36
EVA
Si ça se termine au soleil, je suis partante.
Il acquiesce, lui sourit avec émotion. Elle recale ses lunettes et saisit sa main.
Très peu de temps. Derrière eux, l’arrivée d’une voiture brise cet enthousiasme.
Elle se gare le long de la haie. A l’intérieur, sous un béret bleu, une femme brune
assez menue place un petit revoler muni d’un silencieux dans un sac à main. Elle
s’extirpe du véhicule, claque la portière et s’élance lentement vers le couple.
Abasourdi, NOE s’avance vers INES. Affectée en le voyant faire, elle fixe joliment le
jeune homme. Dans l’incompréhension, il s’immobilise face à elle.
NOE
Qu’est-ce que tu fais là ?
INES serre son sac à main contre sa poitrine.
NOE
Putain, parle.
Sans le lâcher des yeux, elle reprend son sac à bout de bras pour reprendre toute sa
contenance et répond avec intensité.
INES
A l’heure qu’il est, ils sont certainement partis
tous les deux.
Ahuri, NOE jette un œil à EVA qui l’a rejoint et demeure sur ses gardes.
NOE
Partis ? Bordel, comment tu peux savoir ? A
quoi tu joues ?
INES libère des larmes, sourit tendrement et s’avance pour saisir sa joue mais il
l’évite durement. EVA, elle, a saisi le couteau qu’elle cache le long de son tibia.
INES
Je suis ta mère depuis vingt ans, celle qu’il te
faut Noé. J’ai les clés du studio, je l’ai acheté
pour toi. (el e sort des clés, lui tend) Rentre. Tout le
reste, c’est du passé maintenant.
EVA empoigne la main de NOE et l’entraîne vigoureusement vers la rue principale.
En grande cogitation, le regard dans le vide, il file à ses côtés.