GALLISA BRUNO Mon grand-père est une diva
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redevenir moi sans être surpris par mon père. Pas un des artistes
présents dans cette loge à l’époque n’avait vécu un drame dans sa
vie à cause de ce qu’il était. Pourtant ici ne régnaient que joie et
bonne humeur.
RODOLPHE vient s’assoir à côté des deux autres, se remet du crayon sous les yeux
et rajuste son chignon.
RODOLPHE
Quand j’étais petit, mon père me grondait quand je regardais
trop fixement des gens « différents » dans ma rue. Il me disait
que c’était pas bien et que ces gens-là n’avaient pas choisi d’être
comme ils étaient. Maintenant, c’est lui qui a honte du regard que
posent certaines personnes sur moi. C’est marrant, non ?
RODOLPHE retire sa perruque et se relève.
RODOLPHE
Bon, on va le boire ce champagne !
Tout le monde se lève et quitte la loge.
156 - TOILETTES DAMES - CABARET - INT. NUIT
DELPHINE se maquil e les yeux devant le miroir des toilettes.
Deux clientes sortent en riant fort et jettent des regards dérangeants sur les bras
tatoués de DELPHINE, qui les ignore.
SARA, juste à côté observe ses bras tatoués.
SARA
Ils ont tous une signification ?
DELPHINE
En tout cas, ils correspondent tous à un moment de ma vie. Approche.
DELPHINE maquil e maintenant les yeux de SARA.
SARA
La pieuvre, c’est pourquoi ?
DELPHINE
Ma mère, trop présente dans ma vie. Ferme l’œil droit.
SARA
Je vois très bien ! Et le dragon, ton père ?
DELPHINE
Non, ma sœur. Ma mère en plus jeune. Ferme l’autre œil.