ROUTE / SOIR

JAWAD (30 ans), est au volent, un AMI est à côté, le portable collé à l’oreille.

NAZIM (les yeux sur son afficheur)

Lâche-moi à la maison Jawad !

JAWAD (ailleurs)

D’accord… Le tram de merde…

NAZIM (au téléphone)

Oui Fatima ? Ouais, j’arrive tout de suite…

JAWAD (ton taquin) (badinant)

Fatima la petite voisine. J’arrive tout de suite… hein ? Pervers…

NAZIM fait un souffle l’air accablé.

AMI (basse son portable)

Pourquoi elle ne veut pas répondre cette pute…

NAZIM (à JAWAD)

La nana de l’autre soir c’était qui ?

JAWAD (sérieux)

C’est ma copine, j’passe mon temps avec elle, on dîne toujours les Mercredis au centre ville. Demain ! Nazim, je crois que je suis amoureux. C’est grâce à cette fille que J’ai arrêté de fumer…

NAZIM

Je suis complètement largué là. C’est vraiment toi Jawad ?

JAWAD (passionné)

Ses manières, ces gestes son esprit. Je sais que l’amour on l’écrase ici, mais c’est beau d’aimer les gars, j’vous le jure !

128. INT. VOITURE NOIRE / ROUTE / NUIT

DALILA est passagère dans une voiture conduite par un HOMME (36ans), allure d’un homme dont on sent le manque d’éducation. Il se penche ouvrant la boite à gants. Sa main frôle les genoux de DALILA. Il prend un paquet de cigarette.

DALILA (distante)

Pourquoi on prend cette route ?

HOMME

J’vais juste voir quelqu’un, ça prendra cinq minutes.

Il lui sourit, elle lui rend le sourire. Doucement il pose sa main sur la jambe de DALILA, qui la lui ôte rapidement.

DALILA (dégoûtée) (d’une voix irritée)

Ne refais jamais ça ! Ne l’refais plus, un point c’est tout ! C’est bon, j’en ai marre de toute cette supercherie, j’veux…

HOMME (gentil) (refait le même geste)

Quoi, c’est juste que, t’es une de mes meilleures amies, à mes yeux tu es plus qu’une simple salarié, j’te jure… Dalila, écoute tu veux que j’t’invite…

DALILA lui colle une gifle.

129. EXT. HÔTEL SHERATON / ROUTE / NUIT

NAZIM vient de sortir d’un véhicule, qui démarre rapidement, il marche vers l’entrée de l’hôtel.

À une vingtaine de mètres, une bande de jeunes déambulent, sniffant de la colle. Les vêtements sales dévoilent leur situation précaire.

La voiture noire arrive et s’immobilise brusquement. NAZIM s’arrête, dérangé par le bruit du crissement des roues. La portière s’ouvre et DALILA est éjectée, la portière se referme et la voiture démarre et reprend sa route. Surpris, NAZIM va à son secours.

Les cheveux ébouriffés, une petite égratignure au front. DALILA ramasse son sac à main et avec difficulté elle se met debout. Du sang commence à couler de son nez. Elle aperçoit NAZIM qui arrive, elle recule en le repoussant. L’un des jeunes garçons s’approche aussi, c’est YACINE (10 ans).

DALILA (en pleure)

Ne me touche pas !!

Ses sanglots bloquent sa respiration elle perd presque connaissance et finit par s’évanouir. NAZIM la retient, essayant de la réveiller, sans succès, puis l’allonge par terre et s'adresse à YACINE :

NAZIM (vif)

Toi aussi tu sniffes de la colle ?

YACINE (drôle)

La fille est en train d’agoniser et toi tu veux savoir si moi je sniffe ?

NAZIM

Assieds-toi à côté d’elle ! J’vais aller chercher une voiture,

YACINE (enviable)

D’accord ! Je la protège…

Une voiture arrive face à lui au même moment. NAZIM se met sur la voie pour que la voiture s’arrête. Il s’approche de la vitre, mais le conducteur démarre en rafale.

130. INT. HÔTEL SHERATON / NUIT

NAZIM pénètre, passant devant le poste de contrôle et les agents de sécurité. Il se dirige vers le parking. L’endroit est sous haute surveillance. Les drapeaux algériens, français et espagnols flottent dans l’air. Des véhicules de police, ainsi que des voitures de luxe.

Des GORILLES aux visages bruts et en costumes, sont postés tout près de deux véhicules, de même modèle BMW. Une troisième vient s’arrêter à quelques distances. NAZIM gagne le parking, cherchant autour de lui, mais ne voit aucun taxi. Il voit la BMW et décide d’accoste le chauffeur encore au volent.

NAZIM (gentil)

Excusez-moi monsieur, vous pouvez m’aider ?

CHAUFFEUR (agressif)

Et si t’allais demander service à ta mère ?

NAZIM

D’accord ! Écoutez… !

CHAUFFEUR (s’apprête à sortir)

Allez-vous-en ! Sinon je v…

NAZIM le cogne avec la portière à deux reprises. Le CHAUFFEUR s’écroule sur le sol le visage en sang. NAZIM récupère rapidement la clé, grimpe dans la voiture et démarre en trombe. Les GORILLES courent, essayant de le rattraper, sans succès. NAZIM roule jusqu’à la sortie et fait sauter la barrière. Les policiers accourent vers leurs véhicules. Un POLICIER EN CIVILE court vers son bolide. Il monte et démarre en rafale.

131. EXT. BMW / NUIT

La BMW vire vers la route. S’arrête à hauteur de YACINE et DALILA, qui est toujours allongée par terre.

NAZIM (sort en vitesse)

Ouvre la porte ! Et prends son sac !

YACINE s’exécute. NAZIM soulève DALILA, la glisse dans le siège passager et lui mettant la ceinture de sécurité, puis reprend sa place. YACINE monte à l’arrière. Il n’arrive pas à fermer sa portière.

NAZIM (irrité)

Mais qu’est ce que tu fous !

YACINE claque la portière de toutes ses forces. NAZIM démarre. Trois voitures de police avec leurs gyrophares jaillissent l’une après l’autre et s’engagent sur la route, fonçant en direction de la BMW.

132. INT. BAR / NUIT

MARCUS le chef des GORILLES, sirote une bière devant le comptoir. Il a un écouteur à l’oreille qui grésille.

VOIX GORILLE

On a un souci, Ils viennent de nous voler un véhicule...

MARCUS bondit allant vers la sortie.

133. INT. BMW / NUIT

Dans un temps assez court, NAZIM rétrograde pour prendre le rond-point. Il voit dans le rétroviseur les véhicules de police. YACINE regarde par le pare-brise arrière. NAZIM accélère.

YACINE

Vas-y doucement ! Tu veux nous tuer ?

NAZIM

Assieds-toi et ferme-la !

YACINE (obtempère, rigolant)

Voleur !

Le compteur grimpe de plus en plus. Soudain, le bolide arrive à grande vitesse derrière eux. La BMW arrive derrière un véhicule, double à grande vitesse, Les véhicules de police le collent toujours.

134. DANS UN BOULEVARD

La chasse automobile continue. NAZIM fait un écart, en haut sur un trottoir roulant vers une intersection. Le bolide accélère pour se rapprocher de la BMW, ralenti, puis accélère et ce plusieurs fois en se déportant sur la gauche. Le bolide lui fait un violent coup de poisson. NAZIM évite de justesse un véhicule. Le conducteur perd la maîtrise du véhicule et arrive directement vers la voiture de police qui percute l'arrière d’un véhicule. Elle est projetée dans les airs.

135. INTERSECTION

La BMW bifurque, brûlant le feu rouge, dans un concert de KLAXONS, zigzague, se faufile entre les voitures, évite de peu d’accrocher une voiture et s’éloigne et disparaît dans un tournant. Suivi du bolide. La voiture de police freine et quitte la route et se retrouve dans un fossé.

136. RUE

La BMW jaillit dans une rue. Le bolide prend le côté droit, coure côte à côte avec la BMW et essaie de la faire déraper, mais perd le contrôle et tombe directement sur un véhicule, l’évite de justesse, zigzague et perd de la vitesse. Rapidement NAZIM tourne quittant la route pour s'enfoncer dans une petite route sombre. En arrière les policiers suivent toujours. La caméra les suit en temps réel puis, une fois celles-ci loin des lumières de la ville. La chasse automobile continue dans des rues étroites. Dans chaque rue, les voitures de police courent en parallèle.

137. INT. PARKING

MARCUS marche vers ses GORILLES ainsi que le CHAUFFEUR, le nez en sang. MARCUS adresse un regard sérieux au GORILLE 3 qui sort son cellulaire, s’éloignant du groupe.

MARCUS

Dis-moi ce qui s’est passé ?

138. RUELLE ETROITE

Le bolide est revenu et est derrière la BMW. Les deux voitures continuent leur course folle, pare-chocs contre pare-chocs, jusqu’à un virage en épingle, ils freinent, crissement de pneus, ils frôlent l'accident.

139. RUE ADJACENTE

Un véhicule de couleur rouge, surgi roulant à toute vitesse.

140. ROUTE

La BMW roule à vive allure suivi par le bolide, mais le véhicule rouge percute de plein fouet le bolide qui se met à faire des TONNEAUX.

NAZIM donne un grand coup d’accélérateur, tourne brutalement. L’avant de la voiture heurte des ordures.

YACINE

Je t’ai dit de ne pas rouler vite !

NAZIM regarde dans le rétroviseur. Rien derrière. Il continue à conduire à vive allure.

141. EXT. INT. PARKING

Le CHAUFFEUR est face à MARCUS, qui passe les mains dans son visage, comme pour essayer de garder son calme.

MARCUS (au GORILLE 3)

Que dit le transpondeur ?

GORILLE 3

Ça prendra au minimum 5 ou 6 heures, monsieur… !

MARCUS (l’interrompt) (au GORILLE 2)

Il faut faire vite ! Si l’histoire est dans la nature c’est que vous avez perdu toute crédibilité ! Fouillez chaque recoin de cette ville ! Assure-toi qu’ils me ramènent la voiture avant la conférence, tu m’as bien compris ?

Les flics et les hommes de la sécurité arrivent sur les lieux. Un COMMISSAIRE de police parle avec le directeur de l'établissement. MARCUS s’avance et s'adresse directement au responsable de la sécurité.

MARCUS

On arrête tout maintenant ! Vous êtes au service de qui ?

RESPONSABLE

Monsieur, surveillez votre langage !

Son portable SONNE.

MARCUS (en rogne)

Et vous surveillez vos systèmes de surveillance !

COMMISSAIRE (imposant)

On se calme !

142. INT. CHAMBRE FRANÇOIS

La pièce possède une vue imprenable sur la ville. FRANÇOIS est face à la baie-vitrée, le cellulaire collé à l’oreille.

FRANÇOIS

Marcus, j’ai à te parler.

143. EXT. PARKING

MARCUS raccroche s’adressant à ces collaborateurs :

MARCUS

Excusez-moi !

Il marche vers l’entrée intérieure de l’hôtel.

COMMISSAIRE (à ses hommes)

Trouvez-moi la voiture et les coupables !

144. INT. BMW / DEVENT UN FEU ROUGE

NAZIM le visage contracté, s’arrête devant un feu rouge. Il regarde DALILA qui vient d’ouvrir les yeux. Soudain une voiture s’arrête à côté de lui, il tourne la tête pour en identifier les occupants. A l’intérieur un homme allume une cigarette, c’est le MOUSTACHU. NAZIM ne le remarque pas. Le feu passe au vert. La voiture redémarre. NAZIM regarde à droite, en face de lui, hésite, puis emprunte la rue à sa droite.

145. INT. CHAMBRE FRANÇOIS

FRANÇOIS est toujours devant la baie-vitrée le cellulaire à la main, le visage rouge de colère. MARCUS est debout derrière lui.

FRANÇOIS (regarde les lumières de la ville)

De loin tout a l’air beau… Si vous ne trouvez pas ce véhicule le plus rapidement possible, dans quelques heures mon téléphone va sonner et j'aurai des comptes à rendre. Ne me déçois pas !

146. INT. MAISON RAYMOND / FRANCE / NUIT

Dans un magnifique salon. RAYMOND, vient d'entrer costume et attaché-case à la main, sous l'œil ravi de sa femme, vingt ans de moins que lui, assise sur le divan. Il pose son cellulaire sur la table basse et s'assied à côté d’elle. Soudain le cellulaire commence à vibrer.

FEMME (charmante)

D'habitude tu l'éteins avant d'entrer ?

RAYMOND lui sourit, consulte sa montre et décroche.

RAYMOND (amical) (éberlué)

Alors les affaires vont bien… ? Attends ! Par qui… ? Je te rappelle dans dix minutes.

147. INT. SALLE DE SURVEILLANCE DE L’HÔTEL / ORAN / NUIT

Deux surveillants sont devant une quarantaine de moniteurs vidéo. Zoom sur un des moniteurs. L’image nous montre : LA BMW qui passe et s’arrête devant DALILA. Zoom sur NAZIM. MARCUS pénètre, suivi par le responsable de la sécurité.

RESPONSABLE (à MARCUS)

Monsieur, je comprends votre attitude… Mais… !

MARCUS ne lui prête aucune attention.

MARCUS (au personnel)

Je veux voir les vidéos !

L’un des régisseurs regarde son supérieur qui lui fait signe que c’est bon.

148. EXT. CENTRE HOSPITALIER / BMW / NUIT

La BMW vient de s'arrêter dans une allée mal éclairée. NAZIM coupe le moteur. Quelques secondes après, un MÉDECIN arrive devant la fenêtre de DALILA.

MÉDECIN

Salut…

NAZIM

Dieu te garde mon ami.

MÉDECIN (les yeux sur DALILA)

Ouais… qu’est ce qu’elle a ?

NAZIM (incertain)

Je ne sais pas… Elle est un peu amochée…

MÉDECIN (à DALILA)

Ça va ?

Le médecin ouvre la portière et l’aide à sortir.

149. INT. CABINET DE MEDECINE / NUIT

DALILA est assise sur le lit de l’infirmerie. Le médecin est en train de vérifier ses blessures. Pendant que NAZIM se tient la tête comme pour évacuer le stress.

YACINE (facétieux)

Tu le fais ensuite tu le regrettes.

NAZIM (lui jetant un coup d'œil idiot)

Qu'est-ce que t'en sais, toi…

NAZIM prend son cellulaire. YACINE sort dans le couloir.

150. INT. FAST-FOOD / NUIT

MOURAD décroche, assis attendant son plat.

NAZIM

T’es où ?

MOURAD

Je suis à Plateau, j’mange. Qu’est ce que tu m’veux ?

NAZIM

Je suis à l’hôpital…

MOURAD (sursaute sur sa chaise)

Qu’est ce qui se passe ?

NAZIM

Rien ! Viens tu verras.

NAZIM lui raccroche au nez. MOURAD se lève.

MOURAD (au gargotier)

Ça vient chef ? J’le prends avec moi !

151. INT. CHAMBRE FRANÇOIS / NUIT

FRANÇOIS parle avec RAYMOND au téléphone.

FRANÇOIS

Qu’est-ce qu’on a ?

152. FLASH-BACK. EXT. PETIT PORT / PLAGE / OUEST ALGERIEN / CRÉPUSCULE

Un hors-bord puissant, commence à sortir d’un port de plaisance calmement. Sur le port des hommes à allures de malfrats le regardent s’éloigner.

RAYMOND (V.O)

Fahim Deddi. Il a succédé à son père, Moussa Deddi un baron de la drogue. Après quelques ennuis avec les autorités marocaines, l’Algérie est devenue sa base arrière.

Travelling sur la droite. Le hors-bord vire de bord et fonce droit vers l’horizon.

153. EXT. COMPLEXE TOURISTIQUE SYFAX / RECHGOUNE / CRÉPUSCULE

Un homme baraqué, est assis sur une chaise pliante, devant un magnifique coucher de soleil. Sirotant une bière, il colle un téléphone-satellite à l’oreille.

RAYMOND (V.O)

… Il loue ses services de temps à autre et pas à n’importe qui…

154. EXT. HAUTE MER / CRÉPUSCULE

Le hors-bord vogue à pleine puissance vers l’horizon.

RAYMOND (V.O)

… Plus d’une centaine d’hommes lui sont dévoués. En bref, il nourrit une centaine de famille là-bas en Algérie. C’est notre homme, je t’envoi son dossier !

155. INT. CHAMBRE D’HÔTEL / ALICANTE - ESPAGNE / CRÉPUSCULE

FAHIM (30 ans) brun, les cheveux longs, un visage agréable. Debout dans un balcon qui surplombe la baie d’Alicante. Il répond au téléphone. En arrière plan une jolie fille, en sous-vêtement, est allongée sur un grand lit.

FAHIM

Ouais ?

FIN DU FLASH-BACK

156. INT. CABINET DE MEDECINE / NUIT

Le MÉDECIN a fini de nettoyer la petite blessure sur le front de DALILA.

NAZIM

Comment elle va ?

MÉDECIN (à DALILA, agréable)

Elle va bien… Vous n’avez rien, ça va.

DALILA (faible)

Merci…

DALILA et NAZIM se regardent.

NAZIM (au MÉDECIN) (à DALILA)

Faut qu’on parte. Ça va, on y va ?

157. EXT. VILLE D’ALICANTE - ESPAGNE / VUE AÉRIENNE / NUIT

Plan d’ensemble sur les lumières de la ville.

158. INT. BOITE DE NUIT / NUIT

Sous un climat musical Électro, FAHIM est assis dans un carré vip, entouré de deux superbes filles. Un GROS TYPE apparaît. FAHIM lui fait signe de s'approcher. Il prend place face à FAHIM, qui s’adresse à une des filles. Elle se lève et s’éloigne.

GROS TYPE

Désolé pour le dérangement, c'est très urgent. Monsieur Raymond tient à en finir très rapidement, c'est pourquoi je suis là.

FAHIM

Qu’est ce qu’il y a ?

GROS TYPE (informe) (lui tend une carte visite)

On a des emmerdes, ça se passe en Algérie, à Oran. Je n'ai pas beaucoup de détails, mais le prix est de classe A.

FAHIM fait un petit sourire malicieux.

GROS TYPE (suite)

L'avion prend vol à 4 heures, avec un atterrissage prioritaire bien sûr. Maintenant excusez-moi, je dois vous laisser.

Le GROS TYPE se lève et s'éloigne. Son bras droit ; MARC (32ans), métisse, s'assied à côté de FAHIM.

FAHIM (à MARC) (vide son verre)

Prépare tes valises, on se casse en Algérie !

159. INT. BMW / CENTRE HOSPITALIER / NUIT

NAZIM discute avec DALILA. YACINE est à l’arrière. Le moteur est en marche.

YACINE

La voiture, tu l’as volée pour elle ?

DALILA (regarde NAZIM, étonnée)

C’est vrai ce qu’il raconte ?

NAZIM

Il sniffe de la colle, ne fais pas attention à ce qu’il dit.

YACINE (plaisantin)

Ah ! Toutes ces voitures de polices courraient après moi alors !

DALILA (à NAZIM) (explique) (comprend)

Et maintenant tu vas rendre la voiture ? C’est risqué… Tu n’as pas fait ça pour moi, c’est sûr.

NAZIM la regarde avec un petit sourire qu’elle n’a pas l’air d’apprécier, elle pose sa nuque en soupirant les yeux fermés, une larme glisse sur sa joue. NAZIM la regarde, DALILA ouvre les yeux.

NAZIM

Désolé… Il t’a fait du mal ?

DALILA

Non… Je me suis bien battue.

NAZIM lui sourit. Dehors la PEUGEOT 205 arrive, s’immobilise et MOURAD sort.

DALILA (suave, ouvrant sa portière)

Merci encore Nazim !

MOURAD regarde DALILA comme s’il n’en croyait pas ses yeux. Elle avance vers lui.

DALILA

C’est moi ! N’fais pas cette tête…

MOURAD (à NAZIM)

Mais… ? Est ce que tout va bien ?

NAZIM

Ouais ! Faut que tu l’accompagnes chez-elle.

MOURAD le regarde avec instance.

NAZIM (suite)

Hé ! Je n’ai pas le temps je t’expliquerai ça !

NAZIM démarre lentement.

NAZIM (à YACINE)

J’ai dit mon nom ?

YACINE (complice)

Heu… Non… !

160. INT. PEUGEOT 205 / NUIT

MOURAD démarre la voiture, scrutant DALILA.

MOURAD

Ça va ?

DALILA (fatiguée)

Démarre, s’il te plait…

DALILA regarde la BMW s’éloigner rapidement.

161. INT. BMW / NUIT

NAZIM conduit, l’air préoccupé.

YACINE

Elle est belle… T’as eu son numéro j’espère ?

NAZIM

Tais-toi… ! Non…

YACINE

T’es con ou quoi ?

162. INT. PEUGEOT 205 / QUARTIER SAINT PIERRE / NUIT

De loin DALILA et MOURAD découvrent les gyrophares de la police. Devant leur immeuble deux fourgons de police sont garés, des policiers se bousculent.

DALILA

Non, attends !

MOURAD

Quoi ?

DALILA (hurle)

J’t’ai dit d’attendre !

MOURAD tourne dans la rue suivante.

163. INT. BMW / NUIT

NAZIM au volent décroche son téléphone, l’appel vient de DALILA.

NAZIM

Oui ?

DALILA

C’est moi. Ecoute, il y la police devant chez-moi, alors…

Silence.

DALILA (suite)

Tu m’écoutes ?

NAZIM

Oui ! Passe-moi Mourad s’il te plaît.

DALILA tend le cellulaire à MOURAD (sa voix est un peu palpable, dans la voiture).

MOURAD

Ouais !

NAZIM

Qu’est ce qu’il y a ?

MOURAD

Elle vient de te le dire.

NAZIM

N’y allez pas ! Et éteigniez vos portables !

MOURAD

Quoi ? Tu veux dire comme Prison Break ?

NAZIM (agacé)

Mourad, n’va pas là-bas ! Rallume-le dans vingt minutes, d’accord ?

DALILA (dépitée)

De toute façon, ça te comble alors…

MOURAD lui jette un regarde accablé.

164. INT. BMW / NUIT

NAZIM conduit l’air pressé. Les yeux sur la route. YACINE regarde dehors, le front appuyé à la vitre.

NAZIM

On fait quoi maintenant ?

YACINE (ingénu)

Fais ce que t’as l’habitude de faire.

165. EXT. QUARTIER LUXUEUX / NUIT

La BMW vire dans une route bordée de villas, puis entre dans le garage d’une belle maison style colonial. La porte se referme.

166. INT. GARAGE / NUIT

BRAHIM contemple La BMW, puis ouvre le coffre.

Plan en contre-plongée : BRAHIM regarde à l’intérieur du coffre l’air très surpris.

167. INT. JET-PRIVÉ / AUBE

MARC un verre de Vodka à la main, prend place face à FAHIM devant son PC portable.

FAHIM

Comment va Laure ?

MARC

Elle veut plus d’or… Qu’est ce qu’on a ?

FAHIM (ironisant) (ferme son PC)

C’est pas la peine de t’expliquer où on va… Tout sauf de l’or…

MARC

Ce type est cinglé, ou c’est leurs services qui ont fait ça ?

FAHIM

On n’sait pas, il faut s’attendre à tout…

MARC

Olé ! J’m’demande pourquoi s’acharnent-ils sur les pays du tiers monde…

FAHIM (ferme les yeux pour dormir)

La stabilité ça les fait chier sinon on ne serait pas là à faire le job et à encaisser.

168. INT. PEUGEOT 205 / QUARTIER LES PLANTEURS / JOUR

La voiture est garée sur les hauteurs de la ville, dans une route bordée de bidonvilles. MOURAD et DALILA attendent à l’intérieur. Ils s’échangent des regards indifférents. Long silence. MOURAD hésite à parler.

DALILA

Qu’est ce que tu veux m’dire ?

MOURAD

Quoi ? Qu’est… de quoi tu parles ?

DALILA

Allez ! J’sais que t’as envie de dire quelque chose depuis un bout de temps ?

MOURAD

J'veux plus te voir avec ma sœur.

DALILA (déroutée)

Pourquoi tu m’juges ? Tu crois que ça va résoudre tes problèmes.

Brusquement ils sont surpris par la portière arrière qui s’ouvre. NAZIM et YACINE, qui glissent à l’intérieur.

MOURAD (ne remarque pas YACINE)

Dis-nous ce qui se passe ?!

NAZIM (se donne un temps de réfléchir)

On dirait que t’as plus peur, démarre sinon ils vont nous tuer ici !

MOURAD (mettant le contact)

Où on va ? Je ne suis pas ton chauffeur j'te rappelle !

NAZIM (presque pour lui-même)

J’ai besoin d’un café...

Le moteur ne démarre pas, MOURAD essaye encore sans succès.

DALILA (soupire embarrassée)

Pitoyable…

YACINE (à NAZIM, drôle)

Avant, j’t’aimais bien…

MOURAD (sursaute)

Mon Dieu ! Et lui c’est qui ?

NAZIM (ouvre sa portière)

Yacine… !

169. EXT. BORD DE ROUTE / JOUR

Dans un champ vide de toutes cultures, un des agents de la sécurité de l’hôtel, marche escorté par MARCUS un pistolet à la main, ainsi que le GORILLE 3, (qui maîtrise très bien l’arabe).

MARCUS (agressif)

A genoux !

Le GORILLE 3 répète machinalement en arabe ce que dit MARCUS. L’AGENT exécute.

AGENT (dans un français approximatif)

Je sais qu’il s’appelle Nazim… Il vient il va, je sais rien de lui… !

MARCUS

Ils sont pénibles ces arabes… Ne me fais pas perdre mon temps !!

AGENT (effrayé)

J’te jure que c’est vrai !

MARCUS l’agrippe par ses habits et l’éjecte sur le sol avec une brutalité incroyable. L’AGENT crie de douleur.

MARCUS (l’arme braquée sur lui)

Le soleil me brûle la nuque, accouche !!

AGENT (la voix chevrotante)

D’accord… ! Je connais quelqu’un, il… Il habite… Edderb ! Edderb !

Le GORILLE 3 répète en français. MARCUS sort de l’argent qui jette à la figure de l’AGENT.

170. EXT. TOIT D’IMMEUBLE / QUARTIER EDDERB / JOUR

Caméra plongée sur un jeune garçon qui donne à manger aux pigeons, un deuxième garçon regarde la rue. Les deux voitures des GORILLES arrivent à vitesse moyenne.

171. INT. APPARTEMENT NAZIM / JOUR

NAZIM entre, se dirige directement vers une commode et en sort un trousseau de clés et de l’argent, puis déambule vers la chambre de sa mère. Il apparaît sur le pas de la porte et regarde le lit de sa mère un petit instant. Ses yeux se remplissent de larmes.

172. INT. VOITURE 1 / IMMEUBLE DÉSUET / JOUR

GORILLE 3 au volent, à son côté de lui le GORILLE 2, à l’arrière deux autres. Ils s’arrêtent devant l’immeuble face à une échoppe de cigarettes. Le vendeur s’approche de la fenêtre.

GORILLE 3

On cherche Nazim !?

VENDEUR

Je ne connais pas désolé. Je crois qu'il n'y a pas de Nazim ici...

GORILLE 3

C’est le quartier Edderb ici ?

VENDEUR

Non ! Faut prendre cette route, puis prendre à gauche, ensuite vous longez la…

Dehors, NAZIM sort de l’immeuble et tombe face au GORILLE 1 les deux regards se croisent.

GORILLE 1

Le voilà !!

NAZIM comprend qu’ils sont là pour lui, revient s’éclipser dans l’immeuble, Le GORILLE 3 sort frappant le vendeur avec sa portière. Le GORILLE 2 suit NAZIM à l’intérieur. Commence alors un combat très brutal entre eux et les jeunes du quartier.

(Note : Cette scène dure une minute. Le réalisateur peut improviser cette scène. La seule indication à suivre est la suivante : C’est un combat très intense entre les GORILLES et les jeunes du quartier qui finit par la victoire de ces derniers vu leur nombre et leur habitude des combats de rue, enchaînant parfois des techniques d’art marteaux).

173. INT. TOIT DE L’IMMEUBLE DÉSUET / JOUR

Une porte en acier qui s’ouvre brutalement et NAZIM sort rapidement, il cherche un objet pour utiliser comme arme, trouve une planche, il se place à côté de la porte. Le GORILLE 2 sort, NAZIM le surprend avec un violent coup au visage, le faisant tomber à la renverse.

NAZIM coure, sautant de terrasse en terrasse. Le GORILLE 2 sort son pistolet, courant aussi vite qu’il peut. Soudain NAZIM arrive devant un grand vide. Le GORILLE 1 s’arrête de courir braquant son pistolet. NAZIM n’a pas trop le choix et se jette et disparaît de la vue. Le GORILLE 2 arrive devant le vide, impossible de faire le même geste.

174. EXT. DEVANT L’IMMEUBLE DÉSUET / JOUR

Les deux voitures démarrent en catastrophe, pilonnées par des projectiles. L’une d’elle a le pare-brise complètement détruit.

175. INT. PEUGEOT 205 / RUELLE ADJACENTE / JOUR

MOURAD est sur le qui vive. DALILA ouvre sa porte.

DALILA (insiste, s’apprêtant à sortir)

J’en ai marre ! Il fait chaud en plus…

MOURAD (hurle)

Hé ! Reviens sur terre ! Tout le monde te cherche, tout ce que t’as à faire c’est de rester ici !

YACINE

Et ensuite ?

MOURAD (se retourne vers YACINE)

Ensuite… Ensuite je n’sais pas…

Soudain NAZIM qui glisse à l’arrière. Blessé à la main gauche, sa chemise et pleine de sang.

NAZIM

Démarre, vite !

DALILA (elle voit son état)

Mon dieu, t’es blessé !

NAZIM (calme et perplexe)

Je sais…

MOURAD (d’une voix effrayée)

Qu’est ce qui se passe ?

NAZIM (sorti de sa perplexité)

Panique pas, Ok !

176. EXT. TARMAC / AÉRODROME / NORT-OUEST ALGERIEN / JOUR

Le JET-PRIVÉ vient se poser sur la piste d'atterrissage. Trois véhicules 4×4 s’approchent.

177. INT. PEUGEOT 205 / JOUR

MOURAD conduit, fixant la route. DALILA a l’air troublée.

MOURAD (à DALILA)

Oh ! Ça va ?

NAZIM (au téléphone) (à MOURAD)

J’t’expliquerais plus tard ! Allez ! Ferme-la…

MOURAD

Je vais arrêter la voiture et te demander de partir, alors un peu de respect !

NAZIM (raccroche)

Quoi ? T’es mon ami… C’est pas à cause d’elle que tu fais l’intéressant ?

DALILA (fâchée, se retourne vers NAZIM)

T’es en train de te foutre de moi ?

NAZIM (fixant DALILA)

Non ! Pas du tout.

178. EXT. BOULEVARD / LIMOUSINE FRANÇOIS / MIDI

Une luxueuse limousine roule lentement, escortée par une seconde, elles s’engagent sur un grand boulevard.

MARCUS (V.O)

Qu’est ce que tu dis ?! Vous êtes vraiment une bande d’incapables !

179. INT. LIMOUSINE FRANÇOIS / MIDI

MARCUS est au côté du chauffeur, le portable collé à l’oreille. FRANÇOIS est sur la banquette arrière.

FRANÇOIS

T’es pas sensé être avec tes hommes.

MARCUS (décroche son cellulaire)

Tu passes avant tout. On n’est pas en Europe.

FRANÇOIS regarde dehors comme pour se changer les idées.

180. EXT. TERRASSE / COMPLEXE TOURISTIQUE / APRÉS-MIDI

FAHIM, MARC et LE BARAQUÉ arrivent dans une belle terrasse avec piscine. De loin on voit la mer. On se rapproche et parmi quelques personnes qui se baignent et les bruits qui deviennent perceptibles. Une vingtaine d’hommes d’aspect massif, discutent entre eux, ce sont ses SOLDATS. FAHIM regarde autour de lui et dévisage le dos d’une femme qui passe en bikini, avec un tatouage sur le dos.

FAHIM

Je vois que ça évolue…

LE BARAQUÉ (ironisant)

Ouais, c’est plus comme avant. Maintenant toutes les mosquées sont équipées de climatiseurs.

MARC (amusé)

C’est un comique lui.

FAHIM (sérieux)

Tout est prêt ?

LE BARAQUÉ

Ouais !

FAHIM (S'adressant à tous)

Les garçons au boulot !

181. INT. PEUGEOT 205 / ROUTE / APRÉS-MIDI

MOURAD conduit l’air furieux, KLAXONNE. Une voiture vient leur gêner le passage.

DALILA (offusquée)

Qu’est ce qui vous prend tout les deux ? Et puis qu’est ce que j’ai fait moi. Rien du tout, alors laissez-moi sortir !

MOURAD

Nazim, t’as du fric ? Il n’y a plus d’essence !

NAZIM baisse son cellulaire, l’air agacé. Soudain son portable SONNE, il décroche. Devant le pare-brise, à une centaine de mètres, un barrage de police dans un rond-point.

NAZIM (agité) (au téléphone)

Prends à droite ! Houari ?! Pourquoi j’te parle, toi… ? Qu’est ce que tu racontes ?

NAZIM raccroche et rappelle. Il attend quelques secondes puis raccroche, l’air perdu.

MOURAD (suite)

Quoi, ton ami t’a abandonné ?

NAZIM

Tant que je ne sais pas ce qui se passe je ne peux pas avancer.

DALILA (à NAZIM)

Et toi pourquoi tu n’étains pas ton téléphone ?

NAZIM (soupire)

La puce n’est pas à mon nom…

NAZIM pousse un soupire, DALILA se retourne jette un regarde sur lui, l'air dépassé.

DALILA (panique)

Ok, Arrête la voiture j’descends !

NAZIM

Écoute-moi, toi !

DALILA

J’m’appelle Dalila !

NAZIM

D’accord, Dalila… ils ont ta photo.

DALILA (secouée)

Quoi ?!? De quoi tu parles ?

NAZIM

La police sait qui nous sommes, ce qui fait qu’on est complices…

DALILA

Comment ils… Mais de quoi tu parles ? Mourad arrêtes la voiture !

DALILA prend son cellulaire.

NAZIM

Rassure-moi, t’es pas en train d’appeler la police ?

DALILA

Bien sûr que oui !

NAZIM lui arrache le téléphone. Le portable de NAZIM SONNE.

182. INT. PEUGEOT 205 / STATION SERVICE / QUELQUES MINUTES PLUS TARD

La voiture est garée devant une pompe à essence. MOURAD faire le plein. NAZIM regarde YACINE qui somnole, puis ses yeux se posent sur DALILA.

NAZIM

Ça va ?

DALILA (mécontente)

Avec ce qui se passe ! Non, ça n’va pas !

Revenant à l’intérieur, MOURAD fait un début de rire. Deux véhicules de police jaillissent de nulle par passant à grande vitesse devant eux. C’est la surprise générale.

183. INT. VOITURE FAHIM / RUELLE / FIN D’APRÉS-MIDI

La voiture est garée le moteur au ralentit. Une voiture est garée juste derrière. Un chauffeur est resté dans la voiture. Ambiance affable entre FAHIM est son INFORMATEUR.

INFORMATEUR

Il s'appelle Hassan Bel-Khir… il sait des choses. Je t'ai chopé un rendez-vous. Il veut invertir avec toi.

FAHIM (casse)

Si t’as fais aussi vite, c’est qu’il y a des gens autour de toi.

INFORMATEUR (malin) (informe)

Ou peut-être que c’est parce que il est trop pressé à blanchir son fric que tu passes en priorité. Il va t’contacter aujourd'hui. Mon chauffeur doit se poser des questions. J’ai une petite fille…

FAHIM sort une enveloppe de la boite à gant, la lui tend.

FAHIM (marque une petite pause) (ton calme et menaçant)

Dis-moi, t’es là pour sauter les filles du coin. Si je sens que quelqu’un me suit, je reviendrais t’abattre ! C’est dans les normes…

INFORMATEUR

Un ami m’a informé que vous avez un GPS, pourquoi ne pas aller directement…

FAHIM (casse, surpris)

Qui t’a dit ça ?

184. INT. PEUGEOT 205 / CENTRE VILLE / FIN D’APRÉS-MIDI

MOURAD roule l’air calme. DALILA est en train de relativiser. NAZIM jette un coup d’œil sur le rétroviseur et voit un véhicule de police rouler un peu plus loin derrière eux.

NAZIM

Arrête-toi ici !

MOURAD

Quoi ?

NAZIM

Fais-moi descendre ici !

MOURAD s’arrête sur le côté. NAZIM sort DALILA et YACINE le suivent. NAZIM la regarde l’air surpris.

DALILA

J’vais pas rester avec lui !

NAZIM (à MOURAD)

Mourad si on t’arrête, dis leur tout ce que tu sais, d’accord ?!

MOURAD

Mais…

NAZIM (casse)

Allez dégage !

MOURAD démarre. NAZIM, DALILA et YACINE marchent dans une rue animée. YACINE trébuche, il est rapidement relevé par NAZIM. Ils parviennent à un tournant. NAZIM tourne la tête, sans cesser de marcher et se heurte à un passant.

185. EXT. RUELLE / IMMEUBLE ANCIENNEMENT DE LUXE / FIN D’APRÉS-MIDI

Ils réapparaissent dans une autre ruelle, marchant progressivement. Derrière eux, un fourgon de police jaillit aussitôt. NAZIM se retourne nerveusement puis saisit DALILA et tous les trois traversent la route pour arriver sur l’autre trottoir. DALILA manque de tomber, se rattrape, ils reprennent leur course et disparaissent dans l’immeuble.

186. INT. COUR INTERIEURE / FIN D’APRÉS-MIDI

NAZIM et DALILA essaient de reprendre leur souffle. Dehors le véhicule passe à grande vitesse. NAZIM et DALILA échangent un bref regard. YACINE les regarde avec un petit sourire aux lèvres.

DALILA (essoufflée) (excitée)

Je suis crevé… On fait quoi maintenant ?

NAZIM (marchant vers les escaliers)

Viens avec moi !

187. INT. APPARTEMENT / BASE OPÉRATIONNEL / CRÉPUSCULE

On entend la porte qui claque. FAHIM apparaît sous le regard de MARCUS, assis devant une table où repose un ordinateur portable rembourré par du caoutchouc. Il est en compagnie de ses trois GORILLES ainsi que MARC qui fait les cents pas. FAHIM tire une chaise s'assied à côté de lui. Silence, les deux hommes se regardent.

FAHIM

Un simple sous-traitant m’a divulgué l’info. Pourquoi ?

MARCUS

Tu sais qui est derrière tout ça ?

FAHIM

Tu comprends la situation ?

MARCUS (Désignant du doigt ses hommes)

Tu veux faire quoi ?

FAHIM sort son pistolet et lui tire une balle dans la tête. La main de MARC frôle son pistolet, les GORILLES qui ne réagissent pas. Il comprend et s'assied sur le canapé poussant un long souffle. Un GORILLE prend l’ordinateur. FAHIM marche vers la porte fenêtre l’air satisfait.

MARC

Merde ! Pourquoi je suis toujours le dernier à savoir ?

FAHIM (jetant un œil circulaire)

Cet enfoiré a donné la possibilité de nous repérer… Ce n’est pas un hasard, il à changer de tactique, si on est là c’est pour qu’ont puisse nous voir…

MARC

On fait quoi maintenant ?

FAHIM (à MARC) (aux GORILLES)

Le job n’ai pas fini. Maquillez-moi tout ça !

188. INT. SALON / APPARTEMENT ANNA / SOIR

L’écran télé est la seule source de lumière, YACINE actionne une télécommande changeant les chaînes sans faire attention à ce qui défile. DALILA sort de la salle de bain et tombe nez à nez avec NAZIM.

DALILA

Il faut nettoyer ta blessure…

NAZIM

T’as faim ?

YACINE (sursaute)

Moi je veux une pizza !

189. EXT. AUTOROUTE / SOIR

Six véhicules 4×4, jaillissent d’un virage, à tombeau ouvert et s’engagent sur la route vers la ville.

190. INT. APPARTEMENT ANNA / SOIR

DALILA prend place sur le divan, elle voit un paquet de cigarette sur la table basse. NAZIM a changé de chemise et sa blessure est nettoyée, il est devant la porte de sortie ouverte avec YACINE.

NAZIM

N’oublie pas ce que je t’ai dit !

YACINE sort NAZIM referme la porte et regarde DALILA.

DALILA (cigarette aux lèvres)

Quoi ?

191. EXT. RUE DU CENTRE VILLE / SOIR

YACINE marche dans une rue très animée. Deux garçons mal habillés plus âgés que lui, le remarquent et décident de le suivre.

192. INT. APPARTEMENT ANNA / QUELQUES MINUTES PLUS TARD

DALILA vient d’écraser son mégot, elle zappe sur la télécommande machinalement.

NAZIM (O.S)

A ta place j’partirai !

DALILA

Et tu feras quoi là-bas, en France, voler ?

NAZIM (O.S)

Entre autres….

VOIX JOURNALISTE

… deux suspects ont été identifiés, mais sont toujours en fuite…

Elle vient de voir quelque chose à l’écran. NAZIM surgit rapidement, l’air surpris. DALILA commence à répéter.

DALILA (surprise et excitée)

Ils parlent de toi Nazim… !

VOIX JOURNALISTE

La direction de l’hôtel n’a pas souhaité donner plus de détail sur ce sujet. La police aussi, s’est refusé de donner la moindre information sur cet incident…

DALILA (offusquée)

Ils parlent de nous j'te dis ! … Ils parlent de nous… ils parlent de nous Nazim. Mon dieu…

NAZIM et DALILA regardent l’écran, stupéfaits.

193. INT. HANGAR BRAHIM / NUIT

TAYEB sort de sa voiture. Il est attendu par BRAHIM.

BRAHIM

C’est quoi le programme de ce soir ?

TAYEB

Ouvre les sous sol, armes tes hommes et attends !

194. INT. APPARTEMENT ANNA / NUIT

Silence NAZIM se contente de regarder DALILA. Elle est belle, hésitante un instant.

DALILA (un peu crispée)

Est-ce qu’on va s’en sortir… Pourquoi tu ne dis rien ?

NAZIM (espiègle)

Je rêve ou bien, il n’y a que toi et moi ?

DALILA (distante)

T’as rien trouvé à dire ?

Silence. NAZIM jette un œil sérieux sur DALILA.

NAZIM

T’as peur de moi ?

DALILA

Non, t’es plus paumé que moi.

Ils se regardent un petit moment. Un cellulaire commence à vibrer dans le sac à main de DALILA. NAZIM jette un coup œil interrogateur. Elle le sort, regarde l’afficheur, mais ne veut pas répondre.

NAZIM (indiscret)

C’était qui ?

DALILA (lève les yeux)

Un ami… joli appart, elle fait quoi dans la vie… ?

NAZIM (amusé)

T’es au sommet de ta gloire.

DALILA

Quoi ? Pourquoi tu dis ça ? Que veux-tu dire par là ?

NAZIM (sourire amical)

J’t’ai vue chanter récemment…

DALILA (se justifiant)

J’ai chanté qu’une fois, pour faire plaisir à une amie. Tu m’espionnes ?

NAZIM

Non ! Du tout. J’t’ai juste remarquée.

DALILA sourit un peu embarrassée. NAZIM se montre fier d’avoir marqué DALILA. Il paraît un peu déstabilisé malgré tout. Le téléphone s’arrête de vibrer.

DALILA (cocasse)

Tout le monde survit. Tu l’sais pas ?

NAZIM sourit l’air d’accord. Ils ne se connaissent que depuis quelques heures, mais déjà on perçoit une grande complicité dans leur façon de se regarder, de se parler.

DALILA (suite)

Moi aussi j’t’ai remarqué. Tu venais dans le quartier…

NAZIM

C’est le monde qui est petit ou notre parcours est minable ?

DALILA le fixe avec un petit sourire aux lèvres. Soudain le portable de NAZM SONNE.

DALILA (légère)

Ton portable s’arrête jamais, t’es intéressant comme mec.

NAZIM prend l’appel.

VOIX HOMME

J’peux savoir à qui j’parle ?

NAZIM (se lève, étonné)

Quoi ?

VOIX HOMME

Je suis allé chez toi tout à l'heure, j'ai regardé les infos sur ton Plasma. T’es le genre de type qui se doit de vivre avec mère. T’es un type honnête tu sais ?

NAZIM (faut calme)

T’es qui ?

VOIX HOMME

Ta mère est à l’hôpital, elle va être opérer. Par qui ?

NAZIM (agressif) (son visage se durcit)

C’est pas ton affaire ! Qu’est ce que tu veux ?

VOIX HOMME (ton menaçant)

Il y a deux façon de voir les choses, tu veux crever, voir ta mère crever ou bien avoir beaucoup d’argent, ta mère sera accueillie dans le meilleur hôpital de France… Rends la voiture, si tu n’veux pas que j’aille lui rendre visite et faire en sorte que l’opération échoue ! Tu m’entends ?

NAZIM, perdu dans ses pensées se rassoit et pose son cellulaire, excédé, il reste prostré quelques instants.

DALILA

Qu’est ce qu’il y a ?

Soudain le téléphone rouge commence à SONNER. Ils sursautent. NAZIM se lève pour décrocher. Il saisit le combiné et le porte à son oreille. L’appel vient de RÉDA.

VOIX RÉDA

Ton portable est sur écoute les flics savent où t’es, tu dois remettre la voiture aux autorités !

NAZIM (l’interrompe)

Ma mère est en danger !

VOIX RÉDA

N’t’inquiète pas pour ça ! Fais attention !

NAZIM raccroche.

DALILA (soucieuse)

Où on va ?

NAZIM

Tu peux dormir ici, si la police t’arrête, tu dois coopérer, Ok ?

DALILA (d’un ton triste)

Tu vas où ?

NAZIM se retourne pour partir. Elle prend son sac et le suit.

NAZIM (se retourne)

Qu’est ce que tu fais ?

DALILA (affligée, les yeux en larmes)

Je n’suis pas en sécurité avec toi ? J’ai le droit d’avoir peur…

NAZIM est surpris par son attitude. Soudain on frappe à la porte et voix de YACINE parvient au travers de la porte.

VOIX YACINE

C’est moi, ouvrez !

NAZIM

T’es seul ?

YACINE (O.S)

Je suis avec vous normalement !

NAZIM ouvre la porte et YACINE apparaît, les larmes aux yeux.

YACINE (suite, triste)

On m’a volé l’argent.

NAZIM (d’une voix pressée)

C’est pas grave, de toute façon on n’a pas le temps de manger.

195. EXT. RUELLE / CENTRE VILLE / NUIT

NAZIM marche à pas rapide, le portable collé à l’oreille, suivi par DALILA et YACINE.

NAZIM

Ouais ! C’est moi, j’ai besoin de ta voiture un petit moment…

196. EXT. USINE DESAFFÉCTÉE / NUIT

Les SOLDATS de FAHIM, puissamment armés de mitraillettes et équipés de lunettes infrarouges, s’éloignent dans la direction des six véhicules 4×4. (Le groupe comprend une trentaine de SOLDATS).

197. INT. GARAGE / BANLIEUE INDUSTRIELLE / NUIT

Le noir total puis un portail qui s’ouvre laissant entrer la lumière des phares. BRAHIM pénètre et avance, ouvre une petite porte coulissante encastrée dans un mur. Quelques hommes arrivent derrière lui. Une lampe s’allume, le premier homme à l’air impressionné par ce qui voit, le deuxième ne tarde pas à avoir le même effet. La pièce et bourré d’armes automatiques de tout genre.

198. EXT. RESTAURENT / NUIT

NAZIM et JAWAD viennent de sortir d’un restaurant. DALILA et YACINE attendent à quelques mètres.

JAWAD (les yeux sur DALILA et YACINE)

Ne me dis pas que c’est elle ? Jolie. Et le p’tit, me dis pas que c’est son fils… ?

NAZIM

Les présentations c’est pour un autre jour. Donne-moi la clé !

JAWAD (lui donne la clé de la voiture)

Une demi-heure Nazim !

199. INT. PEUGEOT 207 / ROUTE / NUIT

NAZIM conduit, progressant dans la route. Il tient le portable à l'oreille. DALILA fixe le tableau de bord. YACINE regarde les lumières qui défilent. Elles se font plus rares.

DALILA (d'une voix neutre)

Je veux dormir…

NAZIM (au téléphone)

Jawad, je t’ai appelé un taxi…

VOIX JAWAD (crispé)

Tu fais chier Nazim !

200. EXT. HANGAR BRAHIM / NUIT

Une trentaine d’hommes, les armes aux points attendent derrière TAYEB, debout avec HOUARI et BRAHIM face aux phares de la PEUGEOT 207 qui s’approche et s’arrête dans un nuage de poussière. NAZIM sort suivi par DALILA et YACINE. TAYEB regarde NAZIM d’un air consterné. BRAHIM lui adresse un pâle sourire.

NAZIM

Salut…

TAYEB

J’t’ai dis de pas venir ?

NAZIM (à TAYEB)

C’est trop tard maintenant. Des types veulent me tuer. Ils peuvent s’en prendre à ma mère ! J’ai merdé mon ami…

TAYEB regarde DALILA ainsi que YACINE.

BRAHIM

Personne ne va tuer personne c’est pas Las Vegas ici !

TAYEB (les yeux sur DALILA)

Sa mère doit être très inquiète…

NAZIM

Elle est aussi impliquée.

TAYEB (lève les yeux vers le ciel)

J’ai entendu ça. Pourquoi ne pas aller voir ailleurs, prends ma voiture !

DALILA (à NAZIM)

Il est méchant ton ami.

TAYEB (regarde DALILA, l’air désappointé)

Pourquoi les jeunes sont aussi pressés ?

DALILA

Parce qu’ils sont jeunes.

BRAHIM et TAYEB lui adressent un regard enchanté.

TAYEB (à NAZIM)

Envoie cette jolie fille chez-elle !

DALILA (à NAZIM) (à TAYEB et BRAHIM)

Je reste avec toi ! Ça vous dérange ?

TAYEB (à NAZIM)

Dis-lui que je ne suis pas méchant !

NAZIM (insiste)

Il me faut une arme ! Tayeb, j’veux récupérer la bagnole !

NAZIM marche vers l’entrée du hangar suivit par toute l’équipe.

201. INT. HANGAR BRAHIM / BANLIEUE INDUSTRIELLE / NUIT

Ils pénètrent dans le hangar, DALILA est un peu surprise devant les véhicules de luxe.

NAZIM (agité)

Ça peut se retourner à notre faveur une fois qu’ils verront la voiture tout va se calmer. Où est-elle ?

TAYEB (répond, malin)

Atteinte à l’économie et à la défense nationale ! c’est pas aussi facile… J’peux pas t’expliquer Nazim.

NAZIM (hurle)

Comment ça tu peux pas m’expliquer !

TAYEB reste calme devant ces hurlements, les yeux fixés sur lui, il n’a aucune de réponses. DALILA commence à faire les cents pas devant eux les mains croisées.

NAZIM (suite, hurle)

Expliques-moi !

BRAHIM

Arrête de crier !

YACINE a trouvé un ballon, il tire des penalties dans un mur.

DALILA (persuadée)

La voiture a été volée, la seule chose que vous pouvez faire c’est de la rapporter à son propriétaire. C’est peut être une idée…

TAYEB (septique)

Tu vois pourquoi il ne faut jamais leurs faire confiance. Nazim, pour moi ce n’est pas qu'un gros paquet de fric c'est aussi question d'honneur !

TAYEB

Tu n’as aucun droit de t’impliquer ! Pourquoi tu n’écoutes jamais ! Tu te prends pour qui, dis-moi ? Le héro dont le pays a besoin… !

BRAHIM (drôle)

Il se prend pour William wallace…

DALILA (à NAZIM, désorientée)

Les amis de nos jours…

NAZIM (rétorque) (certain)

Je suis recherché par le gouvernement ! Cette bagnole est… !

TAYEB (casse)

A qui j’vais donner cette fichu voiture à ton avis ! Tu sais très bien avec qui je traite. Et qui ose rouler dans ce genre de bagnoles !

YACINE fait une nouvelle fois du bruit. TAYEB est en rogne.

TAYEB (suite, à YACINE) (à NAZIM, outré)

Arrête petit ! C’est qui lui ?

YACINE (moqueur)

Il ressemble à rien ton ami tu sais et en plus il dit n’importe quoi.

NAZIM (à YACINE)

Chut tt !

YACINE fait encore du bruit, sous la grande déception de TAYEB.

TAYEB (râleur, à NAZIM)

La prochaine fois t’a qu’à ramener Ronaldinio…

BRAHIM secoue la tête un léger sourire aux lèvres. TAYEB le regarde le temps de réfléchir un instant.

BRAHIM

Aux infos ils disent que t’as volé une un dossier confidentiel et que ça risque de n…

TAYEB (casse)

Il y a une bombe ! Ont est des petits comparé à eux… ! Ces connards veulent faire exploser une raffinerie ou quelque chose du genre, maintenant ils se mordent les doigts. Leur plan a foiré et ça grâce à toi et moi peut-être…

NAZIM

Comment tu sais tout ça ? J’veux comprendre !

TAYEB n’a pas l’air de vouloir répondre.

BRAHIM

Y a rien à comprendre !

TAYEB

Regarde autour de toi et demande-toi à qui tu fais confidence. Réveille-toi ! C’est eux les méchants… Il faudra attendre d’accord ? Ils vont venir me rencontrer, j’leur donne la bagnole et c’est fini. Il n’t’arrivera rien, j’sais exactement ce que j’fais !

YACINE

Allah est avec nous…

Le portable de TAYEB SONNE, il s’éloigne. NAZIM regarde autour de lui, ne sait plus où se mettre, puis se dirige vers DALILA qui a pris place sur une chaise, l’air un peu irrité, observe les hommes qui finissent de se préparer. D’autres hommes arrivent pour les soutenir. (Note : le groupe comprend une quinzaine de personnes). YACINE vient donner des coups de poings à BRAHIM. DALILA vient de prendre une cigarette à un type. NAZIM lui retire la clope de son bec. TAYEB revient vers eux.

DALILA (à NAZIM)

Qu’est ce qui t’arrive ? Rends-moi ma clope !

NAZIM (allume la clope) (d’une voix rassurante)

J’aime pas quand tu fumes. Ok, on la partage.

HOUARI arrive avec une mitraillette en bandoulière.

TAYEB (à HOUARI) (à DALILA)

Arrête ton jeu ! Et accompagne notre invitée dans l’autre pièce ! J’ai un coin sympa pour toi, loin de ces gueules de cons !

DALILA se lève et passe un bras sur HOUARI les yeux fixés sur NAZIM.

HOUARI (à DALILA)

On n’y va ?

NAZIM regarde DALILA et HOUARI qui s’éloignent vers une petite pièce au fond. TAYEB s’approche de NAZIM et lui tend un pistolet. NAZIM prend le pistolet l’air surpris.

TAYEB (sérieux) (désignant DALILA)

Faudra me tuer pour l’avoir… Qu’est ce que tu fais, expédie-la chez-elle !

202. EXT. ROUTE / BANLIEUE INDUSTRIELLE / NUIT

Les six véhicules 4×4 roulent vers la zone industrielle.

203. INT. PETITE PIÈCE / HANGAR BRAHIM / NUIT

DALILA est assise dans un sofa sous une faible lumière. NAZIM entre, il a l’air très anxieux tenant son pistolet avec vigueur.

DALILA

Où est Yacine ?

NAZIM

Il joue avec Brahim…

NAZIM s’assoit face à elle, par terre et pose l’arme par terre, le canon pointé vers elle.

DALILA (faisant un signe)

Tu me fais peur avec ce que tu tiens dans la main. S’il te plaît tu peux…?

NAZIM (comprend et enlève le pistolet)

Excuse-moi… C’est quoi leur intérêt, pourquoi ils veulent faire ça ?

DALILA (légère)

Tu sais, moi je n’en sais rien… Peut être qu’ils vont faire exploser toutes les raffineries, il y aura plus de pétrole et les gens comprendront qu’il faut vraiment bosser maintenant…

NAZIM plante son regard dans celui de DALILA. Elle est distraite par son charme.

DALILA (suite)

Quoi ?

NAZIM

Il faut que tu partes, une voiture t’attend. Rentre chez toi Dalila.

DALILA (sans hésiter)

Hé ! Est-ce que tu peux venir auprès de moi un moment ?

204. EXT. HANGAR BRAHIM / NUIT

Les six véhicules 4×4 s’arrêtent à une centaine de mètres du hangar.

205. INT. VOITURE FAHIM / NUIT

MARC est à côté du conducteur, il tient un micro-ordinateur dans sa main gauche, qui lui indique la direction à prendre. Sur l’écran, un point qui clignote. FAHIM est à l’arrière.

FAHIM (à MARC)

Tu sais ce qui se passera si on est pris vivant ?

MARC (arme son fusil à pompe)

Ni Diplomatie, ni compte en banque, ni toutes leurs conneries.

FAHIM

Allons-y !

Les SOLDATS sortent des véhicules, envahissant l’endroit. Ils progressent lentement.

206. INT. PETITE PIÈCE / NUIT

NAZIM s’assied à côté d’elle, DALILA pose sa tête sur son l’épaule comme pour se reposer.

DALILA (en cœur)

Tu as volé une voiture et la police t’a poursuivie, malgré ça tu m’as emmenée à l’hôpital… Plus je sens que t’es bon plus j’ai peur de toi…

NAZIM

Qui t’a éjectée de cette voiture et pourquoi ?

DALILA relève la tête, Leurs regards se croise, leur bouche s'effleure. Soudain BRUIT d’hommes qui courent dans tous les sens.

NAZIM (se lève)

Je vais voir ce qui se passe ! Tu restes ici !

DALILA (angoissée)

Fais attention !

Il saisit son arme, bondit vers la porte et tombe face à TAYEB qui pousse gentiment YACINE vers l’intérieur.

TAYEB (signale, lui donne la clé de la BMW)

Reste avec la fille ! Elle est dans le parking de Sidahmed, mais pour l’instant vous restez ici !

207. EXT. HANGAR BRAHIM / NUIT

Un bruit de moteurs D’HÉLICOPTÈRE. Les hommes de TAYEB courent se positionner dans plusieurs endroits, s’apprêtent au combat. Les échanges de TIRES commencent. (Note : Cette fusillade dure cinq minutes. Le réalisateur et les acteurs peuvent improviser), les seules indications sont les suivantes :

A / Deux HÉLICOPTÈRES font leur apparition, survolant la zone, leurs projecteurs éclairent l’endroit qui est devenu un terrain d’affrontement déchaîné, des hommes s’effondrent. EXPLOSIONS et TIRES. Des balles volent dans toutes les directions. On distingue des corps qui courent, se battent, tirent et tombent. Des silhouettes s’éparpillent et certains hommes s’enflamment.

B / NAZIM, DALILA ainsi que YACINE jaillissent de l’autre côté. Des sifflements de balles de plus en plus proches. Ils courent se cacher derrière un véhicule.

C / FAHIM pénètre dans le hangar, il abat trois hommes au passage. Soudain un mur EXPLOSE devant lui. Un pan vole en éclat. FAHIM se met à couvert. Seconde EXPLOSION. Des gravas noirs, des débris de fer et de béton sont propulsés.

D / Une bataille acharnée des deux côtés. Un HÉLICO fait son apparition. S’ensuit de très forte déflagration. A ce moment, des bombes lacrymogènes pleuvent du ciel. Les soldats ennemis sont pris dans la fumée. Ils voient des silhouettes avancer vers le nuage de fumée. Les soldats ennemis comprennent soudain qu’ils sont attaqués. Ils paniquent et tirent dans tous les sens. Une trentaine de soldats en tenue commando. Ils sont mènes par LE CAPITAINE. Les visages encagoulés, attaquant avec virulence ne laissant rien sur leur passage.

E / FAHIM voit NAZIM et DALILA qui esquivent de l'autre côté derrière les voitures. EXPLOSIONS et débris. Il tombe, secoué de convulsions, couvert de sang. Il se lève, saisit son pistolet et travaille sa voie vers eux. NAZIM et DALILA continuent leur course, YACINE court dans le couloir parallèle. Les barricades les gardent séparés. Une explosion tout près de YACINE, à une dizaine de mètres de NAZIM, il s’élance vers DALILA la plaquant sur la pente d’une dénivellation. Un nuage de poussière les submerge.

F / DALILA et NAZIM cherchent YACINE. Sans succès, il a entièrement disparu. Un HÉLICO passe à vitesse basse et soulève la poussière. NAZIM et DALILA se réfugient derrière un mur pour se donner un temps de réflexion. Immédiatement, des balles viennent heurter le mur. NAZIM et DALILA commencent à courir.

G / Retour à la fusillade qui continue mais l’intensité a diminué. Tous Les soldats ennemis ont été abattus. L’instant d’après BRAHIM et quelques-uns de ses hommes qui ont survécu sont arrêtés.

H / YACINE est cachée sous un assemblage de tôle. Soudain, les Soldats de l’armée.

I / NAZIM et DALILA arrivent dans un vaste parking à ciel ouvert. Une cinquantaine de véhicules s’y trouvent. Un mouvement rapide autour d'un camion et ils arrivent devant la BMW. FAHIM court vers eux. Il tire. NAZIM réplique à trois reprises. FAHIM esquive, ajuste et tire un coup touchant NAZIM à l’abdomen. Ils grimpent. Les TIRES font éclater le pare-brise arrière. La BMW démarre rapidement. Soudain des balles viennent toucher FAHIM, qui s’écroule sur le sol. Les Soldats arrivent et s’immobilisent devant son cadavre. Des véhicules militaires surgissent et s’arrêtent devant eux.

208. EXT. BMW / ROUTE / NUIT

La BMW roule à toute allure pourchassée par les véhicules militaires. Au loin, sur la voie inverse les gyrophares de police se rapprochent. Tout est barricadé. La BMW quitte la route s’engage dans une très vaste piste, deux véhicules réussissent à la rattraper et lui barrer la route.

209. INT. BMW / NUIT

NAZIM, appuie sur l'accélérateur. Il est souffrant et la tâche de sang commence à s’étaler de plus en plus sur son ventre pour devenir très abondante.

DALILA (paniquée et inquiète)

Nazim ! Nazim… !

NAZIM (ton rassurant, coupe le moteur)

Ça va, calme-toi…

NAZIM regarde DALILA et sourit. Dehors les voitures les encerclent. Le regard de DALILA est brouillé. Une foule de véhicules de police leur tourne autour, les sirènes en alerte et les gyrophares. Des policiers s’approchent et les sortent du véhicule brutalement. Les policiers comprennent qu’il est blessé, ils l’allongent sur le sol.

DALILA

Pitié il est blessé !

DALILA se débat. Elle est maîtrisée rapidement et mise dans un véhicule. Les véhicules militaires se sont immobilisés. Les soldats jaillissent des véhicules.

VUE AÉRIENNE Les HÉLICOPTÈRES sillonnent la zone. La BMW est encerclée par une multitude de véhicules. L’instant d’après, une camionnette de premiers secours approche. La BMW démarre escortée par les véhicules de police. NAZIM est mis sur brancard et embarquer dans l’ambulance.

210. INT. VOITURE TAYEB / ROUTE / NUIT

HOUARI conduit à vive allure. TAYEB est à ses côtés. HOUARI fixe la route faisant un long soupire.

211. EXT. HANGAR BRAHIM / AUBE

YACINE en pleures, marche seul dans les décombres.

212. INT. CHAMBRE D’HÔPITAL / JOUR

DALILA et FATIMA (19 ans), sont assises au chevet  de la MÈRE, allongée sur son lit. Elle penche la tête sur le côté.

MÈRE (d’une voix fade)

Où est mon fils ?

213. INT. CHAMBRE D’HÔPITAL / JOUR

NAZIM est allongé sur un lit d’hôpital branché sur différents appareillages médicaux. Dans un grand silence. Seul le bruit du cardiogramme. A côté, dans le hall, une télé est allumée. Deux policiers en tenue guettent le moindre mouvement. RÉDA est assis en compagnie de JAWAD. Grand plan sur l’écran de la télévision française, c’est le JT.

JOURNALISTE

Le jeune homme a réussi à faire éloigner le véhicule et le remettre au service de sécurité. Selon le ministre de l’intérieur algérien, cet agissement demeure un acte de bravoure, mais cette agression demeure un acte de lâcheté…

214. INT. HÔTEL SHERATON / SALLE DE CONFERENCE / JOUR

Il y a beaucoup de monde, des hommes du congrès : industriels et hommes d’affaires étrangers, mais aussi des journalistes et des photographes. Le COLONEL et ses hommes sont disséminés sur les rangées de fauteuils. FRANÇOIS apparaît sur la scène en compagnie des responsables de cet événement. Un jeune cadre se donne la parole.

CADRE (sérieux) (ironisant)

Les résultats obtenus ces trois dernières années dans le secteur de la création ont été bénéfiques et je pense que ce projet va permettre à augmenter la capacité de produire plus, et satisfaire le degré d’exigence de certains marchés. Sans pour autant faire pression…

215. On survole la ville d’Oran

FRANÇOIS (V.O)

Aujourd’hui nous sommes à Oran, la ville radieuse comme vous dites, pour un accord, mais avant je souhaite remercier ce garçon qui a risqué sa vie pour défendre son pays…

VOIX JOURNALISTE 1

Ces enlèvements sont survenus le jour même où un attentat a été déjoué par les services de sécurité… Le ministre français condamne cette accusation et garantit que les relations entre la France et l’Algérie…

216. INT. EXT. FERME / JOUR

Le LIEUTENANT sort de sa la maison, il est attendu par le CAPITAINE. L’endroit est sous haute surveillance. Plusieurs véhicules sont garés et une dizaine d’hommes, armés de fusil-mitraillette scionnent le terrain.

LIEUTENANT

Qu’est ce tu fais là ? ils n’y a que les grands ici.

CAPITAINE (calme) (proteste)

Je suis invité par des grands… J’peux savoir ce que vous faites ?

LIEUTENANT

On est entrain de construire un pays ! Et ce pays est fragile, nous avons affaire à des puissances économiques et militaires !

CAPITAINE (signale)

C’est hommes sont venu ici avec l’intention de détruire et ils sont toujours là !

LIEUTENANT (rétorque)

Les poursuivre se serai vraiment con ! Si tu souhaite un incident diplomatique faudra d’abord rendre ce que vous avez pris… ! Nous ont avons été informé, nous avons surveillé tout le monde et nous avons vu nos ennemis ! Je n’ai pas aimé la façon dont vous vous êtes occupé ! C’est à cause de gens comme vous que nous n’arrivons pas à reculer pour corriger nos fautes !

CAPITAINE

Eliminé ces hommes était pour dissimulé des preuves, j’me trompe ?

LIEUTENANT (exaspéré) (se lâche) (explique)

Nos relations avec la France sont nulles… Si leurs images satellites seront dévoilées sur Al Jazeera, nous verrons notre armée et des bombes exploser sur une population révolté et armés dans une ville algérienne ! Eliminé ces hommes était pour dissimulé des preuves fausses ! La manipulation c’est leur crédo… c’est pourquoi t’as eu affaire à un marocain !

CAPITAINE (se retourne pour partir)

Ces hélicoptères n’étaient pas sous mes ordres ! Et le type… Nazim ?

LIEUTENANT (s’éloigne)

Cette génération a besoin de héros !

217. INT. SALLE D’INTERROGATOIRE / JOUR

Le LIEUTENANT entre et se dirige vers NAZIM assis sur une chaise. S’assoit face à lui.

LIEUTENANT (abrupt)

Le tribunal va te condamner à deux ans de prison… Tu sors au pire dans trois jours… Ils vont te féliciter et te donner de l’argent… ne soit pas étonner de voir que Nazim qu’ont montre à la télé ne te ressemble pas. Ta mère va bien…

NAZIM (rétorque)

Je tuerais tout le monde ! Si vous touchez à ma famille…

LIEUTENANT (calme) (informe)

Pour ta sécurité tu dois prendre un avion pour Dubaï. Le président en personne a donné l’ordre…

NAZIM

Tu ne serais pas en train de rendre service à une bande de riches sans scrupules ?

LIEUTENANT (le contemple un petit moment) (se lève)

Tu viens de commettre un délit ne l’oubli pas ! Tu peux toujours rester, c’est ton pays… On a évité un échec et ne crois pas que t’as fait quoi que ce soit pour ton pays…

218. INT. AÉROPORT / ORAN / JOUR / UN MOIS PLUS TARD

DALILA est accroupie devant son sac de voyage. Son cellulaire SONNE. Elle n’a pas l’air de vouloir répondre. Elle se relève et marche vers la porte d’embarquement.

219. EXT. TARMAC / AÉROPORT ES-SENIA / JOUR

L’avion décolle du tarmac et s’éloigne dans le ciel.

220. INT. APPARTEMENT MALIKA / JOUR

DALILA est devant la fenêtre l’air anxieuse, son téléphone posé sur la commode commence à vibrer, MALIKA le prend et regarde l’afficheur.

MALIKA (informe) (Désinvolte)

C’est pas lui, c’est… Qu’est-ce qui te prend ?!

DALILA (reprend son portable) (accrocheuse)

Merci… Hypocrite !!

MALIKA

T’emballe pas, tout le monde est hypocrite. T’as failli mourir à cause… !

DALILA (rompe)

Oh ! Ferme ta gueule !

DALILA entre dans la chambre claquant la porte brutalement, on SONNE à la porte, MALIKA va ouvrir. La porte s’ouvre et NAZIM apparaît.

NAZIM (aimable)

Dalila est là ?

MALIKA (lui adresse un sourire désolé)

Elle est sortie… elle…

DALILA apparaît ouvrant la porte. NAZIM fait un bref sourire à MALIKA, qui se retourne embarrassée, puis s’éclipse. NAZIM et DALILA se regardent un petit moment.

NAZIM

Pourquoi tu n’décroches pas ?

DALILA (se gratte le crâne)

Comment va ta mère ?

NAZIM

Elle va bien… T’es pas en France, je peux savoir pourquoi ?

DALILA (réfléchit un instant, un léger sourire aux lèves)

Mon pays a besoin de moi, on va dire… Qu’est-ce que tu veux ?

NAZIM

J’ai retrouvé Yacine, il n’arrête pas de parler de toi… Cette histoire m’a donné ta compagnie et maintenant j’m’ennui de toi.

DALILA s’approche de NAZIM doucement, l’enlace.

221. EXT. IMMEUBLE DALILA / SOIR / SIX MOIS PLUS TARD

La musique envahit l’atmosphère. Une LIMOUSINE est garée au milieu de la rue devant l’entrée de l’immeuble, ainsi que de nombreuses voitures de luxes décorées de rubans et de fleurs, feux-de-détresse et concert de KLAXONS, garées tout au long de la rue. Une foule nombreuse se presse.

222. INT. SALLE DES FÊTES / NUIT

La salle est bondée. Un petit orchestre joue une vive musique populaire. Quelques tables sont occupées par les membres du Conseil d’Administration et les autorités de la ville, d’autres tables sont celles de la famille et les amis. On distingue la MÈRE attablée avec FATIMA et la GRAND-MÈRE, ainsi que TAYEB et BRAHIM en compagnie de leur famille. Des serveuses se promènent et proposent leurs services aux invités. Dans la foule, YACINE vêtu d’un smoking danse avec LEÏLA.

NAZIM et ses trois amis dansent parmi les invités. Les jeunes filles dominent la piste de danse. Les youyous. DALILA habillée en tenue traditionnelle, arrive escortée par MALIKA. NAZIM lui prend la main. Elle rit et se laissant emporter dans une danse cadencée. JAWAD invite la MÈRE à danser. Tout monde danse.

223. EXT. SALLE DES FÊTES / NUIT

L’endroit est sécurisé par un barrage de police dans une allée. Un chant joyeux et religieux émerge de la salle. NAZIM et DALILA, en robe blanche, sortent, suivi de tout le monde. MALIKA pleure. Le couple leur fait signe et monte dans la limousine.

224. INT. LIMOUSINE / NUIT

NAZIM et DALILA sont heureux. Soudain le bruit des portières qui se referment automatiquement. NAZIM et DALILA s’échangent un rire étonné.

NAZIM (au chauffeur)

Vous savez où on va ?

La vitre de séparation s’abaisse et Un visage apparaît : C’est le MOUSTACHU.

MOUSTACHU (ton froid)

Oui !

NAZIM le regarde et se souvient de lui. Le MOUSTACHU démarre. NAZIM panique et essaie d’ouvrir sa portière, sans succès. La main de DALILA sert celle de NAZIM.

225. EXT. LIMOUSINE / NUIT

La limousine arrive devant le barrage. Les policiers en faction font le salut militaire au chauffeur. La limousine s’éloigne.

FIN