GALLISA BRUNO Mon grand-père est une diva
45
SAM
Non, ça va.
SUZANNE se relève péniblement.
SUZANNE
Mon Dieu que la terre est basse. La chemise, en revanche, tombe
très bien. Dis donc, tu portes bien le costume.
SAM écarte les jambes et plie les genoux plusieurs fois.
SAM (souriant)
J’ai surtout l’impression de porter une jupe.
SUZANNE
Ça te pose un problème ?
SAM
Non, non, c’est juste étrange.
SUZANNE
Bienvenue dans le monde merveil eux et mystérieux de
Shakespeare. Tu sais à l’époque, ils se posaient moins de
questions. C’est simple, ils n’étaient qu’entre mecs.
Pendant qu’el e lui parle, SAM essaie de fermer le dernier bouton du col de sa
chemise, sans y parvenir. SUZANNE essaie également.
SUZANNE
Je vais desserrer le dernier bouton. Tous les rôles féminins étaient
joués par des hommes, puritanisme ambiant oblige. J’imagine le
boulot des costumières, faire des robes pour des hommes, c’était
du sur mesure. Je suis sûre que c’était un fantasme pour certains
SAM
Le tout étant de ne pas tomber dans la caricature.
RAPHAËL vient d’entrer dans la pièce.
RAPHAËL
Le plus difficile étant d’interpréter un personnage féminin se
déguisant en garçon pour les besoins de l’histoire. Bel e
gymnastique de schizophrénie, non ?
SUZANNE a sursauté en l’entendant.
SUZANNE
Je ne t’ai pas entendu arriver, Raph. Il est beau, non. Alors, qu’est-
ce que t’en penses ?