Jean-DiDier
et si c’était DéJà écrit ?
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entièrement à la compréhension de ce qui lui arrivait
renforçait ce sentiment de maîtrise.
Jack aborda la visite suivante avec beaucoup moins
d’anxiété que les précédentes, il se sentait de nouveau à
l’aise, il se reconnaissait bien mieux dans cette attitude
réfléchie et décidée. Il ne s’en rendait pas compte, mais
il était tout de même quelque peu différent de lui-même.
Enfermé des jours durant dans son bureau, croisant à
peine Mrs Turnpike et les autres membres du personnel
de la bibliothèque, il se comportait comme un ours, lui
qui était d’ordinaire à l’écoute des autres, particulièrement
sociable, même avec des gens qui l’ennuyaient profondé-
ment. Jack était obsédé par cette recherche.
Les soirées passées avec Lydie étaient, elles aussi,
paisibles, mais influencées par ces journées de lecture
intensive. Jack, déjà d’ordinaire cultivé et curieux, faisait
part à Lydie de l’essentiel de ses découvertes autour des
repas du soir. Elle n’était pas pour rien dans ce soudain
intérêt de Jack pour le mystérieux, et elle le suivait avec
attention. Elle lui fit remarquer qu’il avançait dans ses
recherches de façon assez surprenante. À la fois, il s’ef-
forçait de découvrir ce que le surnaturel était pour ceux
qui pensaient y avoir eu affaire, et en même temps, il ne
pouvait s’empêcher de chercher les contradictions dans
les discours et les témoignages. Un peu comme si, ayant
accepté d’entrer dans le jeu en décidant de prendre au
sérieux l’hypothèse paranormale, il avait mis tout ce qui
références. Il consacra alors une partie de ses journées à
entrer tout cela dans un programme de gestion de données
dans son ordinateur. Il créa des catégories, recoupa des
informations et fut assez rapidement en mesure de géné-
rer une sorte de questionnaire.
Son but était aussi de sortir de la confrontation avec
Mike ou avec Morgan, et d’obtenir des renseignements
par d’autres biais. Il lui fallait également savoir quelles
questions poser à ceux qu’il pourrait rencontrer et qui
côtoyaient Mike. Disposant de peu de connaissances
sur ce sujet, il devait effectuer ce travail pour tenter de
comprendre ce qui lui arrivait, et peut-être reprendre le
contrôle de la situation. Cette recherche lui prit tout son
temps et il avait tout délégué à Mrs Turnpike, qu’il ne vit
quasiment jamais durant cette semaine.
Ses journées se déroulaient essentiellement dans son
bureau, où il avait même décidé de manger ses repas
à base de sandwichs pour ne pas perdre de temps. Les
efforts de Jack, tendu vers la compréhension de phéno-
mènes qui lui avaient été complètement étrangers jusque-
là, lui faisaient du bien. Son comportement ne lui sembla
pas changé au cours de cette période. Il n’y eut pas de
nouvel énervement incontrôlé durant ces quelques jours.
Il se sentait mieux, comme s’il était de nouveau acteur
de sa propre vie. Il ne subissait plus les événements, sa
volonté avait repris le dessus et il avait l’impression d’être
à nouveau maître de lui-même. Le fait de se consacrer